Péniblement, France 2 a
réussi à mettre sur pied deux émissions où l'on entendra la
semaine prochaine tous les candidats à l'élection présidentielle.
Deux groupes de cinq : le premier avec François Hollande et le
second, le lendemain, avec Nicolas Sarkozy. Pas de débat, seulement
une succession de monologues, entrecoupés de questions de David
Pujadas et de Fabien Namias. Quelques jours plus tard, Yves Calvi
réunira un plateau de dix invités, mais Sarkozy et Hollande se sont
débinés et seront représentés chacun par un second couteau.
Ces contorsions
médiatiques sont misérables mais elles découlent des absurdités
de l'organisation de ce scrutin. On comprend aisément que Sarkozy et
Hollande ne veillent pas être confrontés directement aux quelques
hurluberlus qui ont réussi à récolter les 500 signatures
nécessaires pour figurer dans le scrutin : le fantasque Jacques
Cheminade et les deux trotskistes pathétiques. Deux trotskistes en
France en 2012 ! On progresse : en 2002, ils étaient
trois. Réveille-toi, Léon, ils sont devenus fous... C'est d'abord
ce système de sélection qu'il faut revoir. Corinne Lepage ou
Dominique de Villepin avaient largement plus de légitimité pour se
présenter que ces trois parasites.
Ce qu'il faudra aussi
réformer d'urgence, ce sont les règles ridicules de temps de parole
imposées par le CSA. Ces comptes d'apothicaire entravent gravement
le travail des journalistes et les rédactions en chef, par
commodité, préfèrent réduire au minimum l'espace dévolu à
l'actualité politique, même si nous sommes à quelques semaines de
l'élection majeure dans notre pays. Un exemple hier soir, dans le 20
h de France 2 : le journal durait exactement 40 minutes. Il a
fallu attendre 20 h 21 pour découvrir une séquence rabougrie de 2
minutes et 40 secondes consacrée à l'élection présidentielle. Sur
cette portion congrue, 40 secondes étaient mangées par un sondage
détaillé en plateau par David Pujadas. A suivi un reportage sur les
interrogations suscitées par la percée de Mélenchon chez les
militants socialistes. On n'a pas entendu une seule seconde la voix
d'un candidat, cela afin d'éviter de devoir donner ensuite la même
exposition aux autres prétendants, dans le respect des règlements
tatillons du CSA.
Les télés avaient
largement retransmis les débats des primaires socialistes, sans
s'embarrasser de minutage. Les chaines d'info avaient ensuite diffusé
in extenso les meetings des uns et des autres. Mais on n'était pas
encore dans la période sacrée définie arbitrairement par le CSA. A
présent, alors que le scrutin approche, les électeurs n'ont plus le
loisir d'écouter les candidats, sauf par bribes saucissonnées. Ce
système idiot empêche toute expression structurée sur le fond des
dossiers. Les candidats et leur staff de campagne se contentent de
forger des «petites phrases», des
formules piquantes sans véritable contenu destinées à être
reprises, si tout va bien, par des médias frileux qui picorent avec
parcimonie.
Nicolas
Sarkozy, encore aux affaires (sans jeu de mot), a la possibilité de
faire campagne autrement en organisant un «bruit de fond
médiatique», en multipliant
par exemple les interpellations d'islamistes présumés dangereux.
Cette agitation policière n'est pas décomptée de son temps de
parole.
François
Bayrou a eu raison de réclamer une vraie confrontation entre tous
les candidats, même s'il aurait fallu au passage se coltiner les
quelques olibrius qui ont franchi l'épreuve des 500 signatures. Ce
débat n'aura pas lieu. La campagne sombre dans l'ennui et
l'anecdotique. Il ne faut pas s'étonner que les prévisions
d'abstention soient aussi élevées et que les citoyens doutent de
plus en plus de l'utilité de cette élection.
Coucou Hervé MORIN !
RépondreSupprimerciel, je suis démasqué !
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