C’est en écoutant la très bonne chronique de Guy Carlier ce matin sur Europe 1 que j’ai été saisi d'un frisson, pas celui provoqué par le grand vent de l'Histoire mais par le courant d'air du temps qui passe.
Carlier évoquait la décision prise hier par Sony au Japon de cesser de fabriquer le célèbre Walkman à cassette.
Mis sur le marché mondial il y a 30 ans, ce petit appareil a accompagné toute une génération. Grâce au Walkman, la musique devenait portative, individuelle et même égoïste à cause des écouteurs.
Les jeunes gens d’aujourd’hui doivent se demander si je suis né dans un recoin de la grotte de Lascaux. Le Walkman était en effet le lecteur MP3 de l’homme de Cro-Magnon. Je vous parle du temps analogique, il y a très très longtemps, juste après le paléolithique supérieur. Nous étions dans les années Mitterrand-Thatcher-Reagan, juste avant l’ère digitale.
J’ai fouillé dans mes placards. J’ai retrouvé deux Walkmans (c’est le pluriel officiel) dont un très beau que j’avais acheté à Pheonix (Arizona) en 1984.
J’ai aussi déniché, couvert de poussière, un lecteur Mini-Disk. Ça, c’était plutôt les années 90, déjà digital, mais encore rustique et rapidement tombé dans les oubliettes.
Dans une sacoche avachie gisent aussi deux appareils photo argentiques ("Dis papa, ça veut dire quoi, argentique ? C’est vrai qu’il fallait attendre plusieurs jours autrefois pour voir les photos qu’on avait prises ?").
J’ai aussi gardé (mais pour quoi faire ?) mon premier répondeur téléphonique à cassette. Ça aussi, bien avant l’arrivée du portable, ce fut un énorme changement dans nos habitudes, dans nos rapports avec le téléphone, avec les rendez-vous, avec l’espace et le temps.
Bon, les jeunes, j’arrête. Vous ne pouvez pas comprendre. Je referme ma brocante. Et je repasse sur Twitter.
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