Ile Maurice. Un hôtel plutôt haut de gamme sur la côte ouest. N’essayez pas d’arriver maintenant : tout est complet. Le domaine s’étend sur 22 hectares. Pour les déplacements, des voiturettes électriques sillonnent les allées du parc luxuriant, envahi d’oiseaux exotiques. Les installations sont luxueuses, les chambres immenses et magnifiquement agencées : wifi, télé multichaines dans toutes les langues, salle de bains rutilante, souci du moindre détail.
Le personnel (mauricien) est attentif, aimable, souriant et toujours disponible. Plage de sable fin, tennis, golf, voile, plongée, deux grandes piscines à 30° (c’est la température ambiante) et une foultitude d’autres activités (y compris un stage de cirque). Il y a aussi un espace zen, sans musique, sans animation, sans enfants. Le rêve.
La clientèle est cosmopolite. Un fort contingent de Français : les hommes sont repus et leurs épouses, assez mal fagotées et badigeonnées d’écran total, lisent Marc Lévy en sirotant du «rhum arrangé». J’ai vu en outre un quadra français en bermuda fluo, affalé sur un transat, lisant les mémoires de Jacques Chirac. On rencontre aussi des Belges, en nombre relativement important. Les Belges, on ne peut pas les rater. Quelques Sud-Africains sont venus en voisins (4 heures de vol seulement).
Mais ceux qu’on remarque le plus, ce sont les nombreux Chinois. Ils arrivent groupés de Shanghai ou de Hong-Kong par vols directs. Ils sont jeunes (moins de 30 ans) et tous en couple. Ça sent le voyage de noces. Pour leur séjour d’une semaine, ils dépensent chacun ici l’équivalent de deux ans de salaire d’un ouvrier de leur pays. Ils ont tous des Smartphones et certains se promènent avec un iPad (made in China).
Avec des appareils photo dernier cri, ils photographient tout sur leur passage, surtout la nourriture qui est exquise et abondante. Le manager a pensé à eux : un grand buffet asiatique leur est destiné. Mais ils picorent aussi goulument dans les plats mitonnés pour les clients européens. Pour la plupart, ils ne parlent que le chinois. Certains bredouillent quelques mots d’anglais. Mais tout est prévu : des employés sinisants sont à leur service.
En les observant, je pense à Mao et à sa longue marche, les cent fleurs, le grand bond en avant, la révolution culturelle. Toutes ces folies : 70 millions de morts, les famines, les exterminations, les procès iniques, la chasse aux intellectuels et aux «riches». Tout cela pour en arriver, après 60 années d’errements idéologiques sanguinaires, à un groupe de touristes chinois, équipés des derniers instruments technologiques, séjournant à l’île Maurice au milieu de vacanciers capitalistes plutôt indifférents.
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