La responsable de la diplomatie française était venue s’expliquer sur son séjour en Tunisie en décembre dernier et sur les révélations du Canard Enchaîné (voir en cliquant ici mon article d’hier à ce sujet).
Il y aurait tant à dire par ailleurs sur les pratiques aéronautiques de ceux qui nous gouvernent : lire en cliquant ici.
MAM, juste avant France 2, était passée sur le plateau du Grand Journal de Canal+ pour rôder ses arguments oiseux.
Face à David Pujadas, MAM a répété qu’elle payait toujours ses vacances personnelles (avion et hôtel –ce qui reste à vérifier-) mais qu’elle avait accepté de monter à bord du jet privé d’un ami tunisien qui justement l’attendait à Tunis et qui, comme par hasard, se rendait à Tabarka, le lieu de villégiature de Michèle Alliot-Marie, de ses parents et de Patrick Ollier (autre membre du gouvernement français). Ça tombait bien, car toute la famille de MAM allait séjourner dans un hôtel de Tabarka appartenant, autre hasard, à l’ami tunisien possédant le jet.
L’ami en question est un septuagénaire qui n’est pas exactement un suppôt du régime Ben Ali mais qui a quand même signé un appel pour que l’ancien président, aujourd’hui en exil, se représente en 2014. Pas vraiment un dissident.
Finalement le degré de soutien de cet ami tunisien à Ben Ali est assez secondaire.
Ce qui est tout à fait stupéfiant, ce sont les explications données par MAM sur France 2. «Quand je suis ministre, je suis ministre. Quand je suis en vacances, je suis comme tous les Français.» Comme si tous les Français avaient des amis qui attendent sur le tarmac avec un jet prêt à décoller.
Réponse à la question de Pujadas sur le fait qu’un ministre monte à bord d’un avion privé : «Honnêtement, je n’ai pas pensé que ça pouvait poser le moindre problème. Je n’ai pas pensé à mal, je n’ai pas vu sur le moment de mal à prendre un avion», confie la ministre.
Pujadas revient à la charge et fait remarquer que les troubles avaient déjà commencé en Tunisie quand MAM y est arrivée en vacances pour 5 jours, entre Noël et le jour de l’an, avec ses parents et son compagnon ministre. Réplique incroyable de MAM : «Les événements sont intervenus après le 1er janvier. Il n’y avait pas de problème. Il n’y avait rien. Regardez les journaux de l’époque. Il n’y avait aucune répression.» J’insiste pour dire que les mots qui précèdent sont le verbatim exact des propos tenus par MAM ce soir sur France 2.
Mais le meilleur est à venir quand MAM évoque le suicide par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie), l’événement catalyseur de la révolte.
Le jeune homme s’est immolé le 17 décembre. Des émeutes ont éclaté dès le lendemain dans la région. Ben Ali s’en est inquiété et s’est rendu le 28 décembre au chevet du Mohamed Bouazizi qui est mort le 4 janvier. Ces événements ont été amplement racontés par la presse française et internationale. MAM n’en a rien su avant son séjour à Tabarka ni pendant.
Voici ce que dit Michèle Alliot-Marie sur France 2 : «Le suicide s’est produit, il me semble, à la fin de mon séjour. C’est le souvenir que j’en ai.» C’est évidemment faux : le suicide de Mohamed Bouazizi s’est produit quand MAM était encore à Paris. Ce fait marquant, devenu symbolique, a été immédiatement développé dans tous les médias français. On peut aussi imaginer que la ministre des Affaires étrangères, dans son bureau du Quai d’Orsay, avait d’autres sources (peut-être un télégramme de Pierre Ménat, son clairvoyant ambassadeur à Tunis) pour s’informer sur le pays où elle s’apprêtait à passer quelques jours. Non, rien de tout cela n’a empêché la ministre et son entourage de partir tranquillement en vacances en Tunisie. Un voyage décidé «à la dernière minute», a-t-elle précisé.
MAM sort un argument que je trouve impayable. Sur France 2, elle a dit : «Si on doit aller dans les pays où il ne passe rien, il n’y en a pas beaucoup où vous allez pouvoir vous rendre.» Cette phrase, en dépit de sa syntaxe hasardeuse, est culte.
En bonus, je vous offre une dernière perle confiée par MAM à Pujadas : «J’ai des amis riches mais j’ai aussi des amis qui sont très peu riches en Tunisie». Je n’invente rien. C’est du MAM dans le texte.
Internet a contribué à chasser Ben Ali de Tunisie et fait vaciller actuellement Moubarak en Egypte. Je me demande si Internet ne pourrait pas, en criant très fort, nous débarrasser de MAM.
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Voici la vidéo de ce moment d'anthologie :
On a appris samedi 5 février que Michèle Alliot-Marie et ses compagnons de voyage avaient profité une deuxième fois d'un vol en jet privé, toujours grâce au même ami, pour effectuer une excursion dans le sud de la Tunisie. (Lire en cliquant ici)
Très bon article c'est tout à fait "mon sentiment", et en parlant de sentiment, ce qu'a exactement déclaré mam c'est :"mon sentiment c'est que le suicide de ce jeune homme s'est produit après mon départ"...Son sentiment...C'est vraiment lamentable: Ce n'est plus une date précise, c'est un sentiment.
RépondreSupprimerIncompétence, amateurisme, arrogance, mensonge. Tout est réuni.
RépondreSupprimerBien fait. Simple précis et très instructif...
RépondreSupprimerLe coup de l'ami qui vous attend avec son jet privé en bout de piste comme "tous les français", elle était déjà sur Canal celle-ci et je me suis bien marré. Elle n'a pas fait celui de "il ne se passait rien quand j'y étais" (juste des émeutes mais vu du "savoir-faire sécuritaire" qui l'anime c'était une broutille), ou le "si vous allez en vacances là où il ne se passe rien vous n'allez nulle part" (ahurissant, les pays en guerre ou en insurrection, c'est top hype !)... M A M - D E M I S S I O N ... M A M - D E M I S S I O N ... M A M - D E M I S S I O N
RépondreSupprimerpar ailleurs je voulais preciser que dans un article que jai lu dans 20 minutes elle n'avait pas vu ben ali en tete a tete depuis 2006, hors au sommet europe afrique a tripoli elle l'a bien vu lors d'une audience en tete a tete; archive de lapresse.tn du 1.12.2010 (photo à l'appui)
RépondreSupprimerUn fonctionnaire est fonctionnaire 24h sur 24, à fortiori un ministre. ça porte un nom: la continuité de l'état.
RépondreSupprimerDomingo
Une ou un ministre n'est pas, techniquement, fonctionnaire. Mais c'est un membre du gouvernement et ses responsabilités sont encore plus essentielles.
RépondreSupprimerle papier de Samuel Laurent (qui en republie un autre aujourd'hui, en complément) dans Le Monde, n'est pas mal non plus.... sur le même sujet(voir ici les références : http://gauchedecombat.wordpress.com/2011/02/02/mam-ment-jai-rate-lavion/)
RépondreSupprimerDommage que l'entretien MAM-Ben Ali du 1er décembre 2010 ne soit pas plus médiatisé.
RépondreSupprimerCe serait tout de même la preuve par 9 des mensonges accumulés.
Je n'ai pas trouvé l'article "archive de la presse tn", mais ça mériterait un article avec des mots-clés qui permettraient de trouver facilement cet entretien, ainsi que la photo, sur Google.
Bravo pour cet article, bien que tout ça donne la nausée.
Un scénariste pondrait une histoire pareil, ce serait tellement énorme que personne n'oserait la produire. Par contre ça ferait un très bon sketch!
RépondreSupprimerRéponse à l'anonyme de 17h45
RépondreSupprimer-------------------------
J'ai retrouvé la trace d'un tête-à-tête entre MAM et Ben Ali le 30 novembre 2010, en marge du sommet Afrique/Union Européenne à Tripoli en Libye.
Mais je n'ai pas trouvé de photo.
A Anyhow
RépondreSupprimerCette "trace" de l'entretien MAM-Ben Ali est-elle une preuve intangible?
Dans ce cas, il faudrait la faire remonter dans les premières pages de google, ou d'autres moteurs de recherche, avec les mots-clefs appropriés, afin que ce soit clair pour tout le monde.
Bizarre tout de même que le Canard Enchaîné n'ait pas sauté là-dessus.
Mon "sentiment", puisqu'on est dans les "sentiments", c'est que MAM est au bord du remerciement.
Je crains hélas que MAM, l'insubmersible, traverse cet épisode comme elle a traversé tous les autres où son incompétence était tout aussi flagrante.
RépondreSupprimerMais on va essayer de faire parler de son tête-à-tête avec Ben Ali de fin novembre. Comptez sur moi.
"La femme sera vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente."
RépondreSupprimer- Françoise Giroud
Très classe le gouvernement "irréprochable"
Bon d'accord, le sieur Miled était racketté par le clan Ben Ali et était obligé de faire allégeance... mais on ne va pas pleurer sur son sort: chaines d'hôtels, jet privé,... il s'est bien accommodé du système et MAM n'a pas fait état des états d'âme de son "ami". De toute façon la prise d'intérêt du clan ben Ali dans toute entreprise était une forme de nationalisation! une nationalisation privée ok mais comme le nouvel état tunisien va saisir tous ces biens mal acquis MAM pourra retourner en vacances chez son pote. Tout est bien qui fini bien!
RépondreSupprimerNullissime, MAM?
RépondreSupprimerElle vient de se faire encenser par son homologue tunisien.
Une parade bien trouvée pour faire taire tout le monde, même si on apprend au même moment que le jet privé appartenait au frère Trabelsi.
Elle est lamentable, oui, parce que son jeu principal, c'est la manipulation.
Elle tire sur des ficelles qui lui ont toujours réussi, en jouant sur les mots, en feignant la bonne foi, les bons sentiments, la naïveté, et en ne faiblissant jamais.
Plus personne n'y croit, alors elle recommence sur un terrain vierge, son homologue tunisien.
Par pitié arrêtez avec ce surnom ridicule, niais et finalement affectueux. Si vous tenez absolument à lui en donner un essayez "MIAM" ça lui ira mieux
RépondreSupprimerVous avez raison, MAM, c'est trop affectueux.
RépondreSupprimerLa Mère Alliot, elle est tout de même sacrément tordue, malhonnête, menteuse, opportuniste, sans état d'âme, arrogante, et Sarko aurait intérêt à se réveiller assez vite.
J'ai lu, je ne sais plus dans quel journal, que son passage au Ministère de l'Intérieur lui avait permis d'avoir pas mal de renseignements compromettants sur une foule d'hommes politiques.
Ceci explique peut-être son maintien à ce poste où elle cumule les gaffes.
Elle aurait de quoi faire chanter sur tous les tons, de quoi faire une vraie chorale.
A Anyhow
RépondreSupprimerOù en sont vos recherchez sur l'entrevue Alliot-Marie-Ben Ali?
Michèle Alliot-Marie conduisait la délégation française au sommet Afrique/Union Européenne qui a eu lieu les 29 et 30 novembre 2010 à Tripoli en Libye.
RépondreSupprimerLe président tunisien Ben Ali y participait.
En marge de ce sommet, Ben Ali et Alliot-Marie se sont vus en tête-à-tête.
Voici le compte-rendu fait par "Le presse de Tunisie" de ce sommet :
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Le président Zine El Abidine Ben Ali a regagné Tunis après avoir participé, à Tripoli, au 3e sommet Afrique-Europe.
Au cours de ce sommet, le pésident Ben Ali a prononcé, au nom du continent africain, une allocution dans laquelle il a présenté un ensemble de propositions concernant notamment le partenariat économique, la coopération dans le domaine des nouvelles technologies et l'accès des jeunes aux réseaux de l'information.
Lors de ce sommet, le président Zine El Abidine Ben Ali avait eu des rencontres avec plusieurs dirigeants et chefs de délégations africaines et européennes, dont en particulier, le Leader Mouammar Kadhafi, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le président du conseil italien Silvio Berlusconi, le président Gabonais Ali Bongo, le président tchadien Idriss Deby Itno, le président Togolais Faure Gnassingbé Eyadema, le premier ministre portugais José Socrates et le premier ministre du Luxembourg Jean-claude Juncker. Ces rencontres ont, particulièrement, porté sur les perspectives de dialogue et de la coopération entre l'Afrique et l'Europe.
L'évolution des relations tuniso-Françaises et les perspectives de leur développement ont été au centre de l'audience accordée par le président Zine El Abidine Ben Ali à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre française des affaires étrangères et européennes et chef de la délégation française au sommet Afrique-Europe. La ministre a transmis au président de la République les salutations et les sentiments de considération du président Nicolas Sarkozy.
Le chef de l'Etat a, pour sa part, chargé la ministre de transmettre ses sentiments cordiaux au président français réaffirmant la volonté de la Tunisie de renforcer la concertation et la coopération entre les deux pays au service des intérêts communs.
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Cette entrevue est niée par la principale intéressée, qui dit n'avoir pas rencontré Ben Ali depuis 2006.
RépondreSupprimerCa ne fait qu'un mensonge supplémentaire, mais de taille.
Ben Ali mentait. MAM ment. Concours de Pinocchio.
RépondreSupprimerEt voilà-t-y-pas que notre ministre a utilisé le même jet privé pour une sortie dans le sud de la Tunisie, ce qui lui a évité de passer par Kasserine et Sidi Bouzid.
RépondreSupprimerUne sortie touristique, prévue, organisée, par le clan Trabelsi.
On n'a pas fini d'apprendre les raisons qui ont guidé Alliot-Marie dans ses positions vis à vis de la Tunisie au début de la révolution.
Euh, pourquoi diable certains demandent-ils à Sarkozy de "se réveiller" et de débarquer cette encombrante ministre ?
RépondreSupprimerAu contraire, elle symbolise à merveille le sarkozysme : collusion permanente, et ressentie comme parfaitement naturelle, des politiques avec les milieux d'affaires, absence totale de scrupules quant à l'origine de l'aisance financière de ces "amis riches", indifférence au caractère autoritaire des régimes "amis", confusion des genres, avilissement des fonctions officielles et instrumentalisation de l'état, participation pleine et assumée de l'élite politique à l'oligarchie financière et industrielle, promotion de la ploutocratie sécuritaire.
Alliot-Marie n'est qu'un bon petit soldat. Ce n'est pas la ministre qu'il faut démettre, c'est ce pouvoir exécutif abject, qui piétine la démocratie française et met en place une ploutocratie au seul bénéfice de la néoaristocratie industrielle et bancaire, qu'il faut éradiquer.
Les peuples d'Afrique du Nord secouent actuellement les jougs des pouvoirs autocratiques qui les accablent depuis trois décennies. Si nos gouvernants ne tirent pas à balles réelles sur le peuple (ils préfèrent les taser et les flashballs, plus médiatiquement corrects), ils constituent, en tant qu'oligarchie assumée, une menace contre les démocraties occidentales.
Déception.
RépondreSupprimerSi, dans les faits, on peut rapprocher les escapades d'Alliot-Marie et de Fillon, il n'en est pas de même pour le nombre de gaffes, pour la malhonnêté intellectuelle, pour la mauvaise foi, pour les bourdes monumentales, les petits arrangements avec les dates, les mots, les motivations, pour les revirements et les pirouettes, pour enfin tout ce qui est foncièrement grave au niveau de la personnalité de l'intéressée.
Ce n'est pas pour son voyage qu'Alliot-Marie devrait être virée, c'est pour ce qu'elle a montré d'elle-même, de son psychisme tordu, qui la rend définitivement non-crédible.
C'est cette malhonnêté qui a été relevée dans tous les commentaires, et qui a choqué.
Sarkozy n'a rien compris. Il le payera cher.
Si il avait viré sa ministre du Quai en gardant Fillon, il aurait relevé son image, il se serait montré à cheval sur l'éthique.
En s'en tenant juste aux faits, il signe sans conteste que l'éthique, il s'asseoit dessus. Il n'a pas vu le ridicule, les contorsions morales. Il lui manque la même case qu'à Alliot-Marie.
A lire, pour continuer à pâlir, les nouvelles révélations du Canard ce soir.
RépondreSupprimerLes parents de MIAM ont acheté, à plus de 90 ans, des parts d'une société à Aziz Miled...
Une transaction prévue sans doute depuis longtemps, et qui explique les virées en jet,et tout le reste.
Les parents, ou Miam elle-même? Quel intérêt ces parents-là auraient, à leur âge, à investir dans une entreprise tunisienne?
On savait qu'on en apprendrait encore et encore plus sur elle. C'est fait.