dimanche 6 février 2011

Avions officiels : qu'importe le Falcon, pourvu qu'on ait l'ivresse du pouvoir


Poursuivons notre survol de l’actualité aéronautique.

Oublions un instant les escapades tunisiennes de Michèle Alliot-Marie jouant les filles de l’air en jet privé dans un pays qui commençait à se soulever contre son dictateur.

La coupable légèreté de la ministre des Affaires étrangères a au moins un avantage : le contribuable français n’a, semble-t-il, rien déboursé pour assurer le confort des vacances de MAM.

Il n’en va pas de même pour le récent déplacement à Bruxelles du président Nicolas Sarkozy. Certes, il n’y était pas en vacances : avant-hier vendredi, le chef de l’Etat participait à Bruxelles à un sommet européen. Ce déplacement de 300 km a mobilisé deux avions de la République Française : l’Airbus A330 coûteusement réaménagé pour le président et un Falcon TX. Prix de l’heure de vol pour l’Airbus : 20.000 €. Pour le Falcon : 7700 €. Le Français moyen et le Belge moyen savent qu’on peut facilement effectuer le trajet Paris-Bruxelles en Thalys en moins d’une heure et demie. Les trains sont très fréquents. Le billet aller-retour en première classe sans réduction vaut 200 €.

Voulez-vous d’autres exemples ?

En décembre 2007, le président de la République a fait un déplacement officiel à Dijon (ville reliée à Paris par autoroute et TGV – distance : 265 kilomètres). Pour cette visite de quelques heures, 4 avions ont été utilisés : deux appareils type Falcon et deux avions militaires Transall. Les Falcon ont transporté le président et ses (nombreux) collaborateurs. Le premier Transall a déposé à Dijon la voiture blindée du chef de l’Etat. Le second Transall s’est chargé d’une autre voiture, au cas où la première tomberait en panne. Comme si le préfet de la Côte d’Or ne disposait lui-même d’un véhicule digne d’accueillir à son bord le président de la République.

En février 2009, pour une visite dans le Maine-et-Loire, Nicolas Sarkozy a mobilisé des moyens aériens similaires. Distance Paris-Angers : 264 km.

En septembre 2009, un dimanche en fin d’après-midi, le premier ministre François Fillon rentrait à Paris (avec son épouse) d’un week-end privé dans sa ville de Sablé-sur-Sarthe. Juste avant l’atterrissage à Villacoublay, le Falcon 900 de la République Française transportant le chef du gouvernement avait failli percuter un petit appareil de tourisme au dessus des Yvelines. Un Falcon 900 pour rentrer de week-end ? Pour faire les 228 km qui séparent Sablé-sur-Sarthe de Paris ?

Le 7 mars 2009, Pénélope Fillon remplaçait son mari pour le baptême d’un navire de la compagnie Brittany Ferries à Roscoff. La femme du premier ministre a voyagé à l’aller comme au retour à bord d’un Falcon 50 de la République Française. Prix de l’heure de vol pour cet appareil : 5000 €. Multipliez par deux pour obtenir le coût du voyage. Pour la même destination, le billet de la SNCF en première classe coûte moins de 150 € (aller et retour). Trop long le voyage en train ? L’agenda de Pénélope Fillon est-il à ce point chargé ?

Le 9 juin 2007, on inaugurait la nouvelle ligne TGV Paris-Strasbourg : 2 h 20. François Fillon et Alain Juppé (alors ministre de l’Ecologie et des Transports) ne sont pas montés à bord du train inaugural qui partait de la gare de l’Est à Paris. Le TGV, pour eux, n’était pas assez rapide. Ils ont préféré faire un bout de chemin en avion. Fillon et Juppé se sont fait déposer en Falcon près de la gare TGV Lorraine et sont montés discrètement à bord de la rame afin d’en sortir triomphalement à l’arrivée en gare de Strasbourg.

Il paraît que les caisses de l’Etat sont vides. Mais les avions de la République ne désemplissent pas.

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2 commentaires:

  1. Notre nouveau président va décoller avec un falcon900 de Brive vers Paris! Cela vaut bien un repas dans un grand restaurant Parisien non?

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  2. C'est pas un ... C'est plusieurs !!! Et cela ne l'empêchera pas de continuer d'aller manger chez Laurent avec Bergé !!!

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