lundi 19 novembre 2007

Rappelle-toi, Barbara.


Ce soir j'écoute Barbara. Parce que l'anniversaire des dix ans de sa disparition approche. Pas seulement. C'est un prétexte, parce que j'écoute Barbara sans cesse, depuis si longtemps.

J'ai rencontré deux fois Barbara. La seconde fois ne compte pas. Ça s'est mal passé. Il faisait froid, elle était fatiguée.

Mais la première fois, c'était magique. J'étais un adolescent gauche et incertain.

C'était dans une salle de spectacle un peu décatie, dans le nord de France. C'était un dimanche après-midi. La salle était à moitié vide, à moitié pleine.

Et Barbara et son accordéoniste sont entrés en scène. Moi, le gamin de 15 ans que j'étais alors, j'ai eu des frissons.

Je les ressens encore.

J'en en pris plein les oreilles, plein les mirettes. Depuis, j'en ai vu des chanteurs, j'en en vu du music-hall.

Mais ces heures avec Barbara, un dimanche après-midi dans le Nord, je ne les oublie pas. Je ne les oublierai jamais.

"They can't take that away from me", comme dit la chanson américaine. Parce que c'était de l'émotion. De la plénitude. Et à l'époque, la voix de Barbara était intacte et limpide.

L'ado gauche et incertain que j'étais, ce dimanche après-midi de la fin des années 60, est allé patienter devant la loge de l'artiste après le spectacle. J'avais nerveusement préparé ma réplique.

Je suis face à Barbara et je lui dis : "Merci, Madame !". C'était naïf mais sincère.

Elle signe mon autographe (que je conserve toujours) et elle me répond, à moi le gamin gauche et incertain, elle me répond : "Merci à vous, Monsieur."

Il y avait de la malice, de l'ironie et sans doute un peu de tendresse dans ce "Monsieur" que Barbara adressait au gamin que j'étais.

Quelques années plus tard, j'ai revu Barbara. Mais ça s'est mal passé. Et je préfère oublier.

Je préfère chérir la première découverte, la première rencontre. Parce que dans la vie, il y a des quantités de dimanches qui ne servent à rien.

Mais parfois un dimanche, un seul dimanche, un dimanche adolescent avec Barbara, vous marque pour la vie.

Et puis ces jours-ci, je lis le livre que Didier Varrod consacre à la longue dame brume. ("A demain, je chante" – éditions Textuel).

Il est très fort, Didier. Son bouquin est une merveille. J'ai tout retrouvé de Barbara dans ce livre. Et j'ai tellement appris de ce que j'ignorais à son sujet.

Que Didier Varrod soit ici désigné comme le grand chambellan de la chanson française. Son dernier bouquin, toutes ses émissions à la télé, cela impose le respect. Et la reconnaissance de tous ceux qui ne cessent d'écouter des chansons.

La chanson n'est pas un art anodin. Il en est le témoin, Didier, en fin connaisseur qu'il est.

Les chansons : ce n'est rien, mais c'est tout. Ce sont les bornes de notre existence. Des balises dans la nuit, nos repères.

Moi, j'aime la chanson, les chansons. La chanson française. Et toutes les chansons du monde.

Et ce soir, j'écoute Barbara. Je l'écoute avec le bonheur de mes quinze ans. C'est vous dire !

1 commentaire:

  1. Salut,
    Je viens de tomber sur ton blog par hasard. Ton article me donne les larmes aux yeux. J'ai 15 ans j'écoute barbara depuis longtemps, je l'admire énormément pour l'émotion, la force qu'elle fait passer dans ces chansons. Je rêve de la voir en concert, mais je suis née trop tard et ça me désole. Merci faire de partager un peu ton souvenir!
    Cordialement

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