Un film français très récent (il est sorti le mois dernier) est malheureusement passé inaperçu. Il est très mal distribué mais on peut encore le voir dans certaines salles. Il s'agit de «La Désintégration» réalisé par Philippe Faucon. Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais c'est un film court (1h18) qui en dit long sur la dérive d'un jeune français issu de l'immigration, emporté par l'islamisme radical. Le film est situé à Lille mais il pourrait avoir pour décor la ville de Toulouse. Le personnage principal du film (incarné avec une grande justesse par Rashid Debbouze, frère de Jamel) ressemble de manière frappante à Mohamed Merah, l'auteur présumé de 7 assassinats, cerné et tué par les hommes du Raid cette semaine.
«La Désintégration», à la lumière des événements sanglants de Toulouse et Montauban, prend une force prémonitoire troublante. Comme Merah, le protagoniste du film est un jeune homme qui a grandi dans une cité. Son intégration sociale et professionnelle est un échec. Il a des rapports conflictuels avec sa famille et notamment avec sa mère. Il devient une proie facile pour le fondamentalisme musulman. Il sombre dans le terrorisme et il y trouve la mort après avoir versé le sang.
Mohamed Merah est une réplique du personnage du film. Merah est né en octobre 1988, au tout début du second septennat de François Mitterrand. La gauche, dans les années 80, n'a pas été capable de prendre en compte la situation dans les banlieues françaises. François Mitterrand est élu en mai 1981. Les toutes premières émeutes éclatent en septembre 1981, dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, près de Lyon. Une première alerte avait eu lieu à Vault-en-Velin en 1979. Beaucoup d'autres déchainements de violence suivront. La réponse des socialistes au pouvoir est faible, pour ne pas dire inexistante. Dans un bel élan d'angélisme, ils se dédouanent en mettant en avant l'association «SOS racisme» et ses rassemblements boy-scout. Le leader de l'époque, Harlem Désir, est aujourd'hui un cacique du PS. Le mitterrandisme était dans le déni. Alors qu'il en était encore temps, aucune mesure n'a vraiment été prise en faveur du logement, de la formation et de l'emploi.
L'origine du phénomène remonte au «regroupement familial» instauré par décret en 1976 par le président Valéry Giscard d'Estaing et son premier ministre Jacques Chirac. Cette mesure était humaine et légitime. La première vague d'immigration, datant de la fin de la guerre d'Algérie, concernait des travailleurs célibataires ou séparés de leur famille, une main d'oeuvre venue participer à l'expansion de la France des «Trente glorieuses». Il était justifié de permettre à ces hommes isolés de vivre avec leur famille sur le sol français où ils travaillaient. La faute originelle commise par VGE est de ne pas avoir complété ce «regroupement familial» par une vaste politique immobilière et éducative. Les torts sont donc partagés par la droite et la gauche qui ont alterné au pouvoir depuis le milieu des années 70 jusqu'à aujourd'hui.
C'est cette longue incurie qui a produit des personnages comme Mohamed Merah. Le film «La Désintégration» montre clairement le désespoir et l'absence de perspective qui assaillent les jeunes des banlieues. L'Islam radical, dans ce contexte, n'est qu'un épiphénomène. Il prospère sans être contrarié, comme une mauvaise herbe poussant sur un terrain abandonné. La nature a horreur du vide. Faute de logements décents, d'emploi et de formation, toute une population a été ghettoïsée, enfoncée dans ses difficultés. L'intégration des populations issues de l'immigration est avant tout une question sociale. Le fait religieux est marginal, conséquence des manquements des gouvernements successifs sur le front de l'égalité et de la justice.
Ajoutons à cela l'exacerbation haineuse et raciste du climat par le Front National. En stigmatisant l'immigration en 2012 et en réclamant une réduction drastique du nombre d'entrées des étrangers sur le territoire français, le FN propose une fausse solution. L'immigration actuelle en France, en proportion, est dans la moyenne européenne, beaucoup plus modeste qu'en Allemagne. Le candidat Sarkozy a enfourché ce mauvais cheval anti-immigration. La grande question d'aujourd'hui ne se situe pas dans une réduction de l'immigration. Cela ne simplifierait en rien le défi qui s'impose à nous : sortir de l'impasse sociale les Français issus d'une immigration déjà ancienne, un mouvement de population massif qui a été dramatiquement mal géré par les pouvoirs publics depuis presque 40 ans.
C'est l'intégration qu'il faut enfin réussir. Vaste projet politique qui ne se résume pas à un simple maintien de l'ordre. Les dernières mesurettes présentées par Nicolas Sarkozy sont à cet égard particulièrement dérisoires. Comme s'il suffisait de punir ceux qui consultent des sites Internet fondamentalistes pour éradiquer l'Islam radical !
Oui, c'est à cette intégration qu'il faut s'attacher sans relâche, sous peine de voir «La Désintégration» exploser à nouveau comme ces derniers jours à Toulouse.
Analyse très juste.
RépondreSupprimerCher Anyhow,
RépondreSupprimerJe suis en désaccord avec cette analyse que je trouve teintée de marxisme. Le regroupement familial a été une énorme erreur, et presque à la limite un crime à long terme contre la nation. Comme toujours, cela trouve sa source dans de bons sentiments, source de catastrophes ultérieures; c'est le drame de la gauche qui n'a toujours pas appris qu'on ne gouverne pas avec de bons sentiments. Le Front national dit de très nombreuses vérités sur l'immigration, et il est bien vrai qu'en face, on ne réponds qu'avec de l'inaction et de l'embarras à gogo. La première génération d'ouvriers a juste oublié d'éduquer ses enfants car elle a cru que l'école de la république, le ferait à leur place. L'école, ce n'est que de l'instruction, et non pas de l'éducation. Ils ont fait comme au bled, avec en conséquence des millions de djeuns complètement paumés. Je trouve toutefois que la politique du barbelé, suggérée par le FN est absurde. Conséquence du regroupement familial si "humain et normal": Les prisons sont remplies à ras bord de noirs et Musulmans, tout le monde le sait sauf l'oligarchie, qui, pour cacher cette vérité, casse le thermomètre et interdit puérilement les comptages. La seule chose sur laquelle je suis d'accord, c'est que le terreau de la pauvreté et du rejet constitue un très fort accélérateur de carrière terroriste. Puis il faut bien poser le problème de l'Islam. Religion de tolérance et de paix ? Vision angélique. Moi, qui ait lu et relu le Coran, je suis bien sur tombé sur les très nombreux appels aux meurtres que contient celui-ci. Le premier devoir de tout musulman est de ne rien modifier et de digérer cet ouvrage antédiluvien sans y changer une virgule. Pas question de remise dans le contexte historique et sociétal de l'époque : il doit être appliqué tel quel. Ainsi, cette religion constitue t-elle un système politique complet d'asservissement des masses qui a vocation à régenter tout l'espace public. Comme par un étrange mais juste retour des choses, les Musulmans sont les premières victimes de cette rigidité intenable, de cette schizophrénie permanente qui conduira, quelques reflêxions plus tard, à semer la mort autour de soi. L'Islam est insoluble dans le monde moderne, et participe de valeurs aux antipodes de celles de l'Occident. L'Islam est la soumission, c'est d'ailleurs le sens littéral du mot.
Il y aura d'autres Mehra, c'est mathématiquement inévitable.
Le Viet
Ajout : le frère serait "fier" des actes de son frères. Eminemment prévisible quand on connait la mentalité du client, ses valeurs de fonds, l'Islam et tutti quanti.
RépondreSupprimerLe Viet