"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 31 octobre 2010

37 millions d'euros à gagner !


C’est une goutte d’eau, je le reconnais. Ça ne coûte que 37 millions d’euros par an. Mais ça ne sert strictement à rien. Cela s’appelle le Conseil Economique, Social et Environnemental.
Cette assemblée siège au Palais d’Iéna dans le 16ème arrondissement de Paris, l’un des plus beaux exemples d’architecture de la première moitié du XXième que l’on doit à Auguste Perret, maître du béton élégant. Franchement, c’est un bel édifice, doté en particulier d’une jolie rotonde et d’une double coupole qui surplombe une salle de conférence de 300 places.
C’est néanmoins une coquille vide car le Conseil Economique, Social et Environnemental est une institution rigoureusement inutile. Selon la Constitution, il s’agit de la troisième assemblée de la République après le Sénat et l’Assemblée Nationale (dans l’ordre de préséance).
Le Conseil Economique, Social et Environnemental doit en principe réfléchir au fonctionnement de la société française et, si possible, indiquer des pistes de réflexion.
En réalité, ce Conseil Economique, Social et Environnemental n’a aucun pouvoir, aucun rôle actif, sauf celui de pondre de doctes rapports qui finissent tous dans les oubliettes.
Cette assemblée compte 233 membres. Aucun n’est élu. Tous sont « désignés » pour 5 ans (renouvelables), essentiellement par les organisations professionnelles ou sociales. C’est une bonne gâche pour des patrons ou des syndicalistes en fin de carrière.
Le gouvernement dispose aussi d’un droit direct de nomination pour 40 sièges (et d’un droit indirect, sous son contrôle, pour 30 autres sièges).
Jadis, François Mitterrand avait fait jaser en nommant à ce conseil la chanteuse Georgette Lemaire (j’ai vérifié : elle est toujours vivante, mais elle ne siège plus au Palais d’Iéna).
Cette semaine, Nicolas Sarkozy et son gouvernement viennent de pistonner une nouvelle brouette de « conseillers ». Parmi les 40 heureux élus, on remarque aussitôt Raymond Soubie, ci-devant conseiller social de l’Elysée qui quitte ses fonctions au palais présidentiel. Bon, je vous l’accorde, « Raymond la science » (comme on le surnomme) n’usurpe pas sa place au Conseil Economique, Social et Environnemental. C’est même un expert des questions sociales, ce qui ne confère pas pour autant à l’institution une utilité spontanée.
Dans les autres nominations gouvernementales, je relève deux noms cocasses : l’escrimeuse Laura Flessel et la navigatrice Maud Fontenoy. Dans le genre incongru, ça vaut Georgette Lemaire.
Ces deux sportives méritantes vont donc siéger au Conseil Economique, Social et Environnemental.
Enfin, qu’elles ne fassent de zèle intempestif : l’assiduité n’est pas la règle essentielle. Le Palais d’Iéna est le plus souvent celui des courants d’air. Les séances plénières sont rares et peu suivies.
Ces nominations sont évidemment assorties d’émoluments. Un membre du Conseil Economique, Social et Environnemental touche au minimum 3788 € brut, environ 3000 € net. Il y a en outre des primes diverses et variées et des avantages substantiels sur les transports.
Le président de cette assemblée reçoit le double de la somme de base, plus des frais de représentations et autres bricoles. Le président actuel est le charismatique et pourtant discret Jacques Dermagne. Vous l’ignoriez ? Maintenant, vous le savez.
Vous allez me dire, 3000 €, il n’y a pas de quoi faire un scandale. Non, à condition que ce zinzin ait une quelconque utilité et ne soit pas un parking chauffé à copains ou à copines, une réserve naturelle de planqués.
3000 €, ce n’est rien, mais c’est quand même trois fois le SMIC !
Et ces 3000 € sont versés à des personnalités diverses et variées qui ne rendent aucun service précis à la collectivité. Donc, c’est très cher payé.
Pour mémoire, je rappelle ce que j’indiquais en préambule : le Conseil Economique, Social et Environnemental coûte 37 millions d’euros par an à la Nation, à vous, à moi, humbles contribuables. Le budget de l’Etat, très déficitaire, pourrait aisément se dispenser d’une telle dépense.
En cas de dissolution salutaire de ce machin superflu, Raymond Soubie (qui touche déjà sa retraite depuis longtemps) pourrait davantage s’intéresser au Théâtre des Champs-Elysées dont il est le Président. Laura Flessel pourrait astiquer à loisir ses épées. Maud Fontenoy pourrait ramer et louvoyer dans des eaux moins troubles.
Personne ne s’apercevrait de la disparition du Conseil Economique, Social et Environnemental.
Alors, pourquoi attendre ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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