"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 16 mars 2011

Un vrai débat politique sur l'énergie

Ouvrons enfin un vrai débat politique. Pas un débat obsolète sur l’identité nationale. Pas un débat nuisible sur l’Islam. Ouvrons le débat sur l’énergie. C’est un débat économique, un débat de société fondamental.

Dans quel pays voulons-nous vivre ? Le drame en cours au Japon doit réveiller nos consciences politiques endormies.

Avec leurs gros sabots issus du commerce équitable, les écologistes ont hâtivement brandi leur slogan éculé et irréfléchi : «sortir du nucléaire». Cette promptitude sentait le gourmandise : enfin une bonne catastrophe qui va nous donner raison ! Cette verte certitude mérite d’être analysée.


Comment l’énergie est-elle consommée en France ?

En gros, ce sont les «bâtiments» (terminologie technocratique) qui sont les plus gourmands : environ 43% de toutes les énergies. Il s’agit de la consommation des particuliers, des commerces et du secteur tertiaire.
Le reste est réparti entre les transports –automobile, trafic routier et fluvial, trains et transports en commun, avions- (31%) et l’industrie (25%). La consommation du secteur agricole est négligeable.

Quelles sont les sources d’énergie ?

Le pétrole
La France reste dépendante du pétrole importé qui représente environ un tiers de la consommation intérieure de l’ensemble des sources d’énergie. Il est à noter que notre consommation de pétrole a tendance à légèrement diminuer au fil des années. Mais la facture s’alourdit car le pétrole brut coûte de plus en plus cher. Les pays producteurs, sachant que leurs réserves seront épuisées dans quelques dizaines d’années, nous vendent leur produit au prix fort. 
Le pétrole ne constitue pas une solution d’avenir. C’est une énergie polluante, liée aux aléas de la géopolitique. Si l’on veut sereinement mesurer la dangerosité comparée des sources d’énergie, il faut prendre en compte les milliers de morts des conflits guerriers impliquant des intérêts pétroliers. La situation en Libye en est le dernier exemple en date.

L’électricité
Du côté de l’électricité (45% de la consommation intérieure globale en énergie), la France a fait le choix, dès la fin de la seconde guerre mondiale, de miser sur le nucléaire civil. C'est un choix stratégique du général de Gaulle. Il s’agissait de prendre le relais du charbon dont les réserves nationales étaient limitées. Elles ont été épuisées dans les années 70. Le pic historique de la production de charbon en France remonte à 1958. Après cette date, le déclin s’est produit. 
Le charbon, ailleurs dans le monde, n’est pas abandonné. Il reste très fortement exploité aux Etats-Unis (22% de la production électrique) et surtout en Chine qui construit de nombreuses centrales fonctionnant à la houille (70% de l’électricité chinoise vient du charbon extrait dans le pays). La France où le charbon est désormais très minoritaire comme combustible ne va se mettre à importer du charbon en masse. Ce serait absurde économiquement. Et c’est un combustible très polluant qui n’est pas désirable. Ajoutons que l’exploitation du charbon est une activité dangereuse. Sans remonter à Emile Zola («Germinal»), il suffit de comptabiliser le nombre de mineurs silicosés ou tués chaque année en Amérique Latine ou en Asie.
Dès le début du XXème siècle, la France a largement développé ses capacités hydrauliques en construisant de nombreux barrages. Mais ce type d’installation ne peut être multiplié à l’infini. Les sites exploitables le sont déjà. L’hydroéléctricité représente 14% de l’électricité produite en France. Cela comprend, marginalement, la production de la seule usine marée-motrice (la première au monde) installée dans l’estuaire de la Rance, près de Saint-Malo. L’hydraulique est une énergie renouvelable qui n’est pas neutre sur le plan écologique : impact sur la faune et l’agriculture, déplacements de population. L’hydraulique est un atout indéniable, mais il est soumis aux aléas climatiques comme la sécheresse.

Les énergies renouvelables
Elles sont nombreuses. Les plus connues sont l'éolien et le solaire. Dans notre pays, ces solutions ont été négligées. L’éolien serait, pour certains, bruyant et inesthétique. C’est ce que pense, par exemple, Valéry Giscard d’Estaing qui s’est exprimé récemment sur ce sujet. L’éolien est rejeté le plus souvent par les habitants des régions où l’on projette d’installer les grandes hélices.

Le solaire fait une timide percée, malgré les fluctuations des aides publiques et un manque de cohérence commerciale d'EDF.

Mais il ne faut pas se leurrer : les panneaux solaires et les éoliennes, même si on les multiplie de manière spectaculaire, ne pourront pas à court ou à moyen terme, subvenir aux besoins énergétiques d’un pays développé comme le nôtre.

Je n'oublie pas les ressources de la biomasse (le bois, les biocarburants et même les algues) qui constituent des sources marginales mais intéressantes. Les biocarburants posent cependant, à grande échelle, de sérieux problèmes agricoles et alimentaires, comme on le voit au Brésil.

Dans les énergies renouvelables, il convient absolument de mentionner la géothermie, beaucoup plus développée en France qu'on ne le croit. Elle devance déjà le photovoltaïque et l'éolien. Cette technique va puiser en profondeur les ressources en chaleur de la terre. La géothermie, non polluante et illimitée, est une ressource qui peut être exploitée sans dommage et sans risque. Les bâtisseurs et les architectes peuvent, sans difficulté, l'intégrer à leurs projets.


Le nucléaire
Le maudit nucléaire. Il est évident que les dramatiques événements actuels au Japon lui font une très mauvaise publicité. Il faut rappeler que 75% de l'électricité consommée en France viennent des centrales nucléaires. Modifier cette proportion colossale et, a fortiori, arrêter totalement le nucléaire, nécessiterait de se doter de solutions alternatives performantes qui n'existent pas pour de tels besoins. 

Quels sont les avantages du nucléaire ?

Ils sont nombreux. Ses détracteurs refusent obstinément de les signaler.
  • Le nucléaire n’émet pas un gramme de CO2. Les écologistes se gardent bien de le dire.
  • Le combustible (bien qu’importé) est encore abondant et beaucoup moins cher que le pétrole. Il est moins lié aux fluctuations politiques des pays producteurs.
  • Une partie du combustible nucléaire est recyclable. 
  • La technologie des centrales est en constante évolution, vers plus d’efficacité et de sécurité. Parler du nucléaire en citant l’exemple de Tchernobyl est absurde. Tous les progrès techniques ont subi des ratés, à plus ou moins grande échelle. Tchernobyl était une vieille centrale, mal conçue, mal entretenue, gérée par un appareil étatique à bout de souffle.

Quels sont les inconvénients du nucléaire ?
  • Le stockage et le recyclage des déchets : pour l’instant aucune solution sérieuse n’est disponible. C’est le vrai point noir de cette filière.
  • Les incidents techniques et les risques telluriques ou météorologiques : le paroxysme est atteint en ce moment au Japon. C’est un souci légitime et majeur. Des leçons devront être tirées du drame japonais. L’évolution des techniques s’est toujours nourrie des accidents, de la machine à vapeur à l'aviation.

Résumons :
  • Le pétrole est cher et polluant et il va se raréfier.
  • Le charbon n’est plus une solution viable pour la France.
  • Les énergies renouvelables sont balbutiantes et resteront insuffisantes pour nos besoins à court et à moyen terme.
  • Le nucléaire est «clean» sauf en ce qui concerne les déchets. Il est relativement bon marché : le coût principal, ce sont les infrastructures. Mais le nucléaire civil n’est pas encore technologiquement maîtrisé.  C’est une énergie qui, à l’heure actuelle, reste dangereuse.

Les solutions :
  • Réduire notre dépendance au pétrole, en développant notamment les véhicules électriques (mais pour ce faire, on aura besoin de l’électricité nucléaire, au moins dans l’immédiat)
  • Développer les énergies renouvelables, sachant qu’elles ne suffiront jamais à elles seules à subvenir à l’ensemble de nos besoins.
  • Sécuriser sans cesse la filière nucléaire, à la lumière des accidents tragiques comme celui du Japon.
  • Réduire notre consommation énergétique par tous les moyens, dans tous les domaines : chez les particuliers, dans les transports et dans les industries. Cela passe par l'isolation, les constructions inventives, la réduction du chauffage électrique au profit d'autres méthodes, le développement massif des transports en commun, un vrai transfert sur le rail des marchandises véhiculées par les trop nombreux camions, etc. 
  • Relocaliser, quand c'est possible, l'industrie et l'artisanat à proximité des secteurs de consommation, pour réduire l'impact des transits. 
  • Soutenir une agriculture locale, afin d'éviter les transports inutiles et coûteux. 
Mais un pays moderne ne peut pas retourner au niveau de la consommation énergétique du XIXème siècle. Il faut se déplacer, éclairer les bureaux, faire tourner les usines. Il en va de la vitalité de l’économie et de la création d’emplois. On ne reviendra pas à la culture de la chasse et de la cueillette et à la bougie. Il est possible d’être moins vorace en énergie. Il est impossible de s’en passer.

Ce sont les questions qui doivent d’urgence être mises en débat calmement, sans hystérie. C’est un enjeu fondamental.

Je crains malheureusement qu’une élection présidentielle comme celle qui se profile l’année prochaine ne soit pas propice à une discussion sérieuse et constructive sur un sujet qui réclame de la nuance, des connaissances et un sens aigu de la prospective.

6 commentaires:

Kévin Bernardi a dit…

Excellent article qui met en lumières les avantages et les inconvénients de toutes sources énergétiques.

L'attitude des écologistes à l'heure actuelle est tout bonnement indécente au regard de la catastrophe que subit actuellement le Japon. Bien sûr, un débat autour de l'énergie devra avoir lieu, mais chaque chose en son temps...

Il est irréaliste et mensonger de dire que nous pouvons sortir intégralement du nucléaire. On peut réduire notre dépendance, en développant massivement les énergies renouvelables comme l'éolien, l'éolien off-shore et le photovoltaïque mais encore faudrait-il que les pouvoirs publics se mobilisent pleinement en ce sens.

Je prendrai pour ce faire, un seul exemple, en l'occurrence le cas du projet d'EDF-Energies Nouvelles, d'installer d'ici 2013, un parc éolien off-shore au large de Port-La Nouvelle et Gruissan dans l'Aude. Le projet aurait eut un impact économique (emploi...) et environnemental indéniable, compte tenu du fait que Port-La Nouvelle a, sur son territoire, le tout premier parc éolien construit en France au début des années 1990.
Malheureusement, le projet a rencontré l'opposition des élus locaux, de droite comme de gauche ainsi que... des écologistes ! Ecologistes qui craignaient pour le parc naturel de l'Ile Sainte-Lucie, sur la commune de Port-La Nouvelle, et situé juste en face du projet off-shore qui, selon les élus locaux aurait porté atteinte au tourisme.

Bref, les projets éoliens ou photovoltaïques, souhaitables bien entendu, rencontrent bien souvent une féroce opposition, qui à coup de procédures, décale dans le temps le développement de ces énergies et surtout, ne donne pas envie aux entrepreneurs, mais aussi aux particuliers, d'investir dans ce type d'énergies renouvelables.

Dominique a dit…

Ce matin, sur France Inter, l'intervenant du CEA indiquait que l'on ne choisissait pas l'énergie nucléaire par plaisir, mais par nécessité... et que c'était pour cela que l'on continuera à l'utiliser après la catastrophe japonaise.

Concernant les déchets nucléaires, la mauvaise foi consiste à penser que l'on en a pour des millénaires. D'ici 2, ou 3 siècles, si la race humaine ne s'est pas auto-détruite d'ici là, alors il y a de bonnes chances pour que nous maitrisions la mise en orbite spatiale à bas cout, ce qui devrait nous permettre d'envoyer les déchets dans le soleil, pour nous en débarrasser une bonne fois pour toutes.

Reste que l'énergie nucléaire n'est décidément pas une énergie comme les autres, il semble que la société japonaise Tepco l'ait oublié.

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