"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

jeudi 13 janvier 2011

Mille ans après la fin du monde

Imaginons 2012 : Sarah Palin est élue à la Maison Blanche après sa victoire face à Barack Obama tandis que Marine Le Pen s’est installée à l’Elysée après avoir battu Dominique Strauss-Khan au second tour de l’élection présidentielle (Nicolas Sarkozy a été laminé au premier tour).

Mais cela n’a finalement aucune importance car la fin du monde se produit le 21 décembre, comme le prévoyait si bien le calendrier Maya.

A partir de cette date fatidique, l’Humanité disparaît complètement. Tout est pulvérisé : les œuvres de Michel-Ange, la grande muraille de Chine, le Taj Mahal, l’Empire State building, la Tour Eiffel et tous les films de Dany Boon. Du passé humain, on a fait table rase. Tabula rasa, comme on disait jadis à Rome.

Premières conséquences immédiates : Mahmoud Ahmadinejad et Oussama Ben Laden cessent d’être menaçants, TF1 ne diffuse plus ses émissions stupides, Justin Bieber retourne au néant qu’il n’avait jamais vraiment quitté, le tunnel ferroviaire sous le Bosphore n’est pas inauguré pas plus que la troisième ligne de tramway de Montpellier (c’était pourtant prévu) et Johnny Hallyday ne fait pas sa dernière tournée.

Mais la planète Terre, et c’est le plus important, cesse enfin d’être abimée et polluée par cette espèce vraiment nuisible : l’homo sapiens. Il en fait des dégâts, ce foutu bipède, depuis qu’il est apparu à la surface du globe !

Tout avait commencé mollement il y a environ 4 millions d’années avec l’Australopithèque, son lointain ancêtre. Au début, l’homo sapiens s’est plutôt bien comporté : chasse, cueillette puis agriculture et artisanat grossier (très ringardes, finalement, ces flèches taillées dans des cailloux).

Ensuite, les hommes (qui étaient parfois des femmes) ont voulu dominer leur environnement. Ils ont construit des villes et des villages, des ponts et des barrages, des bateaux, des bagnoles et, très tardivement, des avions et Internet. Ils se sont fait la guerre pour d’obscures raisons religieuses ou, plus prosaïquement, pour aller piquer les ressources du voisin. Ils ont tracé sur la mappemonde de dérisoires frontières. L’industrie a prospéré. Le capitalisme mercantile est devenu financier. La mondialisation économique a triomphé. Et le 21 décembre 2012, tout s’est arrêté.

Brutalement, avec l’anéantissement de l’Humanité, les émissions de CO2 ont chuté. Le rêve des écologistes les plus radicaux (que Corinne Lepage ou Nicolas Hulot ne se sentent pas visés) était enfin accompli : le réchauffement climatique provoqué par les activités humaines s’est évanoui. Zéro carbone !

Pas si simple, malgré tout. Le bref passage des humains sur Terre (4 petits millions d’années) laissera des traces. Des chercheurs canadiens viennent d’établir que les émissions de CO2 des 150 dernières années (depuis, en gros, le début de l’ère industrielle) mettront 1000 ans pour vraiment disparaître, à partir du moment où les activités polluantes des êtres humains cesseront. Oui, 1000 ans !

Ça peut sembler très long, 1000 ans. C’est plus de dix fois l’âge de Stéphane Hessel. Mille ans avant 2012, le pape Benoît VIII montait sur le trône de Saint-Pierre. Mille ans plus tard au Vatican, nous en étions déjà à Benoît XVI ! On a doublé le nombre de papes prénommés Benoît, on en a fait des choses, en mille ans...

Mais si l’on prend un peu de recul, disons à l’échelle de l’Univers (tant qu’à faire, voyons large), on se rend compte que mille ans, c’est une nanoseconde. Un pet de lapin.

La planète Terre est apparue dans l’Univers il y a 4,6 milliards d’années, environ 10 milliards d’années après le Big Bang. Le genre humain, après des débuts très cafouilleux, ne s’est imposé sur la Terre que pendant 4 misérables millions d’années. Et les saloperies que l’Homme a laissées derrière lui se sont évaporées en seulement 1000 ans.

Tout ça pour ça ! C’est pour ces minuscules mille années que Yann Arthus-Bertrand nous culpabilise du haut de son hélicoptère ? C’est pour un petit millénaire de rien du tout qu’Al Gore et Cécile Duflot prennent des grands airs ? Un pet de lapin, vous dis-je.

C’est décidé, j’arrête tout de suite la corvée du tri sélectif et je m’achète un 4X4. Je ne vais pas me gâcher la vie pour si peu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pas mal vu. Pas mal dit. Merci. C'est bon de nous ramener à la réalité. Ce message est finalement très optimiste : oui, notre planète et l'univers continueront leurs cours sans -et malgré- nous qui aurons détruit toutes espèces vivantes, le temps d'un "mini-pet de lapin" !