"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 7 janvier 2009

Ma redevance en action

Dans un bistrot de Paris, à une table derrière moi, une femme munie d’un micro de la radio « France-Culture » est en train d’interviewer des lycéens. Je comprends assez vite, en les entendant, qu’ils viennent du lycée Voltaire, dans le 11ème arrondissement tout proche. Cet établissement est un foyer d’agitation chronique de l’enseignement secondaire parisien.

Face au micro de la radio publique, ils sont quatre, tous des garçons, à débiter avec aisance la propagande pré-mâchée du groupuscule qu’ils proclament « syndicat lycéen ». Dans cette logorrhée adolescente, il est facile de repérer la copie conforme de l’argumentaire bétonné des syndicats d’enseignants : rejet de l’hydre « libérale », indignation face à la réduction des postes (en réalité infinitésimale), dramatisation de la prétendue destruction du service public de l’éducation par Xavier Darcos. On connaît ces sornettes. Les syndicats de profs nous les servent à toutes les sauces.

Les quatre lycéens, à la table derrière moi, ont été dressés pour réchauffer le même ragoût. Ils s’en délectent. La journaliste de « France-Culture » enregistre sans broncher avec son micro la parole lycéenne. Pas la moindre objection ne viendra d’elle, même quand les gamins surchauffés profèreront d’évidentes énormités.

L’enregistrement se termine. Tout le monde est content. La dame de « France-Culture » a de quoi faire avec ce qu’elle a capté dans sa boîte à sons. Les lycéens s’enhardissent : « Et à quelle heure ça passe ? » La journaliste de la radio publique les informe que c’est pour après-demain matin. « Ça ne passe qu’une seule fois ? Parce que moi, l’autre jour sur ‘France-Infos’ je suis passé en boucle toute la journée ! » Un autre ajoute, non sans fierté : « Moi, j’ai fait TF1 avant les vacances, c’était trop cool ! ».

Tout ce petit monde se sépare. La journaliste de « France-Culture » règle les consommations. Et le meilleur est pour la fin lorsque, rangeant son micro, la même journaliste de « France-Culture » salue les quatre lycéens en leur disant : « Bon combat ! »

Oui : « bon combat ! », c’est bien ce que j’ai entendu ! Une journaliste de la radio publique (que je paie avec ma redevance) prenant fait et cause pour le « combat » des lycéens. Et on viendra me dire que les médias audio-visuels sont à la botte du pouvoir sarkozyste !