"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

vendredi 30 mai 2008

La vie des autres


Petite réflexion furtive en faisant la queue tout à l'heure à la caisse de mon Monoprix. Vous savez que c'est l'un de mes lieux favoris d'observation sociale.

Objectif : regarder ce que les gens ont entassé dans leur Caddie ou leur panier. Se demander si on aimerait être invité chez eux pour manger ce qu'ils ont acheté.

En costume froissé, sortant du bureau, un homme encore jeune a saisi dans les rayons quatre pots de confiture (pourquoi quatre ?), une toute petite salade qui a déjà mauvaise mine, du Coca-Light en cannettes, une bouteille de vin blanc bon marché et du Nesquik, modèle géant.

Derrière lui, un couple : lui, la soixantaine, assez aimable et très prévenant avec sa compagne. Elle, c'est une asiatique, dans les 40 ans, pas mal. La maîtresse exotique ? Ils se parlent en anglais. Pourquoi ? L'histoire ne le dit pas. Ils vont payer leur courses : des fraises assez moches, du poisson, de la polenta, deux grandes bouteilles de jus d'orange à base de concentré (dégueulasse mais c'est en promo), trois citrons et une cargaison de yaourts aux fruits. Pas d'alcool.

Autre panier de la ménagère : c'est celui d'une vieille femme fragile. Sur le tapis roulant de la caisse, elle dépose un blanc de poulet sous cellophane, un tout petit bout de fromage, du thé en sachets, une bouteille d'eau de Javel, un saucisson pur porc et une demi-bouteille de Bordeaux.

Dernier client avant moi : un grand gaillard tatoué, en treillis, crâne rasé. Il a dans les mains deux bouteilles de rhum, plutôt bas de gamme.

Et moi, dans mon panier, me demandez-vous ? Ça ne vous regarde pas. Vous en tireriez tant de fausses conclusions !

lundi 26 mai 2008

Impôts.

Contribuons sans cesse car les contributions nous poursuivent toujours.

Même mort, vous restez un contribuable.

Je remplis la déclaration de revenus, post-mortem, de mon père.

Vous êtes mort et enterré. Mais la nation, lourdement endettée, vous réclame toujours votre obole.

Sic transit.

dimanche 25 mai 2008

Palme "entre les murs".

Tiens, pour une fois, le Festival de Cannes, c'est moins nul et inutile que d'habitude.

Je ne dis pas ça parce que c'est un film français qui remporte la Palme d'Or. Vous savez ce que m'inspire ce genre de cocorico, surtout concernant le cinéma français !

La Palme d'Or revient à un film français qui est justement à contre-courant de tout le cinéma français (Depardieu, Deneuve, etc.).

La Palme d'Or a été attribuée au film de Laurent Cantet intitulé "Entre les murs". C'est la première Palme française depuis 21 ans, depuis le funeste et indigeste "Sous le soleil de Satan" de l'insupportable Maurice Pialat (quel carafon il avait, celui-là !).

Je n'ai pas encore vu le film de Cantet mais j'avais lu avec grand intérêt le livre de François Bégaudeau qui sert de matière première au film. Bégaudeau est un prof du secondaire public. C'est son expérience qu'il raconte dans son livre. Et le bouquin est un document passionnant sur l'éducation nationale, la transmission du savoir, l'immigration, l'état de la société française. D'après ce que j'ai compris, c'est ce que l'on retrouve dans le film. Bégaudeau (qui n'est pas acteur) joue le rôle du prof.

Les élèves, également des amateurs, sont des ados d'aujourd'hui (black-blanc-beur). Le tournage s'est fait en grande partie autour d'exercices d'improvisation, dans un vrai collège.

Je crois qu'il faudra aller le voir, ce film. Le président du jury du Festival de Cannes a dit : "Le film a une écriture magique, sa générosité est magique, tout était magique. Ce film a tout ce qu'on demande du cinéma". C'est Sean Penn qui dit ça. Alors forcément, on s'incline, parce que Sean Penn s'y connaît un peu en cinéma. Même beaucoup.

Quelque chose me dit que cette fois-ci, Cannes a vu juste. Le réalisateur, Laurent Cantet, on le connaît. Il nous a donné naguère un film magnifique sur le monde impitoyable de l'entreprise. Cela s'appelait "Ressources humaines" et c'était remarquable.

En attendant, je savoure la joie et la surprise des gamins qui incarnent les élèves dans le film. Ils avaient "monté les marches" pour la projection officielle sur le tapis rouge du Palais de Festival de Cannes. Ils étaient ce soir sur scène avec le réalisateur pour la remise du trophée. Quelle histoire !

J'attends vraiment de voir le film. Les réflexions sur l'enseignement en France en seront probablement éclairées.

jeudi 22 mai 2008

Angola Sarkozy


Voici cette courte conversation saisie tout à l'heure dans mon supermarché.

Un homme entre deux âges s'adresse à un autre : "Avec tout ce qui se passe maintenant, impossible de dire ce qui va nous tomber dessus, qu'on soit petit ou grand." La vérité impeccable de la sagesse populaire résume à merveille l'imprévisibilité de notre époque. Qu'on soit petit ou qu'on soit grand !

Prenons le cas d'un petit, au hasard. Je prends le cas d'un petit bonhomme assez connu. En ce qui le concerne, on peut prévoir au moins ce qu'il fera demain. Le président de la République Française, notre petit bonhomme, va prendre demain un gros avion pour faire un long voyage.

Mais, la nuit venue, il sera de retour au bercail pour dormir dans son petit lit douillet dans son palais parisien. Nicolas Sarkozy arrivera demain vers 9 h (heure locale) à Luanda, capitale de l'Angola. Il en repartira le même jour à 13h.

Selon le site officiel de l'Elysée, voici comment va se dérouler ce déplacement du chef de l'Etat français :
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Le Président de la République effectuera une visite officielle en République d’Angola, vendredi 23 mai 2008.



Le Chef de l’État sera accompagné de Mme Anne-Marie IDRAC, Secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur et de M. Alain JOYANDET, Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie.




Programme du déplacement




9h00 
Palais Présidentiel

Cérémonie officielle d’accueil par M. José Eduardo Dos Santos, Président de la République d’Angola
 


9h15 
Entretien en tête à tête des deux Chefs d’État, puis élargi aux délégations



10h20 
Cérémonie de signature d’accords



10h30 
Brèves déclarations à la presse dans le jardin du Palais



11h00 
Lycée français Alioune Blondin Beye

Réception de la Communauté française

Allocution du Président de la République



12h00 
Palais Présidentiel

Déjeuner de travail

Échange d’allocutions avant le début de repas



13h00 
Cérémonie officielle de départ

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Si je calcule bien, ça fait en tout et pour tout, 4 heures de présence sur le sol angolais. Il faut savoir que le vol aller Paris-Luanda dure 8 heures. Le vol retour aussi. Autrement dit, 16 heures d'avion pour passer 4 heures en Angola.

Tout cela pour aller s'incliner devant le très douteux José Eduardo Dos Santos, le président angolais. Ce potentat a accédé au pouvoir dans des conditions discutables et pas du tout démocratiques. Ce pouvoir, il l'exerce sans partage depuis presque trente ans.

José Eduardo Dos Santos fait partie des dirigeants africains les plus corrompus. Son patrimoine colossal, puisé frauduleusement dans la manne pétrolière, principale richesse du pays, est investie en Suisse et dans des propriétés luxueuses situées dans les meilleures capitales occidentales.

C'est ce dirigeant sulfureux que Nicolas Sarkozy a choisi d'honorer (furtivement) de sa présence.

Quatre heures en Angola, c'est à la fois trop et pas assez. Pas assez pour dire à Dos Santos ses quatre vérités, au nom de la "rupture" ostensiblement proclamée par rapport à la "Françafrique" chiraquienne.

Mais quatre heures, c'est accorder beaucoup de temps à ce personnage peu fréquentable. Là aussi, le président Sarkozy devra nous expliquer sa démarche.

Quand je regarde le programme de la journée de demain, je me demande comment va se dérouler "le déjeuner de travail" à Luanda.

Le déjeuner commence à midi et se termine à 13 heures. Il y a en prime un "échange d'allocutions". Ça m'étonnerait qu'on "travaille" beaucoup pendant ce déjeuner. D'autant que le président français ne cessera de regarder sa Rolex. Et qu'il faudra quand même manger un petit morceau.

Notre Sarko tiendra à ne pas être en retard pour son avion du retour. Décollage à 13 h. Arrivée à Paris, si tout va bien, à 21 heures. Avec une voiture munie d'un gyrophare, ça nous fait un retour à l'Elysée au plus tard à 22 heures. A condition que Dos Santos ne tarde pas à servir le dessert à Luanda à la fin du "déjeuner de travail".

Après ce cirque angolais , il faudra aussi établir la facture écologique de ce voyage passablement ridicule.

Monsieur le président, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, nous aimerions avoir connaissance des émissions de CO2 de votre Airbus dans notre atmosphère planétaire pour cette escapade largement superflue.

mercredi 21 mai 2008

Rétroviseur....


Les machines à laver offrent de multiples choix de programmes de lavage. En France, rien ne se perd, tout se recycle. La France est figée à jamais sur le programme "éternel retour", selon la définition de Jean Cocteau.

Ainsi donc, revoici devant nos yeux ébahis, pour l'été et pour plus longtemps sans doute, la réapparition de Patrick Sabatier, amuseur de télé, viré avec pertes et fracas dans les années 90. Il avait survécu petitement sur le câble et le satellite, dans des niches obscures. Patrick Sabatier revient en pleine lumière sur une chaîne nationale du service public, celui pour lequel nous donnons des sous, nous les braves contribuables citoyens. Sabatier revient. Il présentera un jeu sur France 2 tous les jours de cet été.

Je lis dans un hebdomadaire que ce même Sabatier est allé récemment pleurnicher sur son sort dans le giron du mari de Carla Bruni. Il paraît que Sarko 1er lui a promis des choses. Ça ne traîne pas, ce genre d'intervention. Patrick de Carolis, le patron de France-Télévisions, chiraquien notoire et de ce fait assis en permanence sur un siège éjectable, s'est empressé, très spontanément, d'offrir un os à ronger à Sabatier, nouveau protégé du palais élyséen. Ce qui nous offre donc cette perspective affriolante : tout un été avec Patrick Sabatier !

"Eternel retour", vous dis-je !

Dans le même genre, en plus inquiétant probablement, la couverture du magazine "Le Point" de cette semaine : "QUAND L'ALGERIE ETAIT FRANÇAISE". Je m'interroge avec consternation sur le besoin ressenti par un hebdomadaire d'information relativement sérieux comme "Le Point" de consacrer sa couverture et 19 pages à une affaire si lointaine. Vingt pages (dont la couverture) sur le bon vieux temps de l'Algérie française ? Il faudra qu'on m'explique.

C'est comme Pascal Sevran. Son fond de commerce, c'était à la télé : "La chance aux chansons", sempiternel bastringue de la ringardise franchouillarde qui s'égosille. On l'a enterré au cours d'une cérémonie religieuse avec des honneurs démesurés : une escouade de "people" attristés, des socialistes contrits et des ministres officiellement émus. Et même le Président (mari de la chanteuse italienne à guitare) a tenu à se recueillir un instant devant la dépouille mortelle de l'histrion cathodique. Pascal Sevran, icône. Icône de quoi ? Peu importe, braves gens, inclinez-vous devant la dépouille, sans trop vous poser de questions.

A force, avec cette médiocrité ambiante, on oublierait presque de citer Robert Rauschenberg. Il est mort trois jours après Pascal Sevran. Le trépas n'est pas un concours de beauté. Mais tout de même, en ce mois de mai 2008, dans les disparitions marquantes, il y a -avant tout- l'Américain Rauschenberg : peintre, artiste, créateur, citoyen. Figure majeure, incontestable.

Dans le rétroviseur français, je ne vois hélas que Sabatier qui revient et que Sevran qui se meurt. Et aussi : "Quand l'Algérie était française". Petit pays. Nous allons crever rapidement de notre étroitesse.

lundi 12 mai 2008

Times of India


Voici un visage au hasard dans les rues de Bombay (Mumbai, comme on dit aujourd'hui). Il s'agit d'un jeune homme dans un camion. Il me fixe, je le photographie. Cette photo a été prise en début de soirée, près de la gare de Churchgate. Cette gare, c'est Saint-Lazare puissance mille. Une foule immense, comme j'en ai vu aussi dans les gares de Shanghaï ou de Tokyo. On observe, à Bombay, vers 18 heures, une procession pressée et infinie de cadres moyens et d'employés qui quittent prestement leurs bureaux climatisés du sud de la ville. Ils vont transiter vers leur banlieue-nord, vers leur logis, à bord de trains bondés.

Ce camion que je photographie est bloqué dans un embouteillage inextricable près de la gare, un embouteillage comme il y en a tant à Bombay chaque jour, chaque minute. A bord de ce camion, ce jeune homme me fixe. Il fait chaud, environ 33 degrés et 70% d'humidité. Le jeune homme (passager) est à gauche dans l'habitacle du véhicule. Le conducteur est à droite. C'est un héritage durable de la colonisation britannique. A Bombay, on conduit encore du même côté de la route qu'à Londres, Sydney et Auckland. God save the Queen !

La circulation automobile est à Bombay un sujet permanent d'interrogation et d'angoisse. J'ai débarqué à minuit à l'aéroport et j'ai aussitôt été pris en charge par un taxi climatisé. Le service s'est révélé impeccable. Je suis arrivé sans encombre à destination. L'aéroport de Bombay et le centre de la ville sont très distants (une bonne de trentaine de kilomètres). Mais l'aéroport est pourtant au cœur de l'agglomération.

En arrivant en pleine nuit, c'est donc toute la ville que l'on est invité à traverser. Travelling cinématographique hallucinant. Les échoppes encore ouvertes, les mendiants qui dorment sur le trottoir, les chiens qui errent. C'est Bombay. Le trajet dure plus d'une heure, sans feu rouge car la circulation est quasiment nulle. C'est une première mise en condition, un avertissement. On arrive enfin à la porte de l'hôtel de luxe où le portier en grand uniforme blanc vous attend avec le sourire malgré l'heure tardive. C'est encore Bombay.

Le lendemain de mon arrivée, je lis avec grand intérêt "THE TIMES OF INDIA". Magnifique journal, vivant, intelligent, très bien écrit, dénonçant les scandales et les embrouilles, stigmatisant la bureaucratie et la corruption par des exemples concrets. Au passage, je signale que c'est le plus grand quotidien mondial en langue anglaise : 3,5 millions d'exemplaires !

Dans ce journal, je lis, au matin suivant mon arrivée, ce fait divers dramatique. Pendant que je circulais à toute vitesse de l'aéroport vers mon hôtel, au même moment, sur une autre autoroute, 18 personnes ont été écrabouillées. Il s'agit d'un véhicule prévu pour transporter 8 personnes. Mais 18 personnes s'y étaient entassées, dont pas mal d'enfants. Ce groupe se préparait à assister à un mariage, le lendemain. Le chauffeur roulait à 130 km/h mais le chauffeur dormait au volant. C'est dangereux de dormir à cette vitesse. Le véhicule avec ses 18 passagers est allé s'encastrer dans l'essieu arrière d'un énorme semi-remorque qui roulait à la bonne vitesse sur la bonne file.

Le véhicule surchargé de ses 18 occupants est traîné, coincé dans l'essieu, pendant 7 kilomètres sur l'autoroute par le semi-remorque. Le conducteur du gros camion ne remarque rien pendant un long moment. Sept kilomètres d'agonie pour les passagers ! Dans le véhicule fracassé, on ne sort qu'un seul survivant, un adolescent grièvement blessé.

La famille des victimes arrive vite pour casser la gueule au conducteur du poids-lourd. Le chauffeur du gros camion, tout à fait irréprochable, est très amoché. On le transporte dans le coma à l'hôpital.

Le mariage auquel se rendaient les passagers du véhicule démantibulé, ce mariage a été célébré comme prévu. C'est ce que précise sans commentaire le compte-rendu fait par "THE TIMES OF INDIA".


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au lendemain de mon retour, ceci :

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Sept bombes ont explosé dans les rues de Jaipur, capitale de l'Etat du Rajasthan, dans l'ouest de l'Inde, tuant une soixantaine de personnes sur des marchés et devant des temples hindous.

Il s'agit des attentats à l'explosif les plus meurtriers commis en Inde depuis près de deux ans. On déplore quelque 150 blessés et les chaînes de télévision locales ont lancé des appels aux dons de sang.

Aucun mouvement n'a revendiqué les explosions, ont indiqué des responsables de police. Selon des chaînes de télévision, des représentants du gouvernement et des services secrets les ont imputées à des éléments islamistes basés au Pakistan ou au Bangladesh.

"D'après les informations que j'ai reçues, 60 personnes ont péri et 150 autres ont été blessées", a déclaré le Premier ministre de l'Etat du Rajasthan, Vasundhara Raje, cité par l'agence Press Trust of India (PTI).

Le ministre de l'Intérieur de l'Etat, Gulab Chand Kataria, a fait état de 55 morts au moins.

"Vers 19h30, il y a eu un grand bruit et j'ai brusquement vu des gens dans une mare de sang", a déclaré en larmes Govind Sharma, prêtre dans un temple hindou. "J'ai perdu mon père dans l'explosion de la bombe."

Les attentats de Jaipur interviennent un peu plus d'une semaine avant que le chef de la diplomatie indienne, Pranab Mukherjee, se rende à Islamabad pour faire le point sur le processus de paix bilatéral entamé il y a quatre ans. Ce sera sa première visite au Pakistan depuis l'entrée en fonction d'un nouveau gouvernement civil dans ce pays.

Le Premier ministre Manmohan Singh a condamné les attentats et lancé un appel au calme. Les gouvernements britannique et américain ont réagi en soulignant que rien ne pouvait justifier que l'on tue des innocents.

A l'hôpital principal de Jaipur, plus de cent personnes se pressaient aux portes des urgences, beaucoup réclamant à grands cris des nouvelles de leurs proches. Hurlant tout aussi fort, des policiers protégeant les portes faisaient appel aux donneurs de sang.

"Je suis venu à la recherche de mon fils. Il était allé au bazar mais n'en est pas revenu", se lamentait Shabnam Bano.

A l'intérieur, des unités de nettoyage s'efforçaient d'éponger le sang qui s'était répandu dans les couloirs.

Les autorités ont dit ne pas avoir connaissance de ressortissants étrangers parmi les morts.

Deux bombes avaient été posées près de temples hindous dans lesquels des foules importantes se rassemblent chaque mardi.

"C'était de toute évidence un attentat terroriste", a déclaré le chef de la police du Rajasthan, A.S. Gill, près du lieu d'une des explosions.

En juillet 2006, sept explosions dirigées contre le réseau ferroviaire de Mumbai (ex-Bombay) avaient fait plus de 180 morts. Elles avaient été attribuées à des activistes opérant à partir du Pakistan avec le soutien de musulmans locaux.

Des accrochages ont eu lieu voici quelques jours le long de la frontière indo-pakistanaise du Cachemire.

Des alertes à la bombe ont aussi eu lieu à New Delhi et à Mumbai, la capitale financière.

Bien qu'aucune menace précise n'ait été signalée, la police a décidé de renforcer la surveillance des centrales électriques, des principales mosquées et des temples hindous par mesure de précaution.

Les villes indiennes ont été frappées par une vague d'attentats ces dernières années qui ont fait des centaines de victimes. En août dernier, trois bombes avaient tué 38 personnes à Hyderabad, dans le sud du pays.

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dimanche 11 mai 2008

Pentecôte à Roissy


Dimanche de Pentecôte à Roissy. Retour de Bombay à la mi-journée. 40 minutes d'attente pour les bagages. Welcome to France ! La semaine dernière à l'arrivée à l'aéroport de Bombay, mon sac m'avait été livré en 3 minutes, montre en main. Et pourtant les Indiens ne sont pas toujours les plus véloces.

A Paris, il fait beau, c'est déjà ça. Recherche d'un taxi. Pas de taxis. Plusieurs avions gros porteurs viennent d'atterrir. Pas de taxis en vue dans le principal aéroport français. Un Américain qui parle très bien le français et qui a déjà eu quelques expériences de ce genre dans notre beau pays éructe : "tous des fonctionnaires ici !". Je n'interviens pas : les taxis ne sont pas des fonctionnaires, c'est juste une espère protégée en France, comme les ours blancs au Pôle Nord.

Finalement, un pauvre bougre probablement préposé au trafic des taxis, sentant monter l'irritation des voyageurs, lance quelques ordres confus sur un walkie-talkie. Il faut attendre au moins 10 minutes avant de voir émerger quelques taxis. Les chauffeurs méprisants refusent évidemment ("ce n'est pas mon boulot !" en français dans le texte) de charger dans leur coffre les valises des étrangers qui viennent de se taper dix heures d'avion pour venir dépenser leurs devises dans notre pays si accueillant. Un taxi se présente enfin à moi. Il est assez sympa. Mais je mets moi-même mon sac dans son coffre. Je respecte les coutumes locales.

J'ai acheté quelques journaux après l'atterrissage. Je les parcours alors que le taxi fonce sur l'autoroute déserte vers la Porte de la Chapelle. J'y apprends la mort de Pascal Sevran. Elkabach avait vu juste bien avant tout le monde ! Quel visionnaire… J'apprends que Lucien Jeunesse ("le jeu des 1000 francs") est mort lui-aussi pendant mon absence. La loi des séries !

Dans mon taxi, la radio est branchée sur "Radio-Nostalgie". Entre Roissy et mon domicile, je suis bercé par la mélopée posthume des chanteurs morts : Joe Dassin, Daniel Balavoine, Michel Berger, Nino Ferrer. "Nostalgie" ce n'est pas une radio, c'est une nécropole. Dans un journal, je lis aussi que Nicolas Sarkozy (tiens, je l'avais complètement oublié, celui-là, en Inde) vient encore d'inventer une nouvelle commémoration qu'il veut infliger aux écoliers.

Cette fois, il s'agirait d'inculquer à nos chères têtes blondes toutes les atrocités de l'esclavage. Alors, on résume : l'esclavage, la mémoire de la Shoah et Guy Môquet . Il commence à devenir lourd en repentance le cartable des jeunes Français scolarisés ! Sarkozy, à sa façon, c'est aussi Radio-Nostalgie. L'action politique toujours dans le rétroviseur.

J'aimerais tant que mon pays tente un instant de penser à l'avenir. Juste un petit peu. Moins de commémorations, moins d'anniversaires lugubres, moins de chanteurs morts à la radio, davantage de projets, d'espoirs, de vision. Est-ce trop demander ?

C'est promis, je vous parlerai une autre fois de Bombay (Mumbai). Ce n'est pas un sujet simple.

vendredi 2 mai 2008

Justice contre "Justice"


Je me demande ce que le Ministère de l'Intérieur et/ou le Ministère de la Justice attendent pour saisir et interdire le nouveau clip du groupe "Justice" (sic) intitulé 'stress'.

Ce petit film est une apologie scandaleuse de la violence gratuite, un appel à la haine et au désordre social, une menace pour la société.

Voir ici ce clip

jeudi 1 mai 2008

La France m'a tout donné !


Au loin, je devine encore le tumulte de la manifestation du 1er Mai qui est passée sous mes fenêtres avant que je ne rentre chez moi. J'habite au centre nerveux de toutes les manifs parisiennes. Je suis un observateur privilégié.

J'entends des clameurs confuses sans comprendre les slogans. Je ne perçois que la hargne s'échappant des mégaphones poussifs.

En queue de cortège, il y a les irréductibles, les irrécupérables, les trotskistes, avec leurs drapeaux rouges siglés de faucilles et de marteaux.

N'ont-ils donc jamais rien lu, rien appris, sur les crimes massifs commis au nom de ces symboles d'un autre âge ?

J'aperçois, de mon balcon, quelques effigies de Che Guevara. On n'en sortira donc jamais de cette quincaillerie gauchiste ? Che Guevara ! La photo du personnage est belle. Son parcours demeure beaucoup plus discutable.

Que d'erreurs commises pour une jolie photographie ! Amis qui avez si assidûment soutenu le régime castriste, n'avez-vous pas aujourd'hui un ou deux regrets ? Je ne dis même pas : un ou deux remords.

Tiens, c'est marrant, dans la manif du 1er Mai 2008 à Paris, pas un mot sur Mao. Le Grand Timonier a été gommé.

Il y a quarante ans, en Mai 1968, c'était pourtant lui la superstar ! La Chine Populaire, la Chine Pop, n'était-ce pas le parangon de ceux qui voulaient jadis catapulter le capitalisme hors de la stratosphère ?

Finalement, vous aviez raison, vous les gauchistes de 68 : Mao a tout réussi. La Chine (toujours officiellement 'Populaire') taille des croupières à toute la planète. Le portrait de Mao trône toujours à Pékin sur la place Tienanmen.

L'ouverture des magasins le dimanche ou les jours fériés, parlons-en ! La CGT française est contre, évidemment. Aujourd'hui, 1er Mai 2008, fête du travail, est également jour férié en Chine Populaire.

Les magasins sont tous ouverts en Chine. C'est même un jour où les Chinois se ruent en masse dans les rayons. Les Chinois ont très peu de jours de congés, pas de RTT. Alors, quand c'est, férié, ils vont faire leurs courses.

Cette année, ils ont un peu boudé les magasins "Carrefour" de Chine. On les comprend. On ne peut pas se laisser insulter impunément par un petit pays lointain et arrogant sans réagir d'une façon ou d'une autre.

En ce 1er Mai 2008, ici à Paris, ils n'en finissent pas de s'éloigner de mes fenêtres, les gauchistes français, en queue de cortège avec leurs tambours et leurs portraits de Che Guevara !

Pendant ce temps-là, cet agréable pays qu'on appelle "France" s'enfonce dans la léthargie, le passéisme et le corporatisme. La vraie queue de cortège, c'est celle-là ! Mais le cortège qui se meut péniblement sous mes yeux a décidé d'ignorer ce mauvais présage.

Pauvreté, chômage, précarité, petites retraites, recherche qui ne trouve plus rien, université en déroute, enseignement secondaire encalminé, déficits publics abyssaux, protection sociale à la dérive.

J'en reviens toujours à ma première observation qui date du tout début du millénaire. Je rentrais d'un séjour très prolongé dans un pays éloigné. Je me suis dit à cette époque : ça ne marchera jamais ici parce que les Français ne travaillent pas assez.

Martine Aubry, vous avez introduit un doute très néfaste dans la tête de nos concitoyens : les 35 heures ne sont pas une avancée. C'est un recul qui bloque tout : l'initiative, le risque, la compétitivité.

La France, pour résumer, est un joli pays tempéré, riche de son Histoire et de ses monuments à visiter selon les horaires syndicaux des gardiens assermentés par le Ministère de la Culture.

Oui, la France, c'est ça : une intermittence du spectacle qui encaisse ses petites rentes en râlant.