"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

samedi 1 janvier 2011

Un romancier français ? Peut-être...


Difficile à coup sûr de prédire qu’un écrivain est né dans la France du XXIème siècle.

Mais tout de même, je suis assez ébloui par ce jeune Jean-Baptiste Del Amo (28 ans aujourd’hui), auteur d’un premier roman balzaco-flaudertien assez ébouriffant en 2008 (‘Une éducation libertine’ –Gallimard-) qui récidive en 2010 avec un ouvrage exactement à l’opposé du premier (‘Le Sel’ –Gallimard-). C’est, à mon humble avis, un auteur à suivre. Deux livres publiés et deux bons livres. On attend avec intérêt le troisième, non ?

Jean-Baptiste Del Amo, de son vrai nom Jean-Baptiste Garcia, est né à Toulouse le 25 novembre 1981. Il vit à Montpellier. Le nom "Del Amo" est celui de sa grand-mère, l'auteur ayant été encouragé à changer de nom par son éditeur Gallimard publiant au même moment un roman d'un autre auteur originaire de Toulouse et portant le même nom (Tristan Garcia, "La meilleure part des hommes"). Ce livre est, d'ailleurs, un excellent livre aussi.

En 2006, Jean-Baptiste Del Amo reçoit le Prix du jeune écrivain pour sa nouvelle Ne rien faire, écrite à partir de son expérience de quelques mois au sein d'une association de lutte contre le VIH en Afrique. Ce texte court, qui se déroule en Afrique le jour de la mort d'un nourrisson, est une fiction autour du silence, du non-dit et de l’apparente inaction.

Fin août 2008, son premier roman, Une Éducation libertine, paraît dans la collection "blanche" chez Gallimard. Il est favorablement accueilli par la critique et reçoit le Prix Laurent-Bonelli Virgin-Lire, fin septembre 2008. L'auteur ramène sa technique à celle de Gustave Flaubert, relisant à haute voix ses phrases pour les affiner. C’est encore Flaubert et L'Éducation sentimentale qu’évoque le titre de ce premier roman, pourtant initialement intitulé Fressures.

Le 6 novembre 2008, le roman de Jean-Baptiste Del Amo fait partie de la dernière sélection du prix Goncourt 2008 (aux côtés de Jean-Marie Blas de Roblès : Là où les tigres sont chez eux (Zulma) qui recevra le Prix Médicis 2008, de Michel Le Bris : La Beauté du monde (Grasset) et d'Atiq Rahimi : Syngué Sabour. Pierre de patience (POL) à qui sera attribué le Goncourt.) En mars 2009, Jean-Baptiste Del Amo se voit finalement attribuer la Bourse Goncourt du premier roman, à l'unanimité dès le premier tour de scrutin. Le 25 juin 2009, c'est au tour de l'Académie française de lui décerner le prix François Mauriac.

Jean-Baptiste Del Amo publie en 2010 un deuxième roman, Le Sel, texte contemporain situé dans le port de Sète : «C'est une ville prolétaire, une ville d'immigrés. Et il y a l'eau qui me fascine.» Jean-Baptiste Del Amo ne veut pas se spécialiser dans un genre, une époque, mais veut écrire des livres «durs, noirs et esthétiques».

C’est exactement le genre de livres que nous voulons lire, Monsieur Del Amo.

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