Sarkozy a de la ressource.
Comment financer une idée de gauche en exaspérant l'électorat de droite ? Il s'agit du "Revenu de Solidarité Active" (inscrit noir sur blanc au programme de Ségolène Royal) qui sera financé, sur décision de Nicolas Sarkozy, en partie par une taxation un peu plus forte (1,1 %) sur les revenus du capital (portefeuilles boursiers, loyers, assurances vie). L'UMP s'étrangle. La gauche est contrainte d'approuver. Joli coup pour Sarko, alias Robin des Bois : je prends aux riches pour donner aux pauvres.
Martine Aubry, première secrétaire.
Tant qu'à faire, le Parti Socialiste, pour se requinquer a besoin d'une vraie personnalité de gauche. Elle a bien travaillé dans l'ombre, Martine, à Lille. Pour le bon fonctionnement de la démocratie française, face à l'omniprésent Sarkozy, il n'y a rien de pire qu'une opposition vaseuse et flageolante. Pour diriger PS, il faut une forte tête. Aubry me semble la mieux qualifiée. La fantasque Ségolène ne fait pas le poids. Et Delanoë va vite nous gonfler.
L'été fugace de Barack Obama.
A Denver, il est la cigale démocrate. Tout nouveau, tout beau. Convention magnifique, show bien huilé. Mais vous connaissez la fable : "la cigale, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue". Quand la bise vient, c'est novembre. C'est le jour de l'élection face à McCain, la fourmi : "vous chantiez, j'en suis fort aise. Eh bien, dansez maintenant !"
"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')
jeudi 28 août 2008
mardi 26 août 2008
Immigration choisie
Ah, le modèle social français ! On le dit à l'agonie mais il continue de faire des envieux. Et des heureux.
Prenez ce jeune couple modèle, installé depuis quelques mois à Brignoles dans le Var.
Ce sont des immigrés (en situation régulière). Il s'agit de Monsieur et Madame Pitt, plus connus comme Angelina Jolie et Brad Pitt.
Cette petite famille coule des jours délicieux dans la somptueuse propriété viticole du Château Miraval.
Rien n'empêcherait Monsieur et Madame Pitt de réclamer les allocations familiales auxquels ont droit tous les résidents légaux sur le territoire national.
Ce charmant couple d'immigrés peut légitimement réclamer au total plus de 2000 euros par mois, en cumulant, pour chacun des rejetons, les prestations sociales françaises.
C'est le magazine américain "People" qui a fait le calcul pour les 6 enfants de cette famille pas tout à fait comme les autres.
* 402 euros par mois et par jumeaux et pour le 1er enfant biologique du couple pour payer la nounou,
* 201 euros par mois pour Pax et Zahara qui ont entre 3 et 6 ans,
* 274,47 euros d’allocation familiale pour les trois premiers enfants et 154,15 euros par enfants supplémentaires...
Le porte-parole de la mairie de Brignoles, interrogé par le magazine "People", a tenu à préciser : "Nous ne discutons pas de ces choses privées. Mais nous pouvons confirmer que toutes les familles qui résident ici avec de jeunes enfants ont le droit aux allocations familiales."
dimanche 24 août 2008
Blog pas du tout censuré à Pékin
Voici pourquoi ce blog ne sera jamais censuré à Pékin : c'est parce que je vais être sincèrement louangeur à l'égard de la Chine.
Impeccable.
C'est l'adjectif qui surgit de partout lorsque l'on évoque le déroulement des Jeux Olympiques de Pékin. C'est une réussite totale. Un exemple d'organisation.
Sur le plan sportif, rien à redire. Seulement quatre athlètes ont été exclus pour dopage.
La pollution ? On l'on avait tant redouté mais elle n'a pas empêché 38 records du monde d'être battus ou pulvérisés.
Tous les sportifs, tous les accompagnateurs, tous les journalistes (même les plus sceptiques) ont célébré la qualité des installations, de l'hébergement, de l'accueil.
La République Populaire de Chine est une grande nation, celle qui domine déjà notre siècle.
Elle l'a prouvé au cours de ces dernières semaines en offrant au monde une magnifique compétition, parfaitement mise en place. Les cérémonies d'ouverture et de clôture ont été somptueuses, sans commune mesure avec les spectacles offerts par toutes les autres villes olympiques dans le passé contemporain.
Vous avez la mémoire courte si vous oubliez le fiasco lamentable des Jeux d'Atlanta en 1996. Une logistique chaotique, une informatique totalement déréglée, des transports hasardeux, une bombe qui explose dans la foule. C'est ainsi que se sont déroulés les Jeux de 1996, en territoire américain.
Je considère que les Chinois ont fait beaucoup mieux que les Américains sur le même exercice.
Mieux que tous les autres, car c'est leur but. Et ils l'atteignent toujours.
Ils dominent par le nombre de médailles d'or. Ils nous aussi écrasent par leur commerce extérieur et leurs exportations.
En 1964, le général De Gaulle, président de le République Française, a été le premier dirigeant occidental à reconnaître la Chine Populaire et à établir des relations diplomatiques avec le gouvernement présidé par Mao.
Il a fallu attendre 1972 pour qu'un président américain fasse le voyage de Pékin pour y rencontrer Mao. Ce fut Richard Nixon, le président le plus anti-communiste qu'on puisse imaginer. Mais Nixon a serré la main de Mao.
Bonnes gens, il va falloir nous y habituer : la Chine est en train de devenir le plus grande puissance mondiale.
C'est dans les coffres-forts de la Chine que sommeillent les milliards de dollars de créance accumulés par les pays jadis qualifiés de "riches" (les Etats-Unis en tête de liste). La Chine est, très largement, le premier débiteur de la planète.
Je perçois beaucoup de racisme mal informé (tous les racismes sont –par définition- mal informés) dans le mépris, pour ne pas dire la haine, que certains projettent sur la Chine Populaire.
La Chine est perçue comme une menace politique et surtout économique pour les pays en déclin, dans le genre de la France cocardière et revancharde. C'est la raison pour laquelle se développe chez nous ce pénible ostracisme anti-chinois. Le péril jaune, c'est ainsi qu'on en parlait il y si longtemps. Les clichés ont la vie dure.
Fort heureusement, le minable groupuscule d'agitateurs français coagulés autour du pantin médiatique Robert Ménard ne s'est guère fait entendre dernièrement. Bob (RSF) serait-il à cours d'arguments ? Enfin une bonne nouvelle !
Pendant ce temps-là, le gourou tibétain couleur safran, le Dalaï-Lama, a gesticulé dans notre hexagone, sous couvert de la bienveillance confuse des autorités françaises, incapables de renvoyer, une bonne fois pour toutes, ce charlatan vers sa pagode de théocrate médiéval.
Bref, je résume : j'ai beaucoup aimé les Jeux Olympiques de Pékin.
Après avoir écrit cela, je suis vraiment certain que ce blog ne sera pas inaccessible pour les internautes chinois.
Alors, je les salue amicalement.
C'est la rentrée !
C'est un phénomène unique au monde, c'est français et ça s'appelle : "la rentrée".
Dommage que Roland Barthes ait été fauché sur le boulevard Saint-Germain par la camionnette d'une entreprise de blanchissage alors qu'il se rendait au Collège de France, le 25 février 1980. Dommage qu'il soit mort de suites de cet accident, un mois plus tard, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Car Roland Barthes aurait pu utilement ajouter un chapitre à son opus intitulé "Mythologies" (1957). Ce chapitre aurait été consacré à un particularisme très français qu'on appelle : "la rentrée".
La Rentrée. Le phénomène est tel qu'il mérite la majuscule.
Cela veut dire d'abord que la France, à un moment ou à un autre, décide de "sortir".
S'il y a une "rentrée", c'est qu'il y a eu un "sortie". La France "sort" vers la mi-juillet (après le défilé de la Fête Nationale) et "rentre" vers la mi-août (après l'Assomption).
Comment décrire cette phase incertaine ? Ce sont des vacances, vous dira-t-on.
C'est surtout une vacance, au sens fort du terme : un mois flou, un ventre mou, une absence, un abandon, une déshérence.
La France se cabre dans une prostration nationale, à peine compensée par l'acharnement méritoire d'un fourmillement d'intérimaires inexpérimentés qui suppléent, tant bien que mal, à tous les titulaires partis s'emmerder dans les campings du Languedoc-Roussillon et d'ailleurs.
C'est le mois où la France s'arrête, s'enlise, s'encalmine. Le glacier "Bertillon", le meilleur de l'Ile Saint-Louis à Paris et –paraît-il- de France (donc du monde, non ?), n'est jamais ouvert l'été. "Fermeture annuelle", c'est l'écriteau que sont contraints de lire les touristes avides de sorbets et de cornets vanille-fraise. Ils se heurtent à notre étrange tradition de la "sortie" et de la "rentrée". Pas de glace "Bertillon" pendant l'été à Paris. Le glacier en chef, le plus recherché du pays, est de sortie. Il fera sa "rentrée" plus tard. Repassez en décembre ou en février. La glace n'en sera que meilleure. Elle s'accordera alors à la température ambiante.
La "rentrée", donc. Le concept se décline à l'infini.
La rentrée médiatique, c'est la plus vaine et la plus succulente. J'ai lu ceci cet été dans une gazette grand public : "Claire Chazal prépare sa rentrée sur TF1 loin du tumulte parisien". Elle fait quoi, exactement, Claire Chazal, dans cette phase intense de préparation ? Elle fait des fiches ? Il faudrait qu'on m'explique ce que Claire Chazal fait précisément pour "préparer" sa "rentrée".
La rentrée littéraire est une autre incongruité française. Nous vivons dans le seul pays au monde où l'on publie plus de 300 romans d'un seul coup, au moment précis où les lecteurs reprennent le travail et ont, de toute évidence, moins de temps à consacrer à la lecture. La rentrée littéraire de septembre se termine en novembre avec les prix littéraires qui font un tri commercial définitif dans le fatras de bouquins sortis des imprimeries et dont la plupart échoueront au pilon.
Il y a aussi la rentrée politique. Phénomène inconnu dans le reste du monde : ailleurs, les responsables politiques ne s'évanouissent pas comme chez nous pendant de longues semaines consécutives.
Le cérémonial français de la rentrée politique se fait par étapes. Il s'amorce par les "universités d'été", colloques bucoliques et faussement décontractés au cours desquels des militants en tee-shirt et aux yeux pétillants accueillent avec émerveillement les ténors de leur parti venus leur prodiguer des discours revigorants. Des discours oubliés aussitôt qu'ils ont été prononcés. Mais n'est-ce point le propre de presque tous les discours politiques ?
Juste après cela, c'est la rentrée parlementaire. Il est de bon ton de parler alors d'un "agenda chargé" pour la représentation nationale. L'opposition précise toujours que "l'agenda est surchargé".
Au même moment ou presque, surgit la rentrée scolaire. Le rituel est immuable : le ministère est toujours content ("tout s'est bien passé"), les syndicats de profs sont toujours ronchons, presque autant que les parents d'élèves (classes surchargées, enseignants qui font défaut, etc).
Et puis, évidemment, il y a la rentrée sociale. Chaque année, on dit qu'elle sera "chaude". Elle l'est rarement. La CGT agite quelques pancartes. L'automne est fini. La rentrée est oubliée, jusqu'à la prochaine.
Après la rentrée, toutes les rentrées (je n'ai pas cité la rentrée théâtrale ni la rentrée cinématographique), après cette rentrée protéiforme, sans qu'on y prenne garde, arrive très vite la Toussaint. Autant dire l'hiver et, inexorablement, les fêtes de fin d'année.
Vous avez remarqué que les grands magasins mettent en vitrine les cartables scolaires dès la fin juin. Ne soyez pas surpris de voir des sapins enguirlandés dans quelques jours près de chez vous.
C'est la rentrée. Joyeux Noël !
mardi 12 août 2008
Sans papier, SDF, Tibétains.
Il y a, en France, cette idéologie rampante qui consiste à défendre, coûte que coûte, le SDF, le Tibétain, le "sans-papier". Cette idéologie confuse, bobo-guauchardisante, a des relais dans les médias grand public.
Il faudrait, à entendre les représentants infiltrés de cette cohorte relativement influente, consacrer un temps infini à pleurnicher sur le Bulgare égaré au bord du Canal Saint-Martin, sur le Moldave en situation irrégulière (mais tellement émouvant : il lit Victor Hugo dans le texte !).
Sans-papier, rappelons-le au passage, ça ne veut rien dire. Dire "sans-papier", c'est déjà faire un commentaire. Tout le monde a des papiers, même au fin fond du Burkina-Fasso. On a des papiers, on les perd, on se les fait voler, le chien du voisin les dévore. Mais on a des papiers, on en a eu. On peut en avoir à nouveau.
"Sans papier", c'est une façon politiquement correcte de dire : "étranger en situation irrégulière". Et c'est là que Brice Hortefeux surgit avec son gourdin et ses charters, retour case départ. Il a raison. Il applique la loi : étranger en situation irrégulière. Ne pas sévir, ne serait-ce pas faire injure à tous les étrangers en situation régulière, présents sur le sol français ?
Venons-en maintenant aux Tibétains et à leur chef en promenade dans nos contrées. Je lis dans "Rue89" (site généralement captif de la gauche bien-pensante mais qui s'en écarte parfois avec justesse) cet article que je me fais un plaisir de reproduire.
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Pékin et le dalaï lama ne peuvent se passer l'un de l'autre
Par PATRICK HUTIN
Aux yeux de l’opinion en général, la Chine est l’Empire du mal, le Tibet un paradis perdu, et le dalaï lama un vieux jedi merveilleux, plein de bonté et d’une sagesse infinie, descendu du Toit du monde avec le secret du bonheur et du sens de la vie. Le champion des libertés qui plus est, et de la paix dans le monde. Rien de moins à en croire le chœur des babas boudd et autres bobos d’Occident.
Il s’ensuit qu’il ne saurait être question de critiquer « Sa Sainteté ». Elle est, si ce n’est vénérée, intouchable, taboue, d’Hollywood à Saint-Germain-des-Prés. Il est d’ailleurs sidérant de voir, à de rares exceptions près, nos beaux esprits français, d’ordinaire si sourcilleux sur le respect de la laïcité, si prompts à la défendre même quand elle n’est pas menacée, tomber en pamoison devant le chef d’une des « Eglises » les plus obscurantistes sur terre. Paresse ou aveuglement ?
Il y aurait pourtant beaucoup à redire sur le chef pas seulement « spirituel » des Tibétains. En effet, si son pays est dans la situation que l’on sait, il en est pour beaucoup responsable. Bel exemple du danger pour un peuple de s’abandonner à la religion et aux religieux pour la conduite de son destin.
Car, au-delà des apparences et des affichages (le résistant à l’oppression), le dalaï lama aura essentiellement œuvré à la défense de sa religion et d’une théocratie archaïque au prix de l’indépendance de son pays, sans parler du bonheur et de la souveraineté de « son » peuple. Ce n’est bien sûr pas l’individu qui est en cause, mais ce qu’il incarne, si l’on ose dire.
Des sincérités successives et du renoncement
Les Chinois refusent mordicus de croire le dalaï lama quand il assure avoir renoncé à l’indépendance du Tibet. Sans trop avoir mauvais esprit, et si l’on ne tient pas la réincarnation pour une faribole (l’actuel dalaï lama, quatorzième en titre, et le premier, intronisé comme tel à la fin du XVIIe siècle, seraient le même…), ils ont des excuses.
Car enfin quand « le » dalaï lama est-il sincère ? Quand il reconnaît la suzeraineté de la Chine au début du XVIIIe siècle ou quand, profitant de l’effondrement de l’empire des Qing, il proclame l’indépendance du Tibet au début du XXe ? Quand, au début des années 30, il reconnaît la vassalité du Tibet envers la Chine ou quand, en 1950, après l’entrée de l’Armée populaire de libération au Pays des Neiges, « Sa Sainteté », telle que nous la connaissons maintenant, soutient la lutte pour l’indépendance ?
Quand, en 1955, elle remercie le gouvernement chinois des « avantages qu’il a procurés au Tibet » ou quand, aujourd’hui, elle dénonce un « génocide culturel » ? Ou quand, enfin, au terme des années 80, elle déclare renoncer à l’indépendance et envisage de se contenter d’une large autonomie dans un Grand Tibet reconstitué ? Si l’on n’ose mettre en doute la sincérité « du » dalaï lama, difficile d’y voir autre chose qu’une navigation à vue sur la question fondamentale de l’indépendance du Tibet.
Les Tibétains pourraient bien finir par se poser la question de la fidélité du « chef spirituel » à la cause nationale. Les patriotes en tout cas, les plus jeunes d’entre eux notamment et les plus radicaux du Congrès de la jeunesse tibétaine. Eux réclament toujours l’indépendance. De quel droit le dalaï lama, lui, y renonce-t-il ? Quelle est sa légitimité ? Est-ce là la volonté du peuple ? « Sa Sainteté » se bat, en vérité, d’abord et avant tout pour le maintien et la prééminence de sa religion au Tibet. C’est, là, sa certaine idée de son pays.
Est-ce entièrement de sa faute ? De l’obscurantisme et de Sharon Stone
Pour sa défense, le dalaï lama est le produit de sa religion, la créature d’un clergé qui l’a formé -formaté- dès sa petite enfance (il avait 2 ans quand les religieux l’ont pris en main !). Sans en avoir lui-même conscience, il est la première victime du bouddhisme tibétain. Il n’est que la figure de proue d’une lignée bouddhiste qui a inventé la théorie de la réincarnation en chaîne du dalaï lama, divine trouvaille qui lui a permis de conserver, pour ne pas dire confisquer, le pouvoir au Tibet.
Il faudrait que les Chinois s’en aillent, certes… Mais il fallait sans doute qu’ils viennent. Sinon, les Tibétains seraient encore des serfs -ce qu’ils étaient, que cela plaise ou non. Le régime communiste est détestable à beaucoup de points de vue, à commencer par celui des droits de l’homme. Mais le régime qu’il a blackboulé au Tibet était bien pire encore, spécialement de ce point de vue, en raison du degré d’ »assujettissement du Tibet à la classe des prêtres » pour reprendre l’expression de Giuseppe Tucci.
Jusqu’à 1950, le Tibet était une théocratie obscurantiste maintenant le peuple dans un état d’ignorance et d’aliénation invraisemblables. Il faut être bigrement aveugle pour ne pas reconnaître l’oppression du système mis en place par les religieux au Pays des Neiges, et sa perversité, tenant entre autres à ceci : si l’on est mal en point dans cette vie, c’est qu’on a fait quelque chose de mal dans une existence précédente ; pour améliorer son sort dans une incarnation future, il faut accumuler des bienfaits ; or, le meilleur des bienfaits, celui qui rapporte le plus de « points », consiste à nourrir les moines. Malin.
Les Tibétains ont toujours été pris entre le sabre et le goupillon.
On a été bien injuste avec Sharon Stone quand elle a attribué le récent tremblement de terre au Sichuan et ses 80000 morts au mauvais karma des Chinois du fait de leur comportement au Tibet. Après tout, le dalaï lama n’avait rien dit d’autre à propos du séisme en Inde en janvier 2001 et du tsunami dans l’océan indien de noël 2004 : « C’est certainement le résultat d’un mauvais karma. Il n’y a pas de souffrances injustes. » Qu’il se trouve en Occident, en France en particulier, des gens pour s’agenouiller devant cette pensée de progrès, si pleine de sagesse et de tolérance, est proprement confondant.
Savent-ils tous ces gens que le dalaï lama condamne l’homosexualité (une « mauvaise conduite ») et l’avortement ? Savent-ils que dans l’idyllique société tibétaine sur laquelle il régnait avant l’arrivée des Chinois, on traitait (et on traite encore) les aveugles et autres handicapés en parias pour la raison que leur état est le signe qu’ils sont possédés par des démons ou qu’ils ont commis des péchés dans une autre vie ? Savent-ils que la merveilleuse justice tibétaine coupait les mains ou les pieds des voleurs récidivistes, par compassion et pour leur éviter de commettre de plus grands péchés ?
Savent-ils aussi que dans cette société si évoluée, le dernier homme politique (laïc) à avoir tenté à la fin des années 30 de démocratiser le pays et de développer l’armée, menaçant de ce fait le pouvoir temporel du dalaï lama ainsi que les revenus et privilèges des religieux, fut accusé de complot contre l’Etat et condamné à avoir les yeux arrachés, châtiment sinon courant du moins en usage, à telle enseigne qu’on remettait au supplicié un médicament pour atténuer la douleur et dont le malheureux, avant de mourir, confia à ses fils qu’il était peu efficace ?
Savent-ils enfin, c’est moins anecdotique qu’il y paraît, que le football durant l’enfance de « l’océan de sagesse » (traduction du mongol dalaï et du tibétain lama ; titre honorifique décerné pour la première fois au XVIe siècle par Altan Khan, quand le Tibet était sous la domination mongole) fut interdit par les autorités religieuses tibétaines, craignant que l’engouement suscité par ce sport n’affaiblisse leur emprise sur les esprits… ?
De la naïveté
Un être éveillé peut-être, mais éclairé ? Après soixante ans de « règne » de l’actuel dalaï lama, au vu des résultats — la Chine est plus que jamais chez elle au Tibet —, on est en droit de se poser la question. Gyalpo Rinpoché, « Souverain très précieux » (dénomination employée par les Tibétains), a échoué. Comment ? En prônant, en imposant même la non-violence, seule voie possible. Tout en soulignant que la lutte armée serait suicidaire parce qu’inégale. Les Israéliens, les Palestiniens, les Irlandais, pour ne citer que ceux-là, s’en voudront d’avoir agi différemment.
Tout le monde peut se tromper, même l’ »océan de sagesse ». La non-violence est sa plus grande erreur. N’est pas Gandhi qui veut. Mais surtout, la situation en Inde était rigoureusement inverse, et la non-violence rendue efficace par la résistance passive : rien ne pouvait fonctionner sans les Indiens. Qu’un Tibétain se croise les bras et il se trouvera mille Chinois pour le remplacer ! La non-violence, c’est bien quand ça marche, disait en substance Simone Weil, et que l’ennemi est d’accord.
Au train où vont les choses, si rien ne contrarie le mouvement, le Tibet sera bientôt submergé par les millions de colons han. Les Tibétains disparaîtront sans bruit dans l’océan du sang chinois. L’ »océan de sagesse » ne pourra rien contre cet océan-là. Il est peut-être déjà trop tard. En Mongolie, le processus est presque fini, dit-on, au Xinjiang, il suit son cours. La submersion ethnique. Pékin use d’une autre expression : chan shazi, « ajouter du sable ».
Mao, en son temps, avait justifié cette politique ainsi : « La Chine est grande : nombreuse, vaste et riche en ressources naturelles. Mais ce sont les Han qui ont le nombre, et les minorités qui ont l’espace et les ressources. » De fait, l’ethnie Han constitue 92 % de la population chinoise, le reste regroupant 55 minorités ethniques ou nationales, dont les Tibétains.
L’erreur de la non-violence n’est pas seulement due à une défaillance du jugement. Elle tient aussi à une certaine hypocrisie du bouddhisme tibétain qui, sur ce point, ne se distingue guère des autres religions. Il réprouve la violence, mais comment s’est-il imposé contre le bön, la religion qui prédominait au Tibet au XIe siècle, sinon par la force et l’assassinat ? Et comment la lignée des gelugpa, les Vertueux (dite aussi des bonnets jaunes) à laquelle appartient le dalaï lama, a-t-elle pris l’avantage sur les autres au XVIIe siècle (notamment celle des nyingmapa, les Anciens, dont le chef est le panchen-lama, deuxième autorité religieuse du Tibet) si ce n’est par le fer et par le sang… et avec l’aide des Chinois ? Et une fois sur le trône, histoire de ne pas se faire déloger, on trompète que la non-violence est sacrée. Malin, là encore.
Les meilleurs ennemis du monde
Le dalaï lama finira-t-il un jour par gagner la partie contre les Chinois ? Sa vision d’un grand Tibet reconstitué, commandée par le renoncement — définitif ? — à l’indépendance, semble relever d’un pari sur l’avenir et sur l’effondrement du régime communiste.
Or, c’est une vue de l’esprit de penser que, à l’instar de l’Empire soviétique, la fin du communisme à Pékin, qui arrivera bien un jour, permettrait ipso facto au Tibet de recouvrer la liberté. Comme si son « annexion » par Mao en 1950 était un accident de l’Histoire, et non le résultat d’une politique d’extension conduite résolument par l’empire du Milieu pendant trente siècles. Politique qui a abouti également à l’absorption de la Mandchourie, de la Mongolie, du Turkestan oriental et des régions méridionales. Il ne faut pas tout confondre, ni prendre ses désirs pour des réalités. Le Tibet n’est pas l’Allemagne de l’Est ni la Pologne. La muraille de Chine, c’est autre chose que le Mur de Berlin.
Mais, pour certains, tout serait en bonne voie : la pression de l’opinion publique internationale, les manifestations contre la flamme olympique, ont payé ; le dialogue a été rétabli entre Pékin et le dalaï lama. A-t-il abouti à une impasse ? Qu’à cela ne tienne, il reprendra, les babas boudd donneront de la voix ainsi que tous nos beaux esprits et grands intellectuels qui se battent contre la tyrannie à des milliers de kilomètres de distance.
Il faut être bien optimiste, naïf ou ignorant pour croire que la solution passe par là. Les discussions, c’est une constante des relations tibéto-chinoises depuis que le bouddhisme s’est installé au Tibet : les deux parties parlent et négocient depuis mille ans ! Dans le dessein, pour les religieux tibétains, de rester maîtres chez eux, pour les Chinois de rester maîtres du Tibet. Et en mille ans, pour conserver leur position au Pays des Neiges, les religieux tibétains ont fait toutes les concessions, abandonné des pans de souveraineté et des territoires entiers à la Chine.
En réalité, et c’est là le cœur de la tragédie tibétaine : Pékin et le dalaï lama ne peuvent se passer l’un de l’autre. Objectivement.
Les Chinois ne pouvaient rêver de meilleur ennemi que le dalaï lama. De moins dangereux, de plus inefficace. Ils ont tout intérêt à le conserver. En s’en prenant à lui, ils confortent son autorité et son empire sur les esprits, à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet. Ils empêchent l’émergence d’une révolte armée qui couve dans les rangs de la jeunesse tibétaine. Le dalaï lama, quant à lui, a intérêt à ce que Pékin s’en prenne à lui. C’est la seule façon qu’il a de pérenniser son pouvoir, le sien, mais aussi celui des gelugpa et plus généralement celui des hiérarques de la théocratie tibétaine, et de demeurer le « pape » du bouddhisme, qu’il n’est pas, sauf en Occident.
Un « jeu » qui, depuis des siècles, a toujours le même perdant : le peuple tibétain.
► A lire : « La Prisonnière du Tibet », de Patrick Hutin (éditions Robert Laffont)
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ciao - à la prochaine fois - ANYHOW
Il faudrait, à entendre les représentants infiltrés de cette cohorte relativement influente, consacrer un temps infini à pleurnicher sur le Bulgare égaré au bord du Canal Saint-Martin, sur le Moldave en situation irrégulière (mais tellement émouvant : il lit Victor Hugo dans le texte !).
Sans-papier, rappelons-le au passage, ça ne veut rien dire. Dire "sans-papier", c'est déjà faire un commentaire. Tout le monde a des papiers, même au fin fond du Burkina-Fasso. On a des papiers, on les perd, on se les fait voler, le chien du voisin les dévore. Mais on a des papiers, on en a eu. On peut en avoir à nouveau.
"Sans papier", c'est une façon politiquement correcte de dire : "étranger en situation irrégulière". Et c'est là que Brice Hortefeux surgit avec son gourdin et ses charters, retour case départ. Il a raison. Il applique la loi : étranger en situation irrégulière. Ne pas sévir, ne serait-ce pas faire injure à tous les étrangers en situation régulière, présents sur le sol français ?
Venons-en maintenant aux Tibétains et à leur chef en promenade dans nos contrées. Je lis dans "Rue89" (site généralement captif de la gauche bien-pensante mais qui s'en écarte parfois avec justesse) cet article que je me fais un plaisir de reproduire.
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Pékin et le dalaï lama ne peuvent se passer l'un de l'autre
Par PATRICK HUTIN
Aux yeux de l’opinion en général, la Chine est l’Empire du mal, le Tibet un paradis perdu, et le dalaï lama un vieux jedi merveilleux, plein de bonté et d’une sagesse infinie, descendu du Toit du monde avec le secret du bonheur et du sens de la vie. Le champion des libertés qui plus est, et de la paix dans le monde. Rien de moins à en croire le chœur des babas boudd et autres bobos d’Occident.
Il s’ensuit qu’il ne saurait être question de critiquer « Sa Sainteté ». Elle est, si ce n’est vénérée, intouchable, taboue, d’Hollywood à Saint-Germain-des-Prés. Il est d’ailleurs sidérant de voir, à de rares exceptions près, nos beaux esprits français, d’ordinaire si sourcilleux sur le respect de la laïcité, si prompts à la défendre même quand elle n’est pas menacée, tomber en pamoison devant le chef d’une des « Eglises » les plus obscurantistes sur terre. Paresse ou aveuglement ?
Il y aurait pourtant beaucoup à redire sur le chef pas seulement « spirituel » des Tibétains. En effet, si son pays est dans la situation que l’on sait, il en est pour beaucoup responsable. Bel exemple du danger pour un peuple de s’abandonner à la religion et aux religieux pour la conduite de son destin.
Car, au-delà des apparences et des affichages (le résistant à l’oppression), le dalaï lama aura essentiellement œuvré à la défense de sa religion et d’une théocratie archaïque au prix de l’indépendance de son pays, sans parler du bonheur et de la souveraineté de « son » peuple. Ce n’est bien sûr pas l’individu qui est en cause, mais ce qu’il incarne, si l’on ose dire.
Des sincérités successives et du renoncement
Les Chinois refusent mordicus de croire le dalaï lama quand il assure avoir renoncé à l’indépendance du Tibet. Sans trop avoir mauvais esprit, et si l’on ne tient pas la réincarnation pour une faribole (l’actuel dalaï lama, quatorzième en titre, et le premier, intronisé comme tel à la fin du XVIIe siècle, seraient le même…), ils ont des excuses.
Car enfin quand « le » dalaï lama est-il sincère ? Quand il reconnaît la suzeraineté de la Chine au début du XVIIIe siècle ou quand, profitant de l’effondrement de l’empire des Qing, il proclame l’indépendance du Tibet au début du XXe ? Quand, au début des années 30, il reconnaît la vassalité du Tibet envers la Chine ou quand, en 1950, après l’entrée de l’Armée populaire de libération au Pays des Neiges, « Sa Sainteté », telle que nous la connaissons maintenant, soutient la lutte pour l’indépendance ?
Quand, en 1955, elle remercie le gouvernement chinois des « avantages qu’il a procurés au Tibet » ou quand, aujourd’hui, elle dénonce un « génocide culturel » ? Ou quand, enfin, au terme des années 80, elle déclare renoncer à l’indépendance et envisage de se contenter d’une large autonomie dans un Grand Tibet reconstitué ? Si l’on n’ose mettre en doute la sincérité « du » dalaï lama, difficile d’y voir autre chose qu’une navigation à vue sur la question fondamentale de l’indépendance du Tibet.
Les Tibétains pourraient bien finir par se poser la question de la fidélité du « chef spirituel » à la cause nationale. Les patriotes en tout cas, les plus jeunes d’entre eux notamment et les plus radicaux du Congrès de la jeunesse tibétaine. Eux réclament toujours l’indépendance. De quel droit le dalaï lama, lui, y renonce-t-il ? Quelle est sa légitimité ? Est-ce là la volonté du peuple ? « Sa Sainteté » se bat, en vérité, d’abord et avant tout pour le maintien et la prééminence de sa religion au Tibet. C’est, là, sa certaine idée de son pays.
Est-ce entièrement de sa faute ? De l’obscurantisme et de Sharon Stone
Pour sa défense, le dalaï lama est le produit de sa religion, la créature d’un clergé qui l’a formé -formaté- dès sa petite enfance (il avait 2 ans quand les religieux l’ont pris en main !). Sans en avoir lui-même conscience, il est la première victime du bouddhisme tibétain. Il n’est que la figure de proue d’une lignée bouddhiste qui a inventé la théorie de la réincarnation en chaîne du dalaï lama, divine trouvaille qui lui a permis de conserver, pour ne pas dire confisquer, le pouvoir au Tibet.
Il faudrait que les Chinois s’en aillent, certes… Mais il fallait sans doute qu’ils viennent. Sinon, les Tibétains seraient encore des serfs -ce qu’ils étaient, que cela plaise ou non. Le régime communiste est détestable à beaucoup de points de vue, à commencer par celui des droits de l’homme. Mais le régime qu’il a blackboulé au Tibet était bien pire encore, spécialement de ce point de vue, en raison du degré d’ »assujettissement du Tibet à la classe des prêtres » pour reprendre l’expression de Giuseppe Tucci.
Jusqu’à 1950, le Tibet était une théocratie obscurantiste maintenant le peuple dans un état d’ignorance et d’aliénation invraisemblables. Il faut être bigrement aveugle pour ne pas reconnaître l’oppression du système mis en place par les religieux au Pays des Neiges, et sa perversité, tenant entre autres à ceci : si l’on est mal en point dans cette vie, c’est qu’on a fait quelque chose de mal dans une existence précédente ; pour améliorer son sort dans une incarnation future, il faut accumuler des bienfaits ; or, le meilleur des bienfaits, celui qui rapporte le plus de « points », consiste à nourrir les moines. Malin.
Les Tibétains ont toujours été pris entre le sabre et le goupillon.
On a été bien injuste avec Sharon Stone quand elle a attribué le récent tremblement de terre au Sichuan et ses 80000 morts au mauvais karma des Chinois du fait de leur comportement au Tibet. Après tout, le dalaï lama n’avait rien dit d’autre à propos du séisme en Inde en janvier 2001 et du tsunami dans l’océan indien de noël 2004 : « C’est certainement le résultat d’un mauvais karma. Il n’y a pas de souffrances injustes. » Qu’il se trouve en Occident, en France en particulier, des gens pour s’agenouiller devant cette pensée de progrès, si pleine de sagesse et de tolérance, est proprement confondant.
Savent-ils tous ces gens que le dalaï lama condamne l’homosexualité (une « mauvaise conduite ») et l’avortement ? Savent-ils que dans l’idyllique société tibétaine sur laquelle il régnait avant l’arrivée des Chinois, on traitait (et on traite encore) les aveugles et autres handicapés en parias pour la raison que leur état est le signe qu’ils sont possédés par des démons ou qu’ils ont commis des péchés dans une autre vie ? Savent-ils que la merveilleuse justice tibétaine coupait les mains ou les pieds des voleurs récidivistes, par compassion et pour leur éviter de commettre de plus grands péchés ?
Savent-ils aussi que dans cette société si évoluée, le dernier homme politique (laïc) à avoir tenté à la fin des années 30 de démocratiser le pays et de développer l’armée, menaçant de ce fait le pouvoir temporel du dalaï lama ainsi que les revenus et privilèges des religieux, fut accusé de complot contre l’Etat et condamné à avoir les yeux arrachés, châtiment sinon courant du moins en usage, à telle enseigne qu’on remettait au supplicié un médicament pour atténuer la douleur et dont le malheureux, avant de mourir, confia à ses fils qu’il était peu efficace ?
Savent-ils enfin, c’est moins anecdotique qu’il y paraît, que le football durant l’enfance de « l’océan de sagesse » (traduction du mongol dalaï et du tibétain lama ; titre honorifique décerné pour la première fois au XVIe siècle par Altan Khan, quand le Tibet était sous la domination mongole) fut interdit par les autorités religieuses tibétaines, craignant que l’engouement suscité par ce sport n’affaiblisse leur emprise sur les esprits… ?
De la naïveté
Un être éveillé peut-être, mais éclairé ? Après soixante ans de « règne » de l’actuel dalaï lama, au vu des résultats — la Chine est plus que jamais chez elle au Tibet —, on est en droit de se poser la question. Gyalpo Rinpoché, « Souverain très précieux » (dénomination employée par les Tibétains), a échoué. Comment ? En prônant, en imposant même la non-violence, seule voie possible. Tout en soulignant que la lutte armée serait suicidaire parce qu’inégale. Les Israéliens, les Palestiniens, les Irlandais, pour ne citer que ceux-là, s’en voudront d’avoir agi différemment.
Tout le monde peut se tromper, même l’ »océan de sagesse ». La non-violence est sa plus grande erreur. N’est pas Gandhi qui veut. Mais surtout, la situation en Inde était rigoureusement inverse, et la non-violence rendue efficace par la résistance passive : rien ne pouvait fonctionner sans les Indiens. Qu’un Tibétain se croise les bras et il se trouvera mille Chinois pour le remplacer ! La non-violence, c’est bien quand ça marche, disait en substance Simone Weil, et que l’ennemi est d’accord.
Au train où vont les choses, si rien ne contrarie le mouvement, le Tibet sera bientôt submergé par les millions de colons han. Les Tibétains disparaîtront sans bruit dans l’océan du sang chinois. L’ »océan de sagesse » ne pourra rien contre cet océan-là. Il est peut-être déjà trop tard. En Mongolie, le processus est presque fini, dit-on, au Xinjiang, il suit son cours. La submersion ethnique. Pékin use d’une autre expression : chan shazi, « ajouter du sable ».
Mao, en son temps, avait justifié cette politique ainsi : « La Chine est grande : nombreuse, vaste et riche en ressources naturelles. Mais ce sont les Han qui ont le nombre, et les minorités qui ont l’espace et les ressources. » De fait, l’ethnie Han constitue 92 % de la population chinoise, le reste regroupant 55 minorités ethniques ou nationales, dont les Tibétains.
L’erreur de la non-violence n’est pas seulement due à une défaillance du jugement. Elle tient aussi à une certaine hypocrisie du bouddhisme tibétain qui, sur ce point, ne se distingue guère des autres religions. Il réprouve la violence, mais comment s’est-il imposé contre le bön, la religion qui prédominait au Tibet au XIe siècle, sinon par la force et l’assassinat ? Et comment la lignée des gelugpa, les Vertueux (dite aussi des bonnets jaunes) à laquelle appartient le dalaï lama, a-t-elle pris l’avantage sur les autres au XVIIe siècle (notamment celle des nyingmapa, les Anciens, dont le chef est le panchen-lama, deuxième autorité religieuse du Tibet) si ce n’est par le fer et par le sang… et avec l’aide des Chinois ? Et une fois sur le trône, histoire de ne pas se faire déloger, on trompète que la non-violence est sacrée. Malin, là encore.
Les meilleurs ennemis du monde
Le dalaï lama finira-t-il un jour par gagner la partie contre les Chinois ? Sa vision d’un grand Tibet reconstitué, commandée par le renoncement — définitif ? — à l’indépendance, semble relever d’un pari sur l’avenir et sur l’effondrement du régime communiste.
Or, c’est une vue de l’esprit de penser que, à l’instar de l’Empire soviétique, la fin du communisme à Pékin, qui arrivera bien un jour, permettrait ipso facto au Tibet de recouvrer la liberté. Comme si son « annexion » par Mao en 1950 était un accident de l’Histoire, et non le résultat d’une politique d’extension conduite résolument par l’empire du Milieu pendant trente siècles. Politique qui a abouti également à l’absorption de la Mandchourie, de la Mongolie, du Turkestan oriental et des régions méridionales. Il ne faut pas tout confondre, ni prendre ses désirs pour des réalités. Le Tibet n’est pas l’Allemagne de l’Est ni la Pologne. La muraille de Chine, c’est autre chose que le Mur de Berlin.
Mais, pour certains, tout serait en bonne voie : la pression de l’opinion publique internationale, les manifestations contre la flamme olympique, ont payé ; le dialogue a été rétabli entre Pékin et le dalaï lama. A-t-il abouti à une impasse ? Qu’à cela ne tienne, il reprendra, les babas boudd donneront de la voix ainsi que tous nos beaux esprits et grands intellectuels qui se battent contre la tyrannie à des milliers de kilomètres de distance.
Il faut être bien optimiste, naïf ou ignorant pour croire que la solution passe par là. Les discussions, c’est une constante des relations tibéto-chinoises depuis que le bouddhisme s’est installé au Tibet : les deux parties parlent et négocient depuis mille ans ! Dans le dessein, pour les religieux tibétains, de rester maîtres chez eux, pour les Chinois de rester maîtres du Tibet. Et en mille ans, pour conserver leur position au Pays des Neiges, les religieux tibétains ont fait toutes les concessions, abandonné des pans de souveraineté et des territoires entiers à la Chine.
En réalité, et c’est là le cœur de la tragédie tibétaine : Pékin et le dalaï lama ne peuvent se passer l’un de l’autre. Objectivement.
Les Chinois ne pouvaient rêver de meilleur ennemi que le dalaï lama. De moins dangereux, de plus inefficace. Ils ont tout intérêt à le conserver. En s’en prenant à lui, ils confortent son autorité et son empire sur les esprits, à l’intérieur comme à l’extérieur du Tibet. Ils empêchent l’émergence d’une révolte armée qui couve dans les rangs de la jeunesse tibétaine. Le dalaï lama, quant à lui, a intérêt à ce que Pékin s’en prenne à lui. C’est la seule façon qu’il a de pérenniser son pouvoir, le sien, mais aussi celui des gelugpa et plus généralement celui des hiérarques de la théocratie tibétaine, et de demeurer le « pape » du bouddhisme, qu’il n’est pas, sauf en Occident.
Un « jeu » qui, depuis des siècles, a toujours le même perdant : le peuple tibétain.
► A lire : « La Prisonnière du Tibet », de Patrick Hutin (éditions Robert Laffont)
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ciao - à la prochaine fois - ANYHOW
dimanche 10 août 2008
Le Dalaï-Lama me gonfle.
Je suis un fan de la Chine et des Jeux Olympiques de Pékin. La cérémonie d'ouverture a été époustouflante. L'organisation est magnifique. La Chine est un grand pays que j'admire. C'est la plus belle aventure historique de ce nouveau siècle. Notre petite Europe rabougrie en souffre déjà.
Je suis très satisfait de savoir que le président Sarkozy ait fait le voyage jusqu'à Pékin. Je regrette seulement qu'il ait quitté la tribune d'honneur avant la fin du spectacle pour, selon ses dires, "éviter les embouteillages". Ça, c'était un peu cavalier, compte tenu des circonstances. Mais passons, Nicolas Sarkozy, il faut le prendre pour ce qu'il est : impatient et parfois goujat.
Permettez-moi néanmoins de conchier au passage Robert Ménard (gourou autoproclamé du groupuscule malfaisant RSF) et ses sbires grotesques qui continuent de gesticuler.
Le jour de l'ouverture des Jeux, vendredi matin à 8 heures, heure chinoise, une "militante" (sic) de RSF a installé un minuscule émetteur radio FM quelque part à Pékin pour diffuser un message enregistré d'une vingtaine de minutes, en mandarin, en français et en anglais. Un émetteur, une fréquence locale. Autant dire que presque personne n'a pu entendre cette fugace et pathétique émission pirate.
Mais, grâce la complaisance coutumière des médias français, cela s'est transformé rapidement en une 'invasion' de l'espace médiatique chinois : "Les ondes chinoises ont été brouillées". C'est ce que j'ai entendu sur les radios françaises, quelques heures après cette galéjade pékinoise de RSF. Le principal, c'est que Robert Ménard soit satisfait de sa petite 'agit-prop'. "Les ondes chinoises" me semblent beaucoup plus immenses que la portée ridicule d'un tout petit émetteur FM déployé en catimini par les parasites de RSF.
Sur ces entrefaites, le Dalaï-Lama arrive lundi (demain) en France. Il va s'incruster pendant deux semaines, le chef des moinillons couleur safran. Des prières, des sanctuaires, des temples, des méditations.
Je rappelle, à toutes fins utiles, que nous, les Français, avons fait une sorte de Révolution (1789) pour nous débarrasser du clergé et pour instaurer la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cela vaut pour toutes les églises, même celle du bouddhisme tibétain, religion qui bat tous les records de la mièvrerie.
Le revoici le clergé, imbibé cette fois d'encens et d'orientalisme alléchant. Il faut le vénérer. Il a l'air tellement pacifique et zen, le dieu vivant des rasés obséquieux !
Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris, a fait du Dalaï-Lama un citoyen d'honneur de la capitale française. Moi, citoyen et contribuable parisien, je n'ai jamais souhaité que le maire de ma ville embrasse ainsi publiquement les idéaux du représentant d'une théocratie médiévale (je parle ici du Dalaï-Lama), ni de quelque autre croyance.
Le bouddhisme tibétain, idéal de la démocratie face à la Chine ? Il convient d'y regarder à deux fois, au moins.
Le bouddhisme tibétain est une religion poussiéreuse et misogyne où des moines oisifs se sont reposés pendant des siècles sur le travail d'une population asservie. Asservie, cela veut dire tout simplement : "servage".
Jusqu'en 1949 (victoire des communistes de Mao), le Tibet a fonctionné selon un système ancestral et dominateur, celui d'une caste religieuse vivant grassement du servage. Les femmes n'avaient aucun droit, les pauvres étaient au service des religieux.
Les gauchistes français d'aujourd'hui nous font pleurnicher sur les pauvres Tibétains. Moi, je suis pour la libération du peuple tibétain, celui qui depuis des siècles est sous la férule de cette religion envahissante et rétrograde.
Le Dalaï-Lama ? Je m'en fiche totalement. Il ne représente rien. Jamais personne n'a voté pour lui. C'est le chef d'une secte moyenâgeuse, sans aucune légitimité. Sarkozy a parfaitement raison de lui envoyer négligemment en délégation, fin août au sud de la France, sa femme chanteuse. Ça suffira largement. Elle sussure. Il sussure. Ils sont fait pour s'entendre.
Il y a environ 6 millions de bouddhistes tibétains, en comptant les exilés en Inde. En face, il y a un milliard 300 millions de chinois. Que les meilleurs gagnent.
Je suis très satisfait de savoir que le président Sarkozy ait fait le voyage jusqu'à Pékin. Je regrette seulement qu'il ait quitté la tribune d'honneur avant la fin du spectacle pour, selon ses dires, "éviter les embouteillages". Ça, c'était un peu cavalier, compte tenu des circonstances. Mais passons, Nicolas Sarkozy, il faut le prendre pour ce qu'il est : impatient et parfois goujat.
Permettez-moi néanmoins de conchier au passage Robert Ménard (gourou autoproclamé du groupuscule malfaisant RSF) et ses sbires grotesques qui continuent de gesticuler.
Le jour de l'ouverture des Jeux, vendredi matin à 8 heures, heure chinoise, une "militante" (sic) de RSF a installé un minuscule émetteur radio FM quelque part à Pékin pour diffuser un message enregistré d'une vingtaine de minutes, en mandarin, en français et en anglais. Un émetteur, une fréquence locale. Autant dire que presque personne n'a pu entendre cette fugace et pathétique émission pirate.
Mais, grâce la complaisance coutumière des médias français, cela s'est transformé rapidement en une 'invasion' de l'espace médiatique chinois : "Les ondes chinoises ont été brouillées". C'est ce que j'ai entendu sur les radios françaises, quelques heures après cette galéjade pékinoise de RSF. Le principal, c'est que Robert Ménard soit satisfait de sa petite 'agit-prop'. "Les ondes chinoises" me semblent beaucoup plus immenses que la portée ridicule d'un tout petit émetteur FM déployé en catimini par les parasites de RSF.
Sur ces entrefaites, le Dalaï-Lama arrive lundi (demain) en France. Il va s'incruster pendant deux semaines, le chef des moinillons couleur safran. Des prières, des sanctuaires, des temples, des méditations.
Je rappelle, à toutes fins utiles, que nous, les Français, avons fait une sorte de Révolution (1789) pour nous débarrasser du clergé et pour instaurer la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cela vaut pour toutes les églises, même celle du bouddhisme tibétain, religion qui bat tous les records de la mièvrerie.
Le revoici le clergé, imbibé cette fois d'encens et d'orientalisme alléchant. Il faut le vénérer. Il a l'air tellement pacifique et zen, le dieu vivant des rasés obséquieux !
Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris, a fait du Dalaï-Lama un citoyen d'honneur de la capitale française. Moi, citoyen et contribuable parisien, je n'ai jamais souhaité que le maire de ma ville embrasse ainsi publiquement les idéaux du représentant d'une théocratie médiévale (je parle ici du Dalaï-Lama), ni de quelque autre croyance.
Le bouddhisme tibétain, idéal de la démocratie face à la Chine ? Il convient d'y regarder à deux fois, au moins.
Le bouddhisme tibétain est une religion poussiéreuse et misogyne où des moines oisifs se sont reposés pendant des siècles sur le travail d'une population asservie. Asservie, cela veut dire tout simplement : "servage".
Jusqu'en 1949 (victoire des communistes de Mao), le Tibet a fonctionné selon un système ancestral et dominateur, celui d'une caste religieuse vivant grassement du servage. Les femmes n'avaient aucun droit, les pauvres étaient au service des religieux.
Les gauchistes français d'aujourd'hui nous font pleurnicher sur les pauvres Tibétains. Moi, je suis pour la libération du peuple tibétain, celui qui depuis des siècles est sous la férule de cette religion envahissante et rétrograde.
Le Dalaï-Lama ? Je m'en fiche totalement. Il ne représente rien. Jamais personne n'a voté pour lui. C'est le chef d'une secte moyenâgeuse, sans aucune légitimité. Sarkozy a parfaitement raison de lui envoyer négligemment en délégation, fin août au sud de la France, sa femme chanteuse. Ça suffira largement. Elle sussure. Il sussure. Ils sont fait pour s'entendre.
Il y a environ 6 millions de bouddhistes tibétains, en comptant les exilés en Inde. En face, il y a un milliard 300 millions de chinois. Que les meilleurs gagnent.
dimanche 3 août 2008
The first day of the rest of your life
Je suis sévère et même impitoyable sur le cinéma français. Mais quand un film surnage au dessus de la médiocrité habituelle, il faut avoir l'honnêteté de le signaler.
Je veux donc attirer votre attention sur un film français réalisé par Rémi Bezançon et intitulé "Le premier jour du reste de ta vie". C'est une chronique familiale qui se décline sur plusieurs époques: l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. Le tout avec une subtilité rare dans un film hexagonal.
Ce qui est précieux aussi, c'est la construction inventive de l'histoire, le montage, la musique, le scénario elliptique. Et aussi les qualités techniques. Les cinéastes français, en général, filment sans grâce des histoires éculées. Ici, c'est tout le contraire. Ce qui me frappe dans ce film, c'est la finition. Les films français sont presque toujours mal fagotés, bâclés, mal éclairés, mal filmés tout simplement. Cette fois, le réalisateur n'a pas négligé les détails.
Il y a cinq acteurs principaux : le père, la mère et les trois enfants : deux garçons et une fille, la cadette. Ça se passe quelque part en banlieue parisienne dans les années 80-90 et 2000.
Le père (Jacques Gamblin) est chauffeur de taxi. La mère est incarnée par Zabou Breitman. Ce sont des acteurs que je découvre presque car je ne vois pratiquement jamais de films français. Ils sont très bons. Gamblin est parfait.
L'histoire est impossible à résumer. Disons qu'il s'agit d'une réflexion sur la vie, le temps qui passe, l'amour, les tensions, les joies et, finalement, la mort.
Parmi les trois jeunes acteurs qui jouent le rôle des enfants, j'ai été intrigué par celui qui joue le personnage de Raphaël (le deuxième enfant de cette famille). Je me suis dit, tout au long de la projection : je l'ai déjà vu quelque part.
Oui, cet acteur, c'est Marc-André Grondin. C'est un nom affreux pour faire du cinéma. Aucune importance. C'est un acteur québécois de 24 ans qui était déjà magnifique dans cette merveille canadienne intitulée : "C.R.A.Z.Y" (sortie en France en Mars 2006).
Pour Grondin et pour tous les acteurs de ce film intelligent, drôle et chaleureux, allez voir : "Le premier jour du reste de ta vie". Ce n'est pas un chef d'œuvre définitif. Mais ce sont deux heures de cinéma honorable et délectable. Ce n'est déjà pas si mal.
Je veux donc attirer votre attention sur un film français réalisé par Rémi Bezançon et intitulé "Le premier jour du reste de ta vie". C'est une chronique familiale qui se décline sur plusieurs époques: l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. Le tout avec une subtilité rare dans un film hexagonal.
Ce qui est précieux aussi, c'est la construction inventive de l'histoire, le montage, la musique, le scénario elliptique. Et aussi les qualités techniques. Les cinéastes français, en général, filment sans grâce des histoires éculées. Ici, c'est tout le contraire. Ce qui me frappe dans ce film, c'est la finition. Les films français sont presque toujours mal fagotés, bâclés, mal éclairés, mal filmés tout simplement. Cette fois, le réalisateur n'a pas négligé les détails.
Il y a cinq acteurs principaux : le père, la mère et les trois enfants : deux garçons et une fille, la cadette. Ça se passe quelque part en banlieue parisienne dans les années 80-90 et 2000.
Le père (Jacques Gamblin) est chauffeur de taxi. La mère est incarnée par Zabou Breitman. Ce sont des acteurs que je découvre presque car je ne vois pratiquement jamais de films français. Ils sont très bons. Gamblin est parfait.
L'histoire est impossible à résumer. Disons qu'il s'agit d'une réflexion sur la vie, le temps qui passe, l'amour, les tensions, les joies et, finalement, la mort.
Parmi les trois jeunes acteurs qui jouent le rôle des enfants, j'ai été intrigué par celui qui joue le personnage de Raphaël (le deuxième enfant de cette famille). Je me suis dit, tout au long de la projection : je l'ai déjà vu quelque part.
Oui, cet acteur, c'est Marc-André Grondin. C'est un nom affreux pour faire du cinéma. Aucune importance. C'est un acteur québécois de 24 ans qui était déjà magnifique dans cette merveille canadienne intitulée : "C.R.A.Z.Y" (sortie en France en Mars 2006).
Pour Grondin et pour tous les acteurs de ce film intelligent, drôle et chaleureux, allez voir : "Le premier jour du reste de ta vie". Ce n'est pas un chef d'œuvre définitif. Mais ce sont deux heures de cinéma honorable et délectable. Ce n'est déjà pas si mal.
Choses vues ou entendues un dimanche
Tee-shirt.
Vu tout à l'heure, du côté de l'Opéra Garnier, un jeune homme portant un tee-shirt où l'on pouvait lire en gros caractères : "I AM MUSLIM, DON'T PANIC !" ("Je suis musulman, pas de panique"). Je ne suis pas sûr que ce soit ce genre de tee-shirt qu'il faille arborer pour prendre un avion, notamment à destination des Etats-Unis.
Censure chinoise.
On fait tout un plat des restrictions que les autorités chinoises imposent sur l'accès à certains sites de l'Internet, à quelques jours du début des Jeux Olympiques. Ces restrictions ont d'ailleurs été assouplies. L'événement sera couvert par 20.000 journalistes sportifs du monde entier. Combien de journalistes sportifs vont régulièrement sur les sites de "Reporters sans frontières" ou de "Amnesty International" ? Les journalistes sportifs couvrant les Jeux auront sans doute autre chose pendant les trois semaines de compétition.
Tauromachie.
Michelito est un gamin franco-mexicain de 10 ans. Il a déjà un métier : torero. Il devait participer à une corrida ce week-end à Arles. Le maire de la ville a sagement interdit la manifestation. Le manager de Michelito (qui est aussi son père) est furieux. Il explique que son fiston, 30 kilos tout mouillé, ne devait pas affronter des taureaux adultes mais des veaux de seulement 100 kilos. "C'est moins dangereux pour un enfant, dit le père, que de dévaler une piste de ski à 80 km/h". Je ne vois pas le rapport. Michelito cherche à exercer ses talents dans les prochaines semaines dans d'autres villes de France. La législation française l'empêchera de mettre à mort les bestiaux. Pourtant Michelito est un expert : depuis qu'il porte l'estocade en Amérique Latine où il est une petite star, il a déjà occis en public 60 vrais gros taureaux. C'est ce qui s'appelle une jeunesse saine et sportive ! Bravo au papa !
Vu tout à l'heure, du côté de l'Opéra Garnier, un jeune homme portant un tee-shirt où l'on pouvait lire en gros caractères : "I AM MUSLIM, DON'T PANIC !" ("Je suis musulman, pas de panique"). Je ne suis pas sûr que ce soit ce genre de tee-shirt qu'il faille arborer pour prendre un avion, notamment à destination des Etats-Unis.
Censure chinoise.
On fait tout un plat des restrictions que les autorités chinoises imposent sur l'accès à certains sites de l'Internet, à quelques jours du début des Jeux Olympiques. Ces restrictions ont d'ailleurs été assouplies. L'événement sera couvert par 20.000 journalistes sportifs du monde entier. Combien de journalistes sportifs vont régulièrement sur les sites de "Reporters sans frontières" ou de "Amnesty International" ? Les journalistes sportifs couvrant les Jeux auront sans doute autre chose pendant les trois semaines de compétition.
Tauromachie.
Michelito est un gamin franco-mexicain de 10 ans. Il a déjà un métier : torero. Il devait participer à une corrida ce week-end à Arles. Le maire de la ville a sagement interdit la manifestation. Le manager de Michelito (qui est aussi son père) est furieux. Il explique que son fiston, 30 kilos tout mouillé, ne devait pas affronter des taureaux adultes mais des veaux de seulement 100 kilos. "C'est moins dangereux pour un enfant, dit le père, que de dévaler une piste de ski à 80 km/h". Je ne vois pas le rapport. Michelito cherche à exercer ses talents dans les prochaines semaines dans d'autres villes de France. La législation française l'empêchera de mettre à mort les bestiaux. Pourtant Michelito est un expert : depuis qu'il porte l'estocade en Amérique Latine où il est une petite star, il a déjà occis en public 60 vrais gros taureaux. C'est ce qui s'appelle une jeunesse saine et sportive ! Bravo au papa !
samedi 2 août 2008
Mois d'Août
Carla, reine de la promo.
Lundi dernier, au Palais de l'Elysée, à la sortie du dernier conseil des ministres avant les vacances, Carla Bruni a distribué son disque en le dédicaçant aux membres du gouvernement de son mari. On l'a vue aussi, photographiée sur les toits de l'Elysée, dans le magazine américain "Vanity Fair" où elle figure en couverture. Les toits de l'Elysée, je croyais que c'était un endroit public et républicain. S'agit-il d'un décor dont peut disposer une chanteuse, fût-elle l'épouse du chef de l'Etat ? Confusion des genres ?
La plus belle avenue du Monde.
A l'occasion de l'arrivée du Tour de France cycliste il y a une dizaine de jours, les commentateurs n'ont cessé de dire que les Champs-Elysées étaient la "plus belle avenue du Monde". D'où vient cette affirmation péremptoire, répétée à l'infini ? Quand le grand concours mondial des avenues s'est-il déroulé ? Qui était dans le jury ? Les Champs-Elysées, c'est tout droit, c'est banal, ça commence sur une place où l'échafaud révolutionnaire a jadis sectionné de nombreuses nuques et ça débouche sur un monument militaire. Sympa comme ambiance ! Et maintenant, c'est très mal fréquenté, plus très élégant. De moins en moins de cinémas, de plus en plus de boutiques à fringues, de restos rapides ('fast-food'). "La plus belle avenue du Monde", vous en êtes sûr ?
Paris au mois d'Août.
Aznavour l'a chanté avec lyrisme. Et pourtant, c'est sinistre. Il fait gris. Il pleuviote. Des touristes en short déambulent en brandissant un plan chiffonné de la ville. Le reste du peuple français s'agglutine sur les autoroutes, direction le Sud, en pompant une essence dispendieuse. La France s'arrête. La capitale est comateuse.
Lundi dernier, au Palais de l'Elysée, à la sortie du dernier conseil des ministres avant les vacances, Carla Bruni a distribué son disque en le dédicaçant aux membres du gouvernement de son mari. On l'a vue aussi, photographiée sur les toits de l'Elysée, dans le magazine américain "Vanity Fair" où elle figure en couverture. Les toits de l'Elysée, je croyais que c'était un endroit public et républicain. S'agit-il d'un décor dont peut disposer une chanteuse, fût-elle l'épouse du chef de l'Etat ? Confusion des genres ?
La plus belle avenue du Monde.
A l'occasion de l'arrivée du Tour de France cycliste il y a une dizaine de jours, les commentateurs n'ont cessé de dire que les Champs-Elysées étaient la "plus belle avenue du Monde". D'où vient cette affirmation péremptoire, répétée à l'infini ? Quand le grand concours mondial des avenues s'est-il déroulé ? Qui était dans le jury ? Les Champs-Elysées, c'est tout droit, c'est banal, ça commence sur une place où l'échafaud révolutionnaire a jadis sectionné de nombreuses nuques et ça débouche sur un monument militaire. Sympa comme ambiance ! Et maintenant, c'est très mal fréquenté, plus très élégant. De moins en moins de cinémas, de plus en plus de boutiques à fringues, de restos rapides ('fast-food'). "La plus belle avenue du Monde", vous en êtes sûr ?
Paris au mois d'Août.
Aznavour l'a chanté avec lyrisme. Et pourtant, c'est sinistre. Il fait gris. Il pleuviote. Des touristes en short déambulent en brandissant un plan chiffonné de la ville. Le reste du peuple français s'agglutine sur les autoroutes, direction le Sud, en pompant une essence dispendieuse. La France s'arrête. La capitale est comateuse.
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