"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 11 mai 2008

Pentecôte à Roissy


Dimanche de Pentecôte à Roissy. Retour de Bombay à la mi-journée. 40 minutes d'attente pour les bagages. Welcome to France ! La semaine dernière à l'arrivée à l'aéroport de Bombay, mon sac m'avait été livré en 3 minutes, montre en main. Et pourtant les Indiens ne sont pas toujours les plus véloces.

A Paris, il fait beau, c'est déjà ça. Recherche d'un taxi. Pas de taxis. Plusieurs avions gros porteurs viennent d'atterrir. Pas de taxis en vue dans le principal aéroport français. Un Américain qui parle très bien le français et qui a déjà eu quelques expériences de ce genre dans notre beau pays éructe : "tous des fonctionnaires ici !". Je n'interviens pas : les taxis ne sont pas des fonctionnaires, c'est juste une espère protégée en France, comme les ours blancs au Pôle Nord.

Finalement, un pauvre bougre probablement préposé au trafic des taxis, sentant monter l'irritation des voyageurs, lance quelques ordres confus sur un walkie-talkie. Il faut attendre au moins 10 minutes avant de voir émerger quelques taxis. Les chauffeurs méprisants refusent évidemment ("ce n'est pas mon boulot !" en français dans le texte) de charger dans leur coffre les valises des étrangers qui viennent de se taper dix heures d'avion pour venir dépenser leurs devises dans notre pays si accueillant. Un taxi se présente enfin à moi. Il est assez sympa. Mais je mets moi-même mon sac dans son coffre. Je respecte les coutumes locales.

J'ai acheté quelques journaux après l'atterrissage. Je les parcours alors que le taxi fonce sur l'autoroute déserte vers la Porte de la Chapelle. J'y apprends la mort de Pascal Sevran. Elkabach avait vu juste bien avant tout le monde ! Quel visionnaire… J'apprends que Lucien Jeunesse ("le jeu des 1000 francs") est mort lui-aussi pendant mon absence. La loi des séries !

Dans mon taxi, la radio est branchée sur "Radio-Nostalgie". Entre Roissy et mon domicile, je suis bercé par la mélopée posthume des chanteurs morts : Joe Dassin, Daniel Balavoine, Michel Berger, Nino Ferrer. "Nostalgie" ce n'est pas une radio, c'est une nécropole. Dans un journal, je lis aussi que Nicolas Sarkozy (tiens, je l'avais complètement oublié, celui-là, en Inde) vient encore d'inventer une nouvelle commémoration qu'il veut infliger aux écoliers.

Cette fois, il s'agirait d'inculquer à nos chères têtes blondes toutes les atrocités de l'esclavage. Alors, on résume : l'esclavage, la mémoire de la Shoah et Guy Môquet . Il commence à devenir lourd en repentance le cartable des jeunes Français scolarisés ! Sarkozy, à sa façon, c'est aussi Radio-Nostalgie. L'action politique toujours dans le rétroviseur.

J'aimerais tant que mon pays tente un instant de penser à l'avenir. Juste un petit peu. Moins de commémorations, moins d'anniversaires lugubres, moins de chanteurs morts à la radio, davantage de projets, d'espoirs, de vision. Est-ce trop demander ?

C'est promis, je vous parlerai une autre fois de Bombay (Mumbai). Ce n'est pas un sujet simple.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Z'ont qu'à prendre le RER, c'est moins cher, c'est direct et ça va plus vite. Mince.

Anonyme a dit…

Quand on pense qu'une bonne partie de la flotte des taxis parisiens est concentrée sur les aéroports de la région... Rien à voir avec l'accueil que j'ai vécu l'année dernière à l'aéroport de NY (je ne sais plus lequel).

Arthur Mage a dit…

Précision pour qu'Anyhow sache : lorsque j'étais chauffeur de taxi parisien, je travaillais 7 jours sur 7, 70 heures par semaine (5 jours pour rembourser la location du véhicule à 5000 francs par semaine + 2 jours pour gagner 2000 francs par semaine en moyenne car si je n'avais travaillé que 6 jours sur sept, je n'aurais gagné que 4000 francs par mois.) C'était à la fin des années 90 et l'argent de la location du taxi, que je ne devais payer qu'en liquide, servait à financer le PS selon ce que j'en sais, monsieur Rousselet, le finançeur de ce parti, ayant été co-inventeur de ce système, d'ailleurs illégal, de location de taxi aux chauffeurs et patron de la G7, la plus grosse boite qui en loue sur Paris. Et dire que pendant ce temps les socialistes braillaient pour la diminution du temps de travail ! Conclusion : bande de connards !