"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 21 mai 2008

Rétroviseur....


Les machines à laver offrent de multiples choix de programmes de lavage. En France, rien ne se perd, tout se recycle. La France est figée à jamais sur le programme "éternel retour", selon la définition de Jean Cocteau.

Ainsi donc, revoici devant nos yeux ébahis, pour l'été et pour plus longtemps sans doute, la réapparition de Patrick Sabatier, amuseur de télé, viré avec pertes et fracas dans les années 90. Il avait survécu petitement sur le câble et le satellite, dans des niches obscures. Patrick Sabatier revient en pleine lumière sur une chaîne nationale du service public, celui pour lequel nous donnons des sous, nous les braves contribuables citoyens. Sabatier revient. Il présentera un jeu sur France 2 tous les jours de cet été.

Je lis dans un hebdomadaire que ce même Sabatier est allé récemment pleurnicher sur son sort dans le giron du mari de Carla Bruni. Il paraît que Sarko 1er lui a promis des choses. Ça ne traîne pas, ce genre d'intervention. Patrick de Carolis, le patron de France-Télévisions, chiraquien notoire et de ce fait assis en permanence sur un siège éjectable, s'est empressé, très spontanément, d'offrir un os à ronger à Sabatier, nouveau protégé du palais élyséen. Ce qui nous offre donc cette perspective affriolante : tout un été avec Patrick Sabatier !

"Eternel retour", vous dis-je !

Dans le même genre, en plus inquiétant probablement, la couverture du magazine "Le Point" de cette semaine : "QUAND L'ALGERIE ETAIT FRANÇAISE". Je m'interroge avec consternation sur le besoin ressenti par un hebdomadaire d'information relativement sérieux comme "Le Point" de consacrer sa couverture et 19 pages à une affaire si lointaine. Vingt pages (dont la couverture) sur le bon vieux temps de l'Algérie française ? Il faudra qu'on m'explique.

C'est comme Pascal Sevran. Son fond de commerce, c'était à la télé : "La chance aux chansons", sempiternel bastringue de la ringardise franchouillarde qui s'égosille. On l'a enterré au cours d'une cérémonie religieuse avec des honneurs démesurés : une escouade de "people" attristés, des socialistes contrits et des ministres officiellement émus. Et même le Président (mari de la chanteuse italienne à guitare) a tenu à se recueillir un instant devant la dépouille mortelle de l'histrion cathodique. Pascal Sevran, icône. Icône de quoi ? Peu importe, braves gens, inclinez-vous devant la dépouille, sans trop vous poser de questions.

A force, avec cette médiocrité ambiante, on oublierait presque de citer Robert Rauschenberg. Il est mort trois jours après Pascal Sevran. Le trépas n'est pas un concours de beauté. Mais tout de même, en ce mois de mai 2008, dans les disparitions marquantes, il y a -avant tout- l'Américain Rauschenberg : peintre, artiste, créateur, citoyen. Figure majeure, incontestable.

Dans le rétroviseur français, je ne vois hélas que Sabatier qui revient et que Sevran qui se meurt. Et aussi : "Quand l'Algérie était française". Petit pays. Nous allons crever rapidement de notre étroitesse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais les nouveautés sont vomies par Sarkozy : voici ce qu'il a déclaré au sujet de la cité de la mode et du design «Je vois Bercy changé et j’ai vu également que l’on s’était occupé du bâtiment sur la Seine... Ce truc vert que l’on a collé dessus, ça doit être de l’architecture... Chacun ses goûts» (source : http://letemps.blogs.com/paris/).
Il préfère le château de la Belle au Bois Dormant de Disney probablement.

Anonyme a dit…

Et pendant ce temps-là, certains députés font la retape ( sans doute pour se faire mousser au 20 heures de TF 1 ) afin de conserver le numéro du département sur les plaques minéralogiques des voitures!
Ces mêmes députés qui se plaignent de leur charge de travail ! S'occuper de telles conneries alors qu'il y a tant d'urgences par ailleurs...