"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 14 novembre 2007

American Gangster



Bon, on ne va pas tirer sur une ambulance. Surtout sur une ambulance en panne, l'ambulance qui transporte un grand corps malade : le cinéma français.

Je lis dans "Le Monde" que la dernière élucubration (très coûteuse) de Jean-Jacques Annaud est un flop gigantesque. Ça s'appellait "Sa Majesté Minor". C'est un budget de 30 millions d'euros qui n'a attiré que 140.000 spectateurs. C'est un énorme bide.

Même chose pour ce truc insipide intitulé "Le Deuxième Souffle" réalisé, si on ose dire, par Alain Corneau, auteur poussif d'un remake laborieux du film de Jean-Pierre Melville.

Deux bides.

Deux désastres qui n'existent que par le miracle permanent des subventions publiques à ces médiocres cinéastes qui n'intéressent personne.

Ces tâcherons ne subsistent que par la généreuse manne qu'on appelle "avance sur recette".

Seulement voilà, il n'y a pas de recette.

Pourquoi maintenir l'avance sur recette pour ces faiseurs franchouillards sans talent et sans public ? Je m'interroge.

Alors parlons de cinéma.

De vrai cinéma.

Parlons d'un film magnifique. Un film américain, évidemment.

Réalisateur : Ridley Scott (il est anglais, mais c'est un détail).

Celui-là, Ridley Scott, il peut pondre maintenant tous les navets qu'il souhaite.

Il en a fait quelques-uns mais on lui pardonne sans peine.

Il a de la marge, beaucoup plus que Corneau et Annaud.

Ridley Scoot dispose d'une sacrée longueur d'avance. Tout lui sera pardonné.

Nous lui devons à jamais ce chef d'œuvre qui nous hante depuis 25 ans : "Blade Runner" (1982), prémonition fulgurante de nos décadences urbaines.

C'est aussi Ridley Scott qui nous révèle, dans un petit rôle, un jeune homme qui fera du chemin ensuite : Brad Pitt (dans le jouissif "Thelma et Louise" en 1991).

Ridley Scott a été aussi le premier à nous initier à la sauvagerie perverse d' "Alien" avant de laisser à d'autres le soin de poursuivre le carnage.

Bref, cet Anglais de 70 ans (mais oui !) n'est pas un manchot.

Il le prouve encore avec "American Gangster", sorti aujourd'hui en France.

Alors ça, bonnes gens, faites moi confiance, c'est du grand et superbe cinoche !

Un scénario en or massif, une réalisation au cordeau et deux acteurs vraiment affûtés qui ne se rencontrent furtivement qu'à la scène finale (géniale) : Denzel Washington (le gangster black) et Russel Crowe (le flic blanc).

Quelle histoire ! Mafia, drogue, traque, le tout sur le tamis tendu de l'Amérique des années 70.

Mazette, que c'est bien le cinéma quand c'est fait comme ça !

Ça dure deux heures et 37 minutes mais ça paraît dix fois moins long qu'un film avec Jean-Pierre Bacri, réalisé par Claude Berri sur un scénario de Josiane Balasko.

Bref, tout ça pour dire que ce film "American Gangster" est une grande claque dans la gueule.

Il faut y aller sans hésiter.

Satisfait ou remboursé.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

anyhow vous êtes par trop injustes !
La fille coupée en deux de Chabrol n'est pas le film d'un faiseur, entre autre exemple. Ce film est brillant. Le cinéma français meurt, mais il n'est pas encore complétement décédé.
American Gangster est en effet brillant. Je ne saurai trop vous conseiller de voir, aussi, eastern promises (les promesses de l'ombre) de Cronenberg et surtout le nouveau Coppola qui brille autant par ses qualités que par ses défauts.
J'avais cru lire ici que vous aviez beaucoup aimé "la vie des autres". Juste vous signaler que le réalisateur complète son diptyque avec "de l'autre côté". Toujours ce même éloignement ce froid clinique.

Par contre, je me souviens qu'il y a peu (enfin peu c'est relatif) vous aviez apprécié un film français malgré ses maladresses et je ne me souviens plus lequel était-ce. Si vous pouviez me raffraichir la mémoire...

ANYHOW a dit…

Dans les films français récents, j'ai beaucoup aimé "Les chansons d'amour" de Christophe Honoré. Un bijou. Caillou. Chou. Genou. Hibou.