"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

samedi 19 janvier 2008

Into the wild


Cet homme réclame légitimement deux heures et demie de notre existence. Cet homme a des choses à dire, des choses à nous montrer. Cet homme s'appelle Sean Penn et il est le réalisateur de "Into the Wild", film que j'ai vu ce soir.



Comment résumer ? Dire d'abord que c'est un film lyrique et désespéré, c'est une ode à la vie, à la nature et, finalement, à l'humanité.

C'est aussi, et toujours, le miracle renouvelé du cinéma quand il est bien fait : on jette quelques euros à une caisse, on s'assoit dans le noir et on en prend plein la figure. C'est ça, l'expérience ressentie pendant la projection de "Into the Wild".



Il s'agit de l'histoire (vraie) d'un jeune Américain, diplômé mais lucide, qui décide de tout laisser tomber : le fric, la carrière, la vie rectiligne qu'on lui trace. Il décide d'aller "faire la route", à la manière de Jack Kerouac.



Il oublie sa famille pénible et déchirée et le grand avenir conventionnel que la société lui préparait sur un plateau d'argent trop prévisible. Il brûle ses derniers dollars, il se nourrit de rencontres improbables et de gibier maladroitement chassé. Et puis, il meurt, seul, dans un coin paumé d'Alaska où il se fait piéger par la Nature qu'il a tellement appelé de ses vœux.



Sean Penn, réalisateur, restitue ce destin réel dans toute sa véracité. C'est une tragédie grecque dans les magnifiques paysages de l'Ouest américain.



Le personnage central est incarné par un jeune acteur totalement inconnu. Il s'appelle Emile Hirsch. Il est remarquable. Par moment, il me fait penser à Leonardo Di Caprio. A ceci près que, si Leonardo avait été choisi, nous n'aurions pas pu y croire. Pour cette histoire, il fallait un acteur nouveau, sans statut de star.



J'ai été particulièrement remué par ce film car je connais personnellement presque tous les paysages parcourus : la Californie du Nord et du Sud, le Nevada, l'état de Washington, le cours impétueux du Colorado (où j'ai fait jadis une semaine de 'rafting'), la mer de Cortez au Mexique (avec ses baleines et ses phoques), le Dakota du Sud (les grandes plaines céréalières), les forêts de l'Oregon (profondes et inexplorées). Et enfin, l'Alaska. Comme le personnage central du film, j'ai échoué un jour à Fairbanks. C'est au milieu de l'Alaska. Après Fairbanks, il n'y a plus de vraie route. C'est au delà de cette route se terminant brutalement en cul-de-sac que le personnage du film échoue et meurt.



"Into the Wild" est un film exceptionnel. Parmi les milliers de films que j'ai pu voir dans ma déjà longue vie, je le classe sans hésiter parmi les trente meilleurs.



N'allez pas me demander aussitôt la liste des 29 autres !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, très beau film qui m'a totalement happé. Difficile, restropectivement, de croire qu'il dure 2h30, tant il est passé comme un charme. Pas d'effets spéciaux, pas d'explosions, mais la courte-poursuite d'un homme à la recherche d'une vie avec laquelle il soit en accord.

Anonyme a dit…

Le meilleur ? je ne sais pas.
Celui qui m'a le plus boulversé ?Certainement.