"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 30 mars 2008

Encre de Chine


Une nouvelle petite scène de la vie parisienne.

Dimanche après-midi, dans le métro entre Bastille et République, ligne 5. Pas beaucoup de monde. Le trajet est court, quelques minutes à peine.

Assis en face de moi, un jeune homme vêtu de noir écoute de la musique avec des écouteurs. Soudain, comme pris par une urgence, le jeune homme sort prestement d'une poche un petit carnet et un feutre noir. Il se met à dessiner.

Je me demande quel peut être l'objet de son croquis. Je comprends assez vite en me retournant : une banquette derrière moi est un assis un vieux Chinois penché sur une canne et coiffé d'une casquette. Le personnage, habillé avec soin, est beau et digne.

Le jeune homme réalise son croquis à toute vitesse, de la main gauche. Ses yeux passent alternativement de son carnet à son sujet : le vieux Chinois qui ignore ce qui se passe.

La rame arrive à République. Tout le monde descend : le vieux Chinois, le jeune dessinateur et moi-même.

Hasard des couloirs de cette vaste station, je me dirige vers la même sortie que le dessinateur. Il est derrière moi. Je me retourne et, pris d'une forte curiosité, je lui demande de mon montrer son dessin. Il est surpris, gêné, modeste. "Ce n'est qu'un petit dessin", me dit-il. Il accepte néanmoins de me le montrer.

C'est un croquis à la pointe fine, léger, subtil, précis. On reconnaît aussitôt le vieux Chinois assis dans le métro. Le jeune homme me raconte qu'il fait très régulièrement des dessins de ce genre. Il croque les gens, les arbres, les bâtiments. Il s'éloigne avec son petit carnet après m'avoir poliment salué.

Je pense à ces millions de photos inutiles prises n'importe où et n'importe comment avec des appareils numériques ou avec des téléphones portables.

Le petit dessin, saisi dans le métro en quelques minutes par un jeune homme qui a eu l'œil éveillé pour repérer un modèle et le restituer rapidement sur un petit carnet, est infiniment plus précieux que ces millions de photos numériques moches, floues et superflues.

vendredi 28 mars 2008

Les collants de la République


Réceptions, voyages, restaurants et dépenses personnelles: la ministre de la Justice a dépensé en moins de trois mois près des deux tiers des "frais de réception" alloués à son cabinet pour toute l'année 2008. Un dépassement de 30% avait déjà été enregistré l'an dernier. Le contrôleur financier du ministère s'en inquiète.

C'est ce que révèle le site d'information 'médiapart'. On y apprend aussi que Madame Dati fait passer sur le budget de son ministère les produits de maquillage qu'elle utilise lorsqu'une télé vient cadrer à l'improviste son joli minois.

La Garde de Sceaux facture également aux contribuables l'achat d'urgence de quelques "collants", lorsque cet accessoire vestimentaire doit être impérativement remplacé après un malencontreux "filage". Un collant qui file, c'est la guigne !

Je ne devrais pas, me direz-vous, chipoter pour quelques collants et un peu de fond de teint. Tout de même, c'est à la fois mesquin, tristement révélateur et proprement scandaleux !

Si un collant de Madame Dati a filé (c'est un drame pour une femme, je le conçois), je trouverais plus élégant et républicain que la Ministre de la Justice sorte un peu d'argent personnel de son sac à main (Gucci, Louis Vuitton, Prada ?) et demande à un membre de son équipe (un huissier à chaînes comme il y en a à foison Place Vendôme) d'aller faire l'emplette d'un collant au Monoprix du coin.

Madame Dati a largement les moyens de se payer elle-même un collant. Mon objection ne porte pas sur la somme imputée au budget de l'Etat. C'est pour le principe. Dans n'importe quelle démocratie responsable, après la découverte d'une telle indélicatesse, aucun membre de gouvernement ne pourrait rester à son poste plus de 24 heures.

Par ailleurs, il ne serait que justice que notre Garde des Sceaux restitue dans des délais raisonnables les robes qui lui sont aimablement prêtées par des grands couturiers comme Dior. C'est un prêt, pas un don. On a dit : Garde des Sceaux. On n'a pas dit : Garde les robes !

mercredi 26 mars 2008

Julien Gracq, comme Thierry Gilardi, est mort.


Jean-Claude Brialy, Henri Salvador, Carlos. La France médiatique aime la viande froide. On enterre à tour de bras dans l'Hexagone. On s'émeut, on témoigne, on s'empoigne en pleurant.

Hommages, larmes et rétrospectives. Souvenirs, souvenirs.

Le dernière victime nécrologique en date, c'est Thierry Gilardi. C'était un journaliste de télé, spécialisé dans le football. Il a été terrassé par une crise cardiaque à l'âge de 49 ans. Beaucoup trop tôt, évidemment. Comme je l'ai entendu aujourd'hui à la radio : "il ne demandait qu'à vivre". Bien vu.

Thierry Gilardi laisse derrière lui une œuvre immense : des heures et des heures de commentaires de matches de football. Il a fait son boulot. Il l'a plutôt très bien fait, de l'avis général.

Mais fallait-il pour autant construire à Gilardi ce Panthéon immédiat ? Une messe aux Invalides ? Sarko vêtu de noir en prime ? Faut pas exagérer.

Gilardi était un homme sympathique, un bon professionnel. Mais juste un journaliste sportif à la télé. Ne mélangeons pas tout.

Quand Julien Gracq est mort trois jours avant Noël, en décembre dernier, qui s'en est soucié ?

Julien Gracq ou Thierry Gilardi ? Je ne vous demande pas de choisir votre camp. Lisez Gracq et vous m'en direz des nouvelles. Et merci et au revoir à Thierry Gilardi.

mardi 25 mars 2008

Trio maudit

Public chéri, soudain, j'ai une illumination, sous forme de concentré de toutes mes rancoeurs récentes.

Quel est le rapport entre Robert Ménard (objet de ma précédente chronique), Augustin Legrand (alias Monsieur Don Quichotte) et José Bové (le plouc biodégradable) ?

Ces trois personnages ont surgi ces dernières années comme des évidences médiatiques.

Invités partout sur les plateaux de radio et de télé, sollicités sans cesse, exprimant des vérités premières que chacun est prié de boire comme du petit lait.

Ménard, Legrand, Bové : le triangle des Bermudes des certitudes contemporaines. Aucun n'a jamais été élu, choisi, coopté. Ménard, Legrand, Bové : combien de divisions ? Aucune, mesdames et messieurs.

Ménard, je lui ai déjà réglé son compte, très récemment (voir la note d'hier). Inutile d'y revenir.

Sur Bové, je n'insiste pas non plus. Le suffrage universel auquel il s'est soumis tardivement l'a remis à sa place : dans un coin obscur. Un tout petit coin.

Augustin Legrand est le plus attachant de ce trio de "losers". Il a payé de sa personne pour une mauvaise cause. Les sans-abri, il y a laissé sa chemise, Augustin. Il n'a plus un rond, ce garçon. C'est vrai.

Trois vraies questions affreusement mal posées, par la vindicte et l'exagération : la liberté de la presse, l'alimentation et l'agriculture, la crise du logement en France.

Tout ce qui est excessif est insignifiant.

Pour Ménard : aller faire le zouave à Olympie, triste mascarade.

Pour Bové : faucher des OGM et casser un MacDo, c'est du guignol.

Pour Legrand : planter des tentes sur le canal Saint-Martin et défier Boutin. Est-ce bien à la hauteur des enjeux ?

Ménard, Legrand, Bové. L'usurpateur, l'agitateur, le frustre.

D'où sortent-ils ces personnages ? D'où tiennent-ils leur légitimité ? J'en reviens sans cesse à ma question première : d'où parlent-ils ? Au nom de qui ?

lundi 24 mars 2008

Pas de moussaka pour Robert.


Ce brave petit Robert est secrétaire général à vie. Oui : "à vie". Qui t'a fait roi, Robert ?

Il s'agit de Robert Ménard, secrétaire général à vie de "Reporters sans frontières". Il s'agit d'un homme, a priori respectable, qui s'est auto-proclamé conscience universelle de la presse, depuis 23 ans, depuis 1985.

Comment avons-nous survécu, comment la liberté de la presse s'est-elle défendue avant cela ? Je l'ignore. Quelle angoisse, quand on y songe ! N'avions-nous donc aucun rempart contre l'oppression et la vilaine censure avant le surgissement salutaire de Super-Robert ? Ça fout la trouille, non ?

Qui est Robert Ménard ? C'est une personnalité éminente constamment consultée par les médias. Aucun combat existentiel n'existe sans Robert. C'est le précepte, c'est le présupposé. Tellement important, Bob la menace, que Sarko vient de lui filer la Légion d'Honneur. C'est vous dire que le bonhomme n'est pas n'importe qui.

Quand on fouille rapidement dans son époustouflant cursus, Ménard, 54 ans, est à ses débuts un sympathique agitateur : dans sa jeunesse incertaine, il oscille entre le gauchisme et le socialisme, entre la LCR et le PS.

Par les hasards de la vie, à la fin des années 70, il commence à s'exprimer sur une radio libre de Béziers. La radio est vite interdite. Puis Ménard crée un très éphémère magazine gratuit, toujours à Béziers. Pas un rond des annonceurs que la publication rebute. La feuille de chou disparaît. Enfin, Ménard s'aperçoit qu'il doit gagner sa croûte. Il travaille donc pendant environ 5 ans à Radio-France-Hérault, à Montpellier.

On aimerait tant que les archives de l'Institut National de l'Audiovisuel nous fasse profiter des prouesses radiophoniques de notre Robert dans l'Hérault !

C'est donc ainsi que s'achève très prématurément, en 1989, la vibrante carrière journalistique de Robert Ménard.

Elle se résume de la façon suivante : une radio libre avec une audience probablement confidentielle, un magazine gratuit qui a fait faillite et quelques courtes années dans une antenne locale de la radio d'Etat.

N'est pas Joseph Kessel qui veut. Albert Londres peut dormir tranquille. Le duo du "Washington Post" (Woodward et Bernstein) qui a fait sombrer Nixon n'est pas menacé.

Qu'on se le dise : "Robert Ménard est Robert Ménard". Et pour lui, c'est déjà énorme.

Cet homme qui n'a pas fait de journalisme depuis presque 20 ans (et dans les modestes mais méritoires conditions décrites plus haut) s'est arrogé le droit de donner des leçons de morale et de journalisme à la terre entière.

Ce Robert Ménard, vociférateur patenté, a encore ramené sa fraise aujourd'hui à Olympie en Grèce, alors que se déroulait la cérémonie de la flamme olympique.

Ménard a gesticulé au nom des Tibétains en agitant une banderole. De quoi je me mêle, franchement !

Ménard a été coffré par la police grecque. Qu'elle le garde au frais le plus longtemps possible. Et pas de moussaka pour cet encombrant trublion !

jeudi 20 mars 2008

Lettre à David M. avant son départ pour New York


Cher David,

T'as voulu voir Neuilly et tu verras New York.

Avoue que tu n'y perds pas au change. Maire de Neuilly, quelle drôle d'ambition ! Faut s'appeler Sarkozy pour avoir des idées clinquantes comme ça.

C'est raté pour toi, David, tu fais tes valises et tu débarques bientôt à Manhattan. C'est le point de chute que ton patron Nicolas a trouvé pour toi, après ta débandade municipale dans la banlieue la plus friquée de France et après tes prestations coincées de porte-parole de l'Elysée, sketch hebdomadaire attendu de tous les humoristes.

Tu t'en sors bien car, après le mémorable fiasco des Hauts-de-Seine, tu méritais sans doute le bas du tableau. Tu es diplomate, le monde est vaste et tu aurais pu te retrouver en poste à Paramaribo ou à Minsk.

Non, tu atterris à New York. Y a pire, franchement. Tu seras Consul Général de France. C'est un titre ronflant qui en impose sur une carte de visite. Consul, d'accord, mais "Général", je n'ai jamais compris pourquoi.

Alors, un peu de géographie pour commencer : New York est une ville importante aux Etats-Unis. Ce n'est pas la capitale. Tout le sale boulot est fait par l'Ambassadeur français à Washington.

A New York, le Consul Général est déchargé de presque toutes les corvées. D'ailleurs, quand on va sur le site Internet du consulat de New York et que l'on clique sur le lien "activités diplomatiques", on tombe sur une page vide (authentique).

Le Consul Général ne tamponne pas lui-même les visas des visiteurs qui veulent se rendre dans notre beau pays. Il a du petit personnel pour y remédier.

Le Consul Général à New York sert surtout à honorer de sa présence les nombreuses associations qui pullulent dans son secteur : l'amicale des boulistes de Central Park, la fraternité des Basques du Bronx, le club philatélique des Bretons de Brooklyn. Les journées sont bien remplies.

Le Consul Général de New York doit aussi, très régulièrement (parfois plusieurs fois par semaine), se déplacer à Kennedy Airport pour accueillir les dignitaires français qui traversent l'Atlantique en aéroplane : des secrétaires d'Etat empressés, des sénateurs bedonnants (souvent accompagnés de leur maîtresse désignée comme "attachée parlementaire") ou des personnalités éminentes ou exigeantes.

Le Consul Général angoisse encore davantage quand le Premier Ministre ou le Président décide de débarquer à New York. L'ambassadeur de Washington est toujours là dans ces grandes occasions, mais si un truc est foireux dans le protocole, c'est le Consul Général qui en prend plein la tronche.

Il faut aussi que tu saches, cher David, que les ministres les plus pénibles s'inventent toujours des missions saugrenues fin Novembre, début Décembre. Il ne faut pas s'y attarder. Ils ne viennent à New York que pour faire leurs courses de Noël. Il suffit de leur fournir les bonnes adresses et on s'en débarrasse à bon compte.

Parlons maintenant du logis, cher David. Ça se situe au 934 de la Cinquième Avenue. C'est cossu, avec vue sur Central Park. C'est très mal desservi par le métro. Il y a un arrêt de bus pas loin. Mais tu auras ta voiture avec chauffeur, alors tout va bien.

L'immeuble a fière allure, décoré comme il se doit par un joli drapeau tricolore. Au rez-de-chaussée, c'est inintéressant. Les grouillots (les tiens, en l'occurrence) reçoivent le petit peuple, français et étranger, pour la paperasse.

Au premier étage, les salons de réception comprennent notamment une assez belle salle à manger pour recevoir de temps en temps les personnalités du coin. Ne jamais négliger, par exemple, la communauté juive. C'est une tache essentielle du Consul Général de France à New York. Ne pas oublier qu'il y a beaucoup plus de Juifs à New York qu'à Tel-Aviv.

Au deuxième étage, des salons un peu plus privés et une autre salle à manger plus intime. Le cuisinier du Consulat est souvent excellent et les vins arrivent par la valise diplomatique. Pas de souci de ce côté-là.

Au troisième étage, quelques chambres dont la "chambre du ministre". C'est la chambre qui sert en théorie à tous les ministres de passage. Il suffit de changer les draps. Mais c'est rarement nécessaire. Les ministres préfèrent en général séjourner dans un grand hôtel très cher. Il y a d'autres chambres, moins jolies, mais pratiques pour les copains de passage.

Et puis, enfin, David, tu arrives chez toi. Te voici enfin au quatrième étage. Le Nirvana ! Les appartements privés, vraiment privés, les appartements du Consul Général de France à New York.

Alors là, faut pas t'imaginer débouchant dans la galerie des glaces de Versailles. Il faut te prévenir, David : c'est vraiment riquiqui. Pour te la faire courte, c'est tout bonnement un "deux-pièces cuisine". Un salon, une salle de bains, une cuisine, des toilettes et une chambre. En prime, néanmoins, une terrasse.

Mais pas de quoi écrire à la famille. Surtout si elle a l'intention de venir !

C'est ton nouvel univers, cher David. Un "deux-pièces cuisine" avec la télé et chauffage central.

Pour te consoler, regarde bien la carte du territoire consulaire dont tu as la charge. C'est beaucoup plus grand que Neuilly. Il y a d'abord l'Etat de New York, très vaste. Il va jusqu'aux grands lacs. Les chutes du Niagara, c'est ton territoire, David, tu te rends compte !

Il y aussi le Connecticut. Pas très rigolo. Mais ça vaut une petite promenade de temps en temps. Même chose pour le New Jersey qui est aussi à toi, David.

Mais le petit cadeau inclus dans ce boulot, ce sont les Bermudes. Mais oui, David, tu es aussi Consul Général des Bermudes (territoire placé sous l'autorité suprême de Sa Majesté Elizabeth II, Reine d'Angleterre et de plein d'autres trucs disparates). C'est ça la diplomatie française ! Les Bermudes, confetti britannique, c'est dans l'escarcelle du Consul de France à New York.

Alors, ne t'en prive pas, David ! Quand tu as le blues, quand Cécilia (résidente probable de New York) viendra t'emmerder au Consulat pour récupérer la pension alimentaire de son ex-mari, toi tu files à Hamilton en mission ultra-urgente, ultra-importante. Hamilton, c'est la capitale des Bermudes. Car tu es aussi Consul Général de ce trou perdu, très anglais, au climat tempéré, où les parties de golf sont délicieuses.

Bon voyage, David !

Bien à toi,

Anyhow.

mercredi 19 mars 2008

Une merde dans un bas de soie


En voici un qui a goûté à plusieurs râteliers (au moins deux) et qui ne s'en sort plutôt pas mal.



J'ai nommé Georges-Marc Benamou (GMB), successivement valet de Mitterrand et laquais de Sarkozy.



Ce Benamou a d'abord prospéré à gauche sous la houlette de Pierre Bergé (mécène du souverain de l'époque) qui a ouvert à GMB les portes du magazine "Globe", organe officiel de la branchitude socialo des années 80.



Petite traversée du désert ensuite, juste le temps d'écrire un petit bouquin abject où GMB traîne dans la boue et les ortolans celui qui l'avait sorti de l'ombre, c'est-à-dire Mitterrand. L'ingratitude est le péché des médiocres.



Le nouveau siècle (le 21ème) arrive et notre Benamou, avec armes et bagages et sans vergogne, franchit le Rubicon pour suivre le panache blanc de Nicolas Sarkozy. L'intrigant retrouve donc l'Elysée où il s'était tant prosterné du temps de "Tonton".



Notre homme n'a rien perdu de sa gestuelle courbée et s'incline désormais devant la magnificence de Sarkozy qui lui donne un bureau et quelques pouvoirs mal définis sur l'audio-visuel. Il en use et en abuse. Il pourrit la vie de la ministre de la Culture, la pourtant si inoffensive Christine Albanel.



Il fait trembler aussi les patrons des chaînes de télé publiques. En général, ces gens-là tremblent. Mais, sous l'œil inquisiteur de GMB, c'est un tsunami quotidien. Benamou est un dur, c'est ce qu'il veut prouver sans cesse.



Les mois passent. A peine dix mois. Le sarkozisme serait-il un court métrage ?



Benamou ramollit. Son étoile pâlit.



Il faut dire qu'en janvier, quand Sarko annonce la fin de la pub sur les télés publiques, GMB n'est absolument pas au courant. C'est pourtant son domaine. Il fait bonne figure. Il approuve aussitôt l'idée géniale du patron.



Peu à peu, l'imposture Benamou commence à devenir évidente. GMB est finalement chassé de son bureau élyséen. Le mièvre Christine Albanel que GMB avait tellement clouée au pilori conserve son ministère. Benamou fait ses cartons. C'est ça, la vie de courtisan : il y a des hauts et des bas.



Pour Benamou, ce sera un bas de soie. "Une merde dans un bas de soie", avait dit Napoléon à propos de Talleyrand. Rassurez-vous, chers lecteurs : Benamou n'est pas à la rue.



Il quitte l'Elysée pour s'installer bientôt à la Villa Médicis de Rome. Benamou hérite de la plus belle sinécure de la République : un palais à Rome et rien de spécial à faire. La bonne planque.



Rappel au passage de quelques épisodes récents de la carrière de GMB.



En juin de l'année dernière, GMB est prié par le barman de l'hôtel Raphaël, à Paris, de quitter une table "réservée". En guise de réplique, GMB envoie un ramequin de cacahuètes à la tête de l'employé de l'hôtel. Le barman sera mis à pied cinq jours.



Un peu plus tard, à Aix-en-Provence, GMB se contente, en quittant son hôtel, de régler les "extras", laissant la note de sa chambre à la mairie d’Aix. Celle-ci, sollicitée par l'hôtel, refuse de payer soulignant qu'elle avait bien invité le Président Sarkozy -qui n'est pas venu- mais pas son conseiller mandaté pour le remplacer.



Quelques semaines après, au cours de l'été, GMB photocopie à l'intention de Nicolas Sarkozy la fiche Wikipédia d'Ingmar Bergman pour lui rappeler la biographie du cinéaste qui venait de disparaître. Une photocopie fournie en temps voulu, ça n'a pas de prix. GMB le sait comme personne depuis l'époque de Mitterrand. Mais une photocopie ne suffit pas à effacer le reste.



Un peu malotru, un peu sagouin, un poil inculte. Notre GMB, chassé du Palais, s'installera à l'Académie de France de Rome, sise en la Villa Médicis. On a connu pire, comme punition.



La Villa Médicis, c'est chauffé en hiver et climatisé en été. On est logé et nourri. C'est bien situé dans la capitale italienne. Il y a du personnel de maison et une voiture de fonction.



Georges-Marc Benamou a écrit un jour (dans le magazine "Globe" qu'il dirigeait): "Tout ce qui est biniou, bourrée, béret basque, terroir, en un mot franchouillard, m’est franchement insupportable."



Ni biniou, ni béret basque à Rome. Vous êtes verni, GMB ! Une veine de cocu, vous dis-je.



Ne surnommait-on pas Talleyrand le "diable boiteux" ? Benamou est finalement un diablotin pour qui tout s'emboîte.

mardi 11 mars 2008

Chanteur très branché


C'est le titre génial de "Libération" pour la mort de Claude François, il y a trente ans. Le chanteur populaire est mort un samedi précédant le premier tour d'une élection législative. Le titre de "Libé" était dans le journal du lundi.

La légende raconte que Claude François est mort électrocuté en manipulant une applique électrique située au dessus de se baignoire, dans la salle de bains de son appartement du Boulevard Exelmans à Paris.

Mort foudroyé à 39 ans, un samedi après-midi alors qu'il était déjà en retard pour enregistrer une émission de télé avec Michel Drucker. Car, jeunes gens et jeunes filles, dans cette époque déjà très lointaine, Michel Drucker faisait déjà des émissions à la télé. Il en faisait depuis longtemps et il en fait toujours. Tout est normal, nous sommes en France.

Or donc, nous sommes le samedi 11 mars 1978. Claude François meurt dans sa baignoire, un peu comme Marat. Sauf que pour le chanteur, pas de Charlotte Corday, juste le cordon électrique. On est peu de chose, surtout les pieds dans l'eau avec 220 volts au bout des doigts.

C'est la version officielle. Impossible de la vérifier. Peu importe, Claude François est mort fort opportunément à l'âge de 39 ans. Franchement, qu'aurions-nous fait aujourd'hui d'un Claude François de 69 ans ? Vous l'imaginez allant faire ce soir un gala au foyer des anciens de Pithiviers puis un autre samedi après-midi à la salle des fêtes de Vierzon ?

Claude François est mort au meilleur moment. Il nous laisse plus de 500 chansons, parmi lesquelles "Comme d'habitude" que Paul Anka a si bien adaptée en anglais pour en faire un standard mondial intitulé "My way", chanté notamment par Presley et Sinatra.

Mais, en dehors de cela, quel est l'héritage de Claude François ? Les fringues nazes, les sautillements, les misérables claudettes ? Ce chanteur n'avait-il pas, entre vous et moi, une voix horripilante, affreusement mal placée, une voix de tête ?

Et puis ça suffit. Ça suffit de ce pays rabougri, la France, qui nous ressert à satiété un vieux ragoût réchauffé de gloires trépassées: Balavoine, Gainsbourg, Michel Berger. Et Claude François, forever.

Est-ce le bon jour pour dire que Claude François était un type autoritaire, méchant et colérique ? Un type pas sympa du tout, selon tous les témoignages. Dire aussi que Claude François était un obsédé sexuel, machiste et destructeur pour les (jeunes) femmes qu'il trouvait (nombreuses) sur son chemin.

Non, ce n'est pas le bon jour, trente ans après sa malencontreuse électrocution, pour dire ça. Alors je ne le dirai pas.

lundi 10 mars 2008

Fabius se penche sur la misère chez les pauvres.


Il faut parfois une bonne soirée électorale à la télé pour établir quelques vérités premières.



Hier soir, sur TF1 dès 20 heures, trônait l'inénarrable Laurent Fabius. Il fut jadis "le plus jeune premier ministre de la France". Fabius, dès qu'il voit de la lumière dans une station de télé, il se pointe, il s'installe et il pavane.



Il n'a pas changé, Fafa : toujours aussi chauve, toujours aussi fin dans l'analyse.



Voici ce qu'il a dit (sans rire) sur TF1 hier : "Il y a de la misère chez les gens très pauvres". Ben oui, Fafa, la misère c'est souvent chez les pauvres. C'est comme ça. Et chez les "très" pauvres, c'est encore plus miséreux.



Appréciez au passage, dans la bouche de Fabius, cette expression : "les gens". C'est qui "les gens" ? Les gens, c'est tout le monde ou presque, sauf Fabius. Il n'est pas dans "les gens", Fabius.



Il est juste représentant des "gens". Représentant "socialiste", comme chacun sait.



"Il y a de la misère chez les gens très pauvres". Il s'y connaît Fabius, pour s'exprimer avec une telle magnanimité.



Fabius, fils d'antiquaire de luxe, réfléchit à "la misère" dans le salon de son appartement cossu, face au Panthéon.



Il est toujours préférable d'avoir un grand recul pour apprécier une situation sociale.



Fabius, c'est le champion de France du recul.

dimanche 9 mars 2008

Une veste pour Vanneste


Au moins une bonne nouvelle dans ces élections : le funeste Vanneste s'est pris une veste majeure aux municipales de Tourcoing, dans le Nord. Le candidat socialiste Michel-François Delannoy est élu dès le premier tour.



Christian Vanneste, candidat de l'UMP, termine piteusement troisième, avec moins d'un tiers des suffrages. Christian Vanneste est ce triste personnage, condamné par la Justice, pour ses propos homophobes. Condamnation confirmée en appel. Ce qui n'empêche pas Vanneste de maintenir ses déclarations haineuses.



Pour les législatives de Juin dernier, Vanneste n'avait pas été investi par l'UMP. Vanneste avait été réélu à l'Assemblée sous l'étiquette cache-sexe du CNI.



Mais pour ces municipales, l'UMP avait besoin de Vanneste dans l'espoir de s'emparer de la présidence de la Communauté Urbaine de la Métropole lilloise. C'est complètement raté. Vanneste mord la poussière et c'est tant mieux.

Ce matin, mutin, je butine.

Quelques petits trucs butinés dans les gazettes, tandis qu'une méchante pluie grise tombe sur la ville. Je lis par exemple à propos de Marie-Antoinette (grosse expo au Grand Palais consacrée à l'Autrichienne guillotinée) : "la femme s'entête". Oui, elle s'est entêtée, Marie-Antoinette, au point d'en perdre la boule !



Au lendemain de la journée de la femme, je découvre en souriant ce détournement paresseux d'un vers célèbre d'Aragon, chanté jadis par Jean Ferrat. Nouvelle version de la maxime aragonesque : "La flemme est l'avenir de l'Homme."



Plus tard, je feuillette un magazine qui évoque Anvers. J'ai tellement aimé Anvers. J'ai soudain le vague projet de dresser une petite liste subjective des endroits que j'aime sur cette planète. Je commence, en vrac : Taormina (Sicile), San José (capitale du Costa Rica), Vancouver (Canada), Jogjakarta (Indonésie), Essaouira (Maroc), Sydney (Australie), Taos (Nouveau-Mexique, Etats-Unis), Montpellier (France). Mais je m'arrête là. Trop d'endroits aimés pour des raisons trop différentes. Un risque : en oublier. Ou enjoliver certains souvenirs par commodité. Je ne terminerai pas cette liste.

samedi 8 mars 2008

Hypermarché


Je tiens à saluer une belle leçon de journalisme télévisé aujourd'hui à la mi-journée sur France 2.



C'est par pur hasard que j'étais devant mon téléviseur à ce moment-là.



Cette leçon de journalisme nous est livrée par Vincent N’Guyen, grand reporter de la chaîne publique.



Oui, Vincent est "grand reporter". Titre ronflant qui ne consiste pas seulement à prendre un avion pour aller à l'autre bout du monde afin de raconter des guerres lointaines.



"Grand reporter", c'est aussi raconter la réalité immédiate. Vincent N’Guyen s'est immergé dans le quotidien d'un hypermarché de Gif-sur-Yvette dans l'Essonne.



Certains nous bassinent avec l'Afghanistan, la Colombie, le Darfour. Sujets éminemment respectables.



Mais qui, à la télé française, nous a raconté avec une telle minutie la guerre et les conflits permanents qui s'ourdissent sous le toit d'un hypermarché de la grande banlieue ?



C'est un scoop, c'est du jamais vu. Tant d'images de Gaza, tant de récits venus du Kosovo. Et rien ne vient jamais de Gif-sur-Yvette, univers impitoyable.



Les clients, les caissières, le patron, les petites mains exploitées, la valse des étiquettes. Moi, c'est la première fois que la télé publique de mon pays me montre un hypermarché de manière aussi limpide.



J'apprends énormément de choses sur la France et les Français.



Le commentaire de Vincent N’Guyen accompagne avec justesse les images. Jamais un mot de trop.




En un mot comme en cent, ce reportage de Vincent N’Guyen (que je ne connais pas du tout) est exemplaire.



Il contient au moins dix informations à la minute. Et il durait environ 20 minutes. C'est vous dire !



Je suis épaté.



Merci beaucoup, Vincent N’Guyen.



Je sais maintenant pourquoi je paie une redevance. Ma redevance cette année devrait vous revenir intégralement.

jeudi 6 mars 2008

Seulement six degrés.


"Six degrés de séparation" est un concept intellectuel exaltant.



Cela revient à dire que chaque être humain, vivant sur notre minuscule planète, est en terrain connu avec l'humanité toute entière, par l'entremise de seulement six intermédiaires !



Bref, moi, à Paris, ayant salué, serré la main, échangé seulement quelques mots avec un inconnu total, le quidam absolu, je suis dans la liste. Un seul regard suffit, au fond, pour valider ce rapport personnel fugace et indirect à toute la population planétaire.



Ça arrive tous les jours. Le hasard est le premier vecteur.



Moi, habitant de Paris intra-muros, je dis bonjour, je m'excuse presque quotidiennement pour une mini-bousculade dans le métro. Je salue un clodo. Ou bien j'apostrophe en surface, près d'un passage piétons, un chauffard.



Un contact, toujours furtif, parfois agressif, s'établit.



Cette personne, inconnue de moi, a des amis, des relations, de la famille. Cette connaissance demeure tout près ou alors connaît des gens vraiment loin. Au bout du compte, ça fait du monde. Surtout si on multiplie.



Ce sont les joies de l'arithmétique : l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme, etc. C'est exponentiel, tout simplement.



Six degrés de séparation. J'y pense aujourd'hui à propos de tous ces gens trop célèbres, trop photographiés, exagérément "people".



Ces gens avec qui il me serait néanmoins possible d'établir beaucoup moins de "six degrés de séparation". Possible car, entre eux et moi, infiniment peu de degrés s'interposent.



Prenons un exemple dans l'actualité : entre moi et Carla B., zéro degré de séparation. On s'est vu. On s'est causé. Premier degré, non ? Elle est même venue chez moi, un soir. C'est vous dire. Ça vous épate, non ?



Même chose avec son mari actuel. Carla et Nicolas, c'est cash. Brut de décoffrage. J'en dirai tout autant, toujours sans intermédiaire, avec plein de gens plus ou moins intéressants mais diablement connus.



Je ne vais pas faire la liste. Ce serait embarrassant. No bling-bling. No "show-off".



Six degrés de séparation. C'est un joli exercice, quand on y songe, n'est-ce-pas ?



Au bout du compte, nous sommes tous, de près ou de loin, les potes du Pape !



Benoît, deux fois huit (et, au maximum, six degrés seulement d'écart).



You are my friend, Mister Pope ! It's a small world !

mercredi 5 mars 2008

Avoir 20 ans et ne plus les avoir.


Je lis avec délectation cette citation de Paul Léautaud (l'ermite acariâtre entouré de chats).



Il avait écrit ceci : "Être grave dans sa jeunesse, cela se paie souvent par une nouvelle jeunesse dans l'âge mûr".



Je vous fais un terrible aveu : j'étais grave dans ma jeunesse, grave de chez grave, comme disent les jeunes d'aujourd'hui.



Par les hasards de la vie, j'avais dîné à la table de Léo Ferré quand j'avais 20 ans. C'était en 1973. Ça vous donne des repères historiques, ça me situe dans la pyramide des âges.



J'avais pris des risques énormes ce soir-là. Il s'agissait, ni plus ni moins, de dîner à 20 ans avec Léo Ferré, l'un des meilleurs connaisseurs de cet âge. N'avait-il pas écrit cette chanson magnifique : "Avoir 20 ans" ?



Au milieu du repas, Léo m'a fixé de ses yeux pointus et m'a foudroyé en me disant : "Comme vous êtes triste, jeune homme."



Et oui, j'étais triste à 20 ans, sérieux, grave. Bien vu, Léo Ferré. A 20 ans, j'étais grave, gravissime.



Reconnaissez-le néanmoins, pour le freluquet incertain que j'étais alors, ce n'était une apostrophe facile à encaisser de la part du vieil anar de la chanson française.



Mais je le répète : Léo Ferré, au cours de cette soirée, avait vu juste. J'étais vraiment emmerdant et infréquentable à l'âge de 20 ans. J'étais un chien fou, désordonné, péremptoire, cinglant, glaçant, prétentieux et intolérant. Triste à mourir. Triste, avait dit Léo Ferré.



Je ne dis pas que je me suis amendé. Peut-être me suis-je seulement émollié (adjectif tellement inusité qu'il ne figure plus dans le "Petit Robert").



Paul Léautaud, par delà le trépas, m'accorde une revanche inespérée. J'étais donc "grave" dans ma jeunesse mais j'ai le droit de me payer une nouvelle jeunesse dans l'âge mûr. C'est ça, le postulat, cher Paul ? Bingo ! Partie gratuite, comme au flipper ?



J'en accepte l'augure, pardi !



Un quart de siècle après le dîner au cours duquel Léo Ferré me fusilla par une réplique autant méritée qu'assassine, j'accepte sans regimber le cadeau d'une seconde jeunesse.



Ou plutôt d'une nouvelle chance. Car j'ai raté globalement la version originale de la vraie première jeunesse.



Oui, ces temps-ci, je me sens jeune. Jeune de toute une vie.



J'observe avec intérêt la relève, les filles et les garçons de 20 ans qui se propulsent dans ce millénaire à peine entamé.



Combien de Rastignac, de Mélusine ?



Combien d'espoirs flétris, de désirs rejetés, de projets miraculeusement exaucés, de joies simples et immédiates (ce sont les meilleures), combien de sacrifices et d'aboutissements, combien d'explosions de tendresse, combien de chansons, combien de livres, combien d'enthousiasmes, combien de larmes, combien de sacrifices, quelle dose d'abnégation et de modestie, quels renoncements, quels courages ?



Ce sont mes questions, les questions que je pose à la génération nouvelle en vertu de cette jeunesse supplémentaire que m'accorde Paul Léautaud.



Bref, je veux connaître la suite, tout simplement parce que ce film, le film ininterrompu de nos vies, m'intéresse bougrement. On n'en verra pas la fin. C'est dans le contrat. Personne ne peut prétendre être le dernier spectateur de ce film-là. Mais on espère tous en voir beaucoup de bobines. Le maximum de bobines.

dimanche 2 mars 2008

Ça va mal finir...


Léo se rebiffe. François Léotard le dit dans un livre qu'il adresse sous ce titre à Nicolas Sarkozy : "Ça va mal finir." (parution prochaine chez Grasset et extraits au vitriol dans le "Nouvel Obs" de cette semaine). Léotard faisant la leçon à Sarkozy, c'est vous dire que l'heure est grave ! Mieux vaut Léotard que jamais, sans doute.



Manif serbe. C'est sous mes fenêtres. Les manifs, c'est toujours sous mes fenêtres, de toutes façons. Les Serbes ne digèrent toujours pas l'indépendance autoproclamée du Kosovo. J'entends dire ceci : "Imaginez, c'est un peu comme si la Corse se déclarait indépendante". Bonne idée, c'est quand vous voulez, les Corses !




La manche, quel tunnel ! Au pied de mon immeuble, cinq ou six jeunes clodos (tous moins de 25 ans) avec des chiens (rien que des chiens noirs, pourquoi ?). Ils font la manche. Ils sont en bonne santé, ils sont français, de race blanche, vigoureux. Donc sans la moindre excuse. Je leur dis : "Et vous n'avez jamais envisagé de travailler pour gagner de l'argent ?" Ils me traitent de fasciste. Ça promet, le 21ème siècle !