"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

jeudi 1 mai 2008

La France m'a tout donné !


Au loin, je devine encore le tumulte de la manifestation du 1er Mai qui est passée sous mes fenêtres avant que je ne rentre chez moi. J'habite au centre nerveux de toutes les manifs parisiennes. Je suis un observateur privilégié.

J'entends des clameurs confuses sans comprendre les slogans. Je ne perçois que la hargne s'échappant des mégaphones poussifs.

En queue de cortège, il y a les irréductibles, les irrécupérables, les trotskistes, avec leurs drapeaux rouges siglés de faucilles et de marteaux.

N'ont-ils donc jamais rien lu, rien appris, sur les crimes massifs commis au nom de ces symboles d'un autre âge ?

J'aperçois, de mon balcon, quelques effigies de Che Guevara. On n'en sortira donc jamais de cette quincaillerie gauchiste ? Che Guevara ! La photo du personnage est belle. Son parcours demeure beaucoup plus discutable.

Que d'erreurs commises pour une jolie photographie ! Amis qui avez si assidûment soutenu le régime castriste, n'avez-vous pas aujourd'hui un ou deux regrets ? Je ne dis même pas : un ou deux remords.

Tiens, c'est marrant, dans la manif du 1er Mai 2008 à Paris, pas un mot sur Mao. Le Grand Timonier a été gommé.

Il y a quarante ans, en Mai 1968, c'était pourtant lui la superstar ! La Chine Populaire, la Chine Pop, n'était-ce pas le parangon de ceux qui voulaient jadis catapulter le capitalisme hors de la stratosphère ?

Finalement, vous aviez raison, vous les gauchistes de 68 : Mao a tout réussi. La Chine (toujours officiellement 'Populaire') taille des croupières à toute la planète. Le portrait de Mao trône toujours à Pékin sur la place Tienanmen.

L'ouverture des magasins le dimanche ou les jours fériés, parlons-en ! La CGT française est contre, évidemment. Aujourd'hui, 1er Mai 2008, fête du travail, est également jour férié en Chine Populaire.

Les magasins sont tous ouverts en Chine. C'est même un jour où les Chinois se ruent en masse dans les rayons. Les Chinois ont très peu de jours de congés, pas de RTT. Alors, quand c'est, férié, ils vont faire leurs courses.

Cette année, ils ont un peu boudé les magasins "Carrefour" de Chine. On les comprend. On ne peut pas se laisser insulter impunément par un petit pays lointain et arrogant sans réagir d'une façon ou d'une autre.

En ce 1er Mai 2008, ici à Paris, ils n'en finissent pas de s'éloigner de mes fenêtres, les gauchistes français, en queue de cortège avec leurs tambours et leurs portraits de Che Guevara !

Pendant ce temps-là, cet agréable pays qu'on appelle "France" s'enfonce dans la léthargie, le passéisme et le corporatisme. La vraie queue de cortège, c'est celle-là ! Mais le cortège qui se meut péniblement sous mes yeux a décidé d'ignorer ce mauvais présage.

Pauvreté, chômage, précarité, petites retraites, recherche qui ne trouve plus rien, université en déroute, enseignement secondaire encalminé, déficits publics abyssaux, protection sociale à la dérive.

J'en reviens toujours à ma première observation qui date du tout début du millénaire. Je rentrais d'un séjour très prolongé dans un pays éloigné. Je me suis dit à cette époque : ça ne marchera jamais ici parce que les Français ne travaillent pas assez.

Martine Aubry, vous avez introduit un doute très néfaste dans la tête de nos concitoyens : les 35 heures ne sont pas une avancée. C'est un recul qui bloque tout : l'initiative, le risque, la compétitivité.

La France, pour résumer, est un joli pays tempéré, riche de son Histoire et de ses monuments à visiter selon les horaires syndicaux des gardiens assermentés par le Ministère de la Culture.

Oui, la France, c'est ça : une intermittence du spectacle qui encaisse ses petites rentes en râlant.

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