"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

lundi 3 janvier 2011

Pour Stéphane Hessel de la part de Nietzsche : 'Nul ne ment autant qu’un homme indigné'


Ainsi va la France, petit pays ballotté par les grands mouvements planétaires. Un territoire croupion, amputé de son empire, qui se rêve encore en grande puissance.

Ses dirigeants de tous bords encouragent depuis des décennies, contre vents et marrées, une étrange vision paranoïaque : la France, cinquième économie du monde, un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, la bombe atomique ! On est les rois, non ?

Pas vraiment, en réalité. Même si l’actuel président de ce territoire amoindri va présider du haut de ses talonnettes le futur G20, la France n’est plus qu’une principauté sans importance.

La France est parmi les pays les plus pessimistes au monde. Nous sommes, selon un sondage tout frais, moins confiants dans notre avenir que les Irakiens et les Afghans. C’est vous dire...

Dans un pays abattu et méfiant comme l’est la France, rien ne vaut un bon râleur à l’ancienne, pour rejouer les vieilles rengaines.

Voici donc que surgit fort opportunément un opuscule au succès fulgurant, déjà vendu à plus de 500.000 exemplaires. C’est l’OVNI éditorial de ces dernières semaines : une trentaine de pages signées Stéphane Hessel et intitulées «INDIGNEZ-VOUS !».

Le prix est raisonnable : 3 €. Franchement, ça ne vaut guère plus. Je suis très heureux de savoir que l’éditeur de Montpellier qui a publié ce texte (‘Indigène Editions’) gagne beaucoup d’argent et va pouvoir publier beaucoup d’autres livres.

Mais la prose de Stéphane Hessel m’a plutôt laissé perplexe. Je m’attendais à un texte lyrique et exaltant, à une vraie incantation. Un appel à la révolte, à l’insurrection. Tant qu’à faire ! Au contraire, je lis (et je relis pour être sûr que j’ai bien lu) un texte d’une infinie platitude. Le style est décourageant de banalité. Le ‘petit livre rouge’ de Mao, par comparaison, c’était rock and roll !

L’auteur est évidemment admirable : résistant, déporté, humaniste, diplomate. Il dispose de toutes les lettres de créances. Mais son petit texte est vraiment insignifiant. C’est écrit sans grâce, sans panache. C’est, à vrai dire, un pensum.

Le long passage pro-palestinien est particulièrement lourdingue. Ce militantisme pesant discrédite fortement le reste de la démonstration déjà bien faible.

Que nous dit vraiment Stéphane Hessel ? Que le capitalisme financier est très nuisible. Merci pour l’info, Steph ! Ça, c’est du news, coco ! Et que fait-on pour le combattre ? Monsieur Hessel n’apporte aucune piste. Il se contente de s’indigner. C’est sa posture.

Stéphane Hessel, dans son opuscule best-seller, invoque à loisir l’esprit de la Résistance. C’est la référence de sa jeunesse. Mais comment appliquer à 2011 les règles du jeu de 1944 ? Cherchez l’erreur.

Qu’est devenu le modèle social français, inventé à la Libération ? Stéphane Hessel le brandit encore avec ferveur alors que ce modèle est dans l’ornière, perclus de déficits et de bureaucratie.

Stéphane Hessel a rallié à Londres le général de Gaulle dès 1941. Il s’élève contre les pressions économiques et politiques exercées aujourd’hui contre la presse et les médias. Vaste blague. De Gaulle au pouvoir dans les années 60 avait les médias à sa botte beaucoup plus fermement que Sarkozy actuellement. Et Mitterrand (que Stéphane Hessel vénère) a exercé sur l’audio-visuel hexagonal une domination infiniment plus forte que l’actuel occupant de l’Elysée. Tout le monde a évidemment oublié ces épisodes.

Sur l’analyse économique, je relève aussi dans le petit pamphlet de Stéphane Hessel quelques énormités.

Hessel veut nous faire croire que l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser. C’est globalement faux. Le nombre de très pauvres dans les pays en voie de développement est en baisse constante. Une classe moyenne émerge par ailleurs en Chine, en Inde, au Brésil et dans certains pays africains. La mondialisation améliore les conditions de vie (pouvoir d’achat, longévité) de millions de gens dans les pays du sud. Et ce n’est qu’un début.

Stéphane Hessel a été diplomate pendant de longues années à l’ONU. Il a forcément entendu des milliers de discours tiers-mondistes édifiants. C’est la spécialité de l’ONU. Mais ces discours ne résistent pas à l’analyse de la réalité : la globalisation économique est plus positive pour les pays émergents que les théories marxisantes qui ont longtemps été à la mode dans les tribunes internationales.

Stéphane Hessel nous propose de revenir aux valeurs éthiques héritées de la Résistance. Comme si la Résistance avait été un chemin pavé de roses. La Résistance a été en réalité une foire d’empoigne, un terrain cruel de luttes idéologiques. Trop facile, 70 ans plus tard, de nous faire croire que c’était la joyeuse camaraderie dans les maquis. Merci pour les images d’Epinal, on a déjà donné !

Et comment peut-on raisonnablement appliquer à notre XXIème siècle les idées de 1944, celles d’un pays emmuré à l’époque dans ses frontières ? Il faudrait dire gentiment à Stéphane Hessel, sans l’indigner, que les temps ont un peu changé, pour le meilleur et pour le pire. Et que ses grilles de lecture de l’après-guerre sont un peu rouillées.

Stéphane Hessel, ce doux vieillard, promène cependant son image angélique. Il va, de télé en télé, propager son message gentiment indigné. Il était encore ce soir chez Denisot sur Canal +. Il est drôle et réactif. «Un bon client», dit-on dans la profession audio-visuelle. Il dit un peu n’importe quoi. Peu importe : c’est rétro. C’est pour ça que ça marche. Dans un pays comme la France, tout ce qui est rétro est gage de succès.

Nous avons donc trouvé un nouveau penseur, un papy buriné, le nonagénaire qu’on vénère. La mode ne va heureusement pas durer. C’est un produit saisonnier.

Pour lui clouer le bec, j’ai convoqué Friedrich Nietzsche qui, fort à propos, disait : «Nul ne ment autant qu’un homme indigné».

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En complément, sur le même sujet, je vous suggère fortement de lire le texte que Pierre Assouline signe sur blog "La république des livres".

Vous le trouverez en cliquant sur le lien ci-dessus.

Je reproduis en outre ci-dessous le texte d'Assouline dont les avis sont souvent très pertinents.

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A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?

Etrange phénomène que celui d’Indignez vous ! (29 pages, 3 euros, Indigène éditions). Qui n’aime pas Stéphane Hessel, son sourire désarmant, son incroyable mémoire de la poésie, sa courtoisie d’un autre temps, sa gentillesse si rassurante ? Il vaut vraiment que l’on s’y arrête et que l’on y regarde de plus près, ne fût-ce que parce que, au-delà du demi million d’exemplaires, tout essai revêt des allures de phénomène de société. Or, curieusement, s’il a été loué de toutes parts, en raison de son message humaniste et de l’itinéraire impeccable de son auteur, il n’a guère été analysé dans un esprit critique. L’objet tout d’abord. Ce n’est pas un livre mais stricto sensu une brochure dont le texte proprement dit n’occupe que 13 pages, comme un gros article, le reste étant occupé par des notes et une postface de l’éditeur. Il est donc abusif non seulement de parler de livre, d’expliquer son succès par son faible prix (3 euros) alors que des nouvelles inédites sont en vente à 2 euros (Folio), mais aussi de commenter la liste des meilleures ventes en clamant partout qu’il a même dépassé le Goncourt de Michel Houellebecq (!). Mais on s’en doute, là n’est pas le plus important.

L’indignation en est le leitmotiv. Quand on pense que ceux qui l’achètent par dizaines pour l’offrir autour d’eux y voient un programme d’action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu. Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l’appel n’a pas la puissance d’un pamphlet. Qui pourrait décemment s’opposer aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées ? D’autant qu’elles sont présentées sous le label « issu de la Résistance ». C’est déjà là que le bât blesse. Non dans le programme du Conseil national de la Résistance, même si depuis son adoption le 15 mars 1944, la France a un peu changé et qu’il ne suffit plus de réclamer « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », revendication qui paraît un peu courte aujourd’hui, même pour les syndicalistes les plus chevronnés. Stéphane Hessel, qui s’est tôt engagé dans la Résistance, ce qui lui valut d’être torturé puis déporté à Buchenwald et à Dora, dit l’avoir fait car « j’ai été indigné par le nazisme». Il nous appelle donc à l’indignation permanente en toutes circonstances et en tous lieux, même si cette manière de mettre ainsi sur une même ligne morale la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme et les crimes du totalitarisme national-socialiste devraient nous… indigner. Le Monde a récemment publié deux pleines pages dans lesquelles des personnalités s’indignaient toutes de quelque chose, à l’exception du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, et comme sa lumineuse réaction ouvrait le bal, elle eut pour effet d’anéantir toutes celles qui suivaient :

« J’ai beaucoup de tendresse, d’admiration, pour Stéphane Hessel avec qui j’ai beaucoup de concordances de vue mais je m’indigne qu’on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner. »

On ne saurait mieux dire qu’il est bizarre de pousser ses contemporains à s’engager sous l’empire de l’émotion et non sous celui de la réflexion. Mais allons plus loin. Dès la troisième page de son texte, Stéphane Hessel écrit : « Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes… » Nous ? Mais qui l’a délégué pour parler au nom de tous les survivants de la Résistance intérieure et de la France Libre, d’autant qu’il y revient à plusieurs reprises ? A la dernière page, cela peut se concevoir car son « nous » renvoie en note à un appel de 2004 fort d’une dizaine de noms (Aubrac, Cordier, Vernant…), mais avant, si on lit bien, Stéphane Hessel est l’auteur et il est censé écrire en son nom. A le suivre dans son raisonnement, on comprend qu’un homme n’est humain que s’il s’indigne et s’engage en conséquence. Un peu comme lui en somme. De quoi nier leur qualité d’humains à tous les Bartleby engendrés par la société. A la fin de son texte, après avoir rappelé les principes de la Déclaration des droits de l’homme à la rédaction de laquelle il fut associé, et s’être fait l’apôtre de la non-violence, le pourfendeur des inégalités, le dénonciateur de la consommation à outrance (mais qui est contre ?), il s’indigne de ce qui se passe à l’étranger.

« Aujourd’hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie ». Deux pages suivent (2 sur 13, c’est dire la proportion) en défense et illustration du peuple palestinien, attitude légitime et respectable, mais qui contient difficilement la colère haineuse qui altère son flegme poétique chaque fois que, dans un débat, il est question d’Israël. Faisant le décompte des pertes de l’opération « Plomb durci » qui a provoqué la mort de plus d’un millier de gazaouis, il remarque qu’elle a fait « seulement » une cinquantaine de blessés du côté israélien, et on y sent l’ombre d’un regret, d’autant qu’il croit bon ajouter cette énormité : « Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable ». Comme si quoi que ce soit, dans leur qualité, leur passé, leur souffrance, devait les préserver, les immuniser ou leur interdire de se comporter salement comme tous les hommes sous toutes les latitudes en tous temps car toute guerre est une sale guerre. Si Stéphane Hessel avait été se promener un peu plus en Israël, il y aurait croisé à sa stupéfaction nombre de maîtres chanteurs, de salauds, de maquereaux, de violeurs d’enfants, de négationnistes, de trafiquants de drogue, de tueurs en série. Après quoi suivent des considérations sur l’inévitabilité du terrorisme comme une forme d’exaspération. On croit en avoir fini mais non, deux pages plus loin, il y revient. Evoquant une marche pacifique contre le mur de séparation, il rapporte que les autorités israéliennes l’ont qualifiée de « terrorisme non-violent » puis il commente goguenard : « Pas mal… Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence. » Imaginez un instant l’évocation de la stigmatisation des Roms par Sarkozy&Hortefeux suivie de ce commentaire : « Il faut être français pour … ».

Imaginez mais ne cherchez pas car cela n’y est pas. Vous n’y trouverez pas non plus d’indignation sur la violation des droits de l’homme en Birmanie, en Chine, en Iran, en Corée du Nord, en Libye, en Tunisie et dans tant d’autres pays car l’indignation de Stéphane Hessel est à géométrie variable. Manifestement, sa boussole intérieure s’est bloquée sur ce pays honni. Par une ironie de l’Histoire, il a tenu à faire figurer en liminaire la reproduction de Angelus Novus, dans laquelle son premier propriétaire, le philosophe Walter Benjamin, un ami de son père, voyait « un ange repoussant cette tempête que nous appelons le progrès ». Et comme l’éditeur est obligé d’en indiquer la propriété, la présence de cette aquarelle de Paul Klee permet de faire éclater dès la première page la mention « Musée d’Israël, Jérusalem »… Ce qui doit passablement indigner l’auteur. Mais que ces détails n’empêchent pas les hommes de bonne volonté de s’indigner en reprenant en chœur le puissant slogan qui lui sert d’excipit : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer »

©Pierre Assouline

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10 commentaires:

Anonyme a dit…

"Quand je cesserai de m'indigner, j'aurai commencé ma vieillesse." André Gide

La France est donc bien un pays en pré retraite...

Anonyme a dit…

« Nul ne ment autant qu’un homme indigné ».
Pauvre Friedrich Nietzsche, le voici à nouveau détourné et trahi !
La toile « buzze » autour de cette citation, cette trouvaille destinée à discréditer Stéphane Hessel et ses centaines de milliers de lecteurs appelés à s’indigner.
D’abord, on constate que le « Et » qui débute la phrase de Nietzsche a disparu, donc, toute indication qu’il y a un enchaînement.
Ensuite, on se garde bien de préciser la source.
Il s’agit de la dernière phrase du paragraphe 26 de la deuxième partie (« l’esprit libre ») de « Par delà le bien et le mal ».
L’homme d’élite, l’homme supérieur, « amant de la connaissance », y est invité à se mettre à l’écoute du « vulgaire », quand celui-ci parle mal de l’homme sans indignation et ne « veut voir que la faim, l’appétit sexuel et la vanité comme les véritables et les seuls mobiles des actions humaines ».
L’ « indigné » est donc ici celui qui, à lm’inverse, ne veut pas voir que l’homme est guidé par la faim, l’appétit sexuel, la vanité. Bref, quelqu’un qui se refuse (au nom de la Morale ? …) à admettre la réalité de l’homme.
Qui n’acquiescerait, de nos jours, au fait que nier et réfuter ces appétits est mentir …
On ne voit pas le rapport avec un appel à l’engagement dans une lutte pacifique contre la Morale (et les mensonges) du plus fort …
Mais le poison est répandu, et Nietzsche une nouvelle fois embrigadé dans un combat nauséabond.

J C Rennesson

ANYHOW a dit…

Réponse à J C Rennesson qui signe le commentaire qui précède :
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S'il s'agit d'opposer la réflexion philosophique de Friedrich Nietzsche à celle de Stéphane Hessel, je sais d'avance qui va prévaloir.
Vous avez évidemment raison de mettre la citation de Nietzsche dans son contexte. Pour Hessel, il n'y a pas de contexte, tant le texte est naïvement creux.
On a les révoltes et les indignations à deux balles (3 €) qu'on mérite. Le vieil homme est touchant et respectable. Sa brochure à succès est un phénomène de mode, capable de rassurer ceux qui cherchent un prêt à penser commode et vite lu (fast-food), fondé sur un passé révolu.

Anonyme a dit…

Anyhow a-t-il conscience que lorsqu'il admet "vous avez évidemment raison de mettre la citation de Nietzche dans son contexte", il avoue implicitement qu'en ne l'ayant pas fait, il a fait preuve de malhonnêteté? Quant aux assertions qui suivent, suintant le mépris et la haine, "trop intéressées pour être accueillies de confiance" pour paraphraser Jaurès, elles ne font pas la gloire de leur auteur.

ANYHOW a dit…

Bon, je m'incline. Hessel, c'est Martin Luther King, Gandhi et Mandela réunis en un seul homme. Nous avons bien de la chance...

Anonyme a dit…

Visiblement, il y en a qui fument d'indignation contre leurs adversaires parce que ce bouquin semble être "un bon coup".

La politique consiste à convaincre un peu plus ceux qui sont déjà prêts à vous écouter.

Les hurlements des indignés contre ce bouquin n'a rien à voir avec sa
valeur.

Et enfin, utiliser dans un débat politique télévisuel une citation en hors contexte et provenant d'une oeuvre LITTÉRAIRE (d'un écrivain (mort de surcroît c.a.d pas là pour approuver ou désapprouver l'usage qui est fait de son oeuvre)est un acte de trahison commis contre l'auteur et contre la littérature, dans un but strictement propagandiste.

C'est vil et vain.

Sollers, bon écrivain mais grande girouette, n'a qu'un seul radar : ne pas se fâcher les politiques qui l'ont aidé et savent le flatter.

Anonyme a dit…

"L’ « indigné » est donc ici celui qui, à lm’inverse, ne veut pas voir que l’homme est guidé par la faim, l’appétit sexuel, la vanité. Bref, quelqu’un qui se refuse (au nom de la Morale ? …) à admettre la réalité de l’homme."
c'est bien ce dont il s'agit, non?
de toute façon avec des citation on peut dire tout et son contraire...
au lieu de s'attarder sur une pauvre citation il serait plus malin de lire le contenu de l'article qui lui argumente. à part votre cours de philo sur la citation, vous ne répondez à aucun des arguments présentés, c'est vil!
d'ailleurs ce serait pas mal aussi de lire le bouquin plutôt que de le brandir à tout va, désespérément fermé...
momo

Anonyme a dit…

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