Je croyais à tort que Marshall Mc Luhan aurait pu être dépassé par l’évolution de nos technologies. Mort il y a presque trente ans, le visionnaire canadien, génial sémiologue des média (sans 's' car c'est du latin), reste absolument pertinent.
Je me replonge un instant dans son ouvrage majeur : « Pour comprendre les média ».
Je possède un exemplaire de la première traduction française publiée en 1968 (le texte original a été publié en anglais au Canada en 1964). Je cite Mc Luhan, dans la dernière page de son livre lumineux et incroyablement prémonitoire :
« Nous pouvons maintenant, grâce à l’ordinateur, répondre à des besoins sociaux complexes avec la même sûreté architecturale que nous manifestions naguère dans l’érection d’habitations individuelles. L’unité de supputation est désormais la totalité de l’industrie, et la chose est également vraie de la société, de la politique et de l’éducation. Grâce aux moyens électriques de stocker et de transmettre l’information avec rapidité et avec précision, les grandes unités sont devenues aussi maniables que les petites. L’interdépendance globale est le fait d’où il faut partir. Etant indépendante du lieu ou du type des opérations de travail, l’énergie électrique crée des modèles de décentralisation et de diversification du travail à accomplir. »
Ce texte a été rédigé en 1964, il y a 45 ans, alors même que l’Internet en tant que tel n’existait pas encore. Et pourtant, c’est bien l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui que décrivait Mc Luhan.
La première connexion informatique à longue distance (très déficiente) n’a été établie que l’année suivante, en 1965, entre la Californie et le MIT dans le Massachusetts, aux Etats-Unis.
Je relis aussi ce que Marshall Mc Luhan avait écrit, il y a presque un demi-siècle, sur la télévision et la radio. Tout reste d’une parfaite justesse.
Et c’est Marshall Mc Luhan lui-même qui me fournit, post-mortem, cette citation en forme de conclusion soumise à votre réflexion :
"Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. Les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique."
2 commentaires:
rebonjour, et bonne annee! N'ayant pas eu ta chance concernant la reparation de l'ordinateur, je viens de redecouvrir ton blog, sorti de sa jachere. Merci!!!!
Je voulais, meme si ce n'est pas le commentaire de ce poste la, que j'ai ete enchante de la reparation de ma machine preferee, pourtant embarquee dans un cycle pouvant se terminer en catastrophe. La societe devant le reparer ayant fait faillite le lendemain du depot, et aux USA, fermeture des magasins signifie qu'on peut acheter les lineaires et les caisses, j'ai reussi a le recuperer des mains du fabricant, prenant a sa charge toutes les obligation du vendeur, sans y etre oblige. Merci a cette societe qui "go the extra miles" et donc une aventure se terminant bien, permettant mes retrouvailles avec Anyhow. Merci Sony et j'espere que la jachere a ete suffisament longue pour que les billets restent toujours autant d'humeur
"des média (sans 's' car c'est du latin)" : cela a tendance à me faire doucement rigoler, tiens.
C'est comme ceux qui écrivent "scénarii"... pfffffffffff...
De Closets a écrit sur la langue francaise comme instrument (silencieux) de "sélection de classes" dans "La grande manip", une forme de signe de reconnaissance entre gens bien éduqués.
Cela rejoint certains qui s'enorgueillissent des particularismes de la langue francaise, comme si ces particularismes faisaient la quintessence de la beauté de notre langue.
C'est vrai qu'il y a ce genre de comportement chez certains.
D'autres s'arqueboutent sur ce qu'on leur a appris, comme s'ils étaient dépositaires de la norme, comme s'ils ne voyaient pas que la langue francaise ne leur appartient pas en propre et qu'elle ne cesse d'évoluer. Certains s'enorgueillissent "fuel" plutôt que la nouvelle orthographe "fioul" et pourtant, ils ne se gènent pas pour écrire "ordinateur" alors que ce mot a pourtant été créé de toute pièce en 1955 ou 1956.
Mais cela n'est pas tellement, je crois, le plus important.
A cultiver de tels particularismes, on complexifie la langue, pour rien, ou presque. Il ne s'agit pas d'écrire comme on parle, ce qui est l'apocalypse de ceux qui ne veulent surtout rien changer, mais il s'agit juste de corriger des anomalies qui rendent l'apprentissage du francais ennuyeux et barbant.
Quant à Marshall Mc Luhan, oui, il était visionnaire.
cela m'a rappelé René Barjavel qui parlait, dans La nuit des temps, d'assembler des ordinateurs partout sur la planète pour résoudre, en l'occurrence, un problème de déchiffrage de langue.
Nos technologies actuelles étaient dans l'air du temps dans les années 60. Cela devait phosphorer à l'époque.
D'où ma question : a-t-on quitté cette époque ? Au fond, sommes-nous encore l'élan de la seconde moitié du 20eme siècle ? Avons-nous vraiment commencé une nouvelle phase avec les années 2000 ? Pas sûr que nous soyons dans une nouvelle phase, mais on est bel et bien dans une période charnière...
Et où sont les visionnaires de notre époque ?
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