Parlons encore des chanteurs morts. C’est un sujet récurrent en France. Le chanteur est chez nous toujours plus grand trépassé que vivant.
Ce soir, sur la télé publique que je paie moi-même avec ma redevance, Michel Drucker rend hommage à Serge Gainsbourg, ce faiseur prétentieux sur qui j’ai déjà craché mon venin (relire en cliquant ici). Gainsbourg, mort il y a vingt ans, un 2 mars pour être précis. Paix à ses cendres.
S’il s’agit absolument de faire vibrer la corde nostalgique à propos d’un chanteur mort, je vous propose plutôt de vous arrêter un instant sur Charles Trénet. Le ‘fou chantant’ est mort il y a exactement dix ans, jour pour jour, le 19 février 2001. Drucker a choisi Gainsbourg, je vous propose Trénet.
Drôle de personnage que ce Charles, natif de Narbonne en 1913 (à l’aube de la Grande Guerre) et qui s’éteindra cacochyme dans un hôpital de Créteil à l’âge de 87 ans.
Nous nous souvenons du vieillard mais nous n’imaginons pas le succès qu’a connu Trénet à la fin des années trente, juste avant l’Occupation en France. Trénet, c’était l’idole des jeunes, sans doute plus que Johnny Hallyday ne l’a jamais été dans les années 60. En 1938, Trénet, 25 ans, est au sommet de sa gloire.
Plus tard, quand les Allemands sont à Paris, Trénet chante devant eux, comme beaucoup l’on fait à cette époque. Il y a même un spectacle à Berlin (avec Edith Piaf et Tino Rossi) à l’issue duquel Trénet passe deux minutes avec Adolf Hitler. A la Libération, rien de grave ne sera reproché à Charles Trénet.
Il a connu d’autres mésaventures comme ces 26 jours de rétention à Ellis Island, le centre de tri des étrangers en face de New York, quand Charles voulait entrer sur le territoire américain en 1948. Le Maccarthysme dominait alors et les autorités américaines n’appréciaient guère les orientations sexuelles de Trénet. Des orientations qu’il n’a jamais admises publiquement même quand la justice française l’a poursuivi pour une affaire de moeurs à Aix-en-Provence dans les années 60. Trénet, condamné à un an de prison en première instance, a bénéficié d’un non-lieu en appel.
Mais ce n’est pas ce qui compte en ce qui concerne Charles Trénet, mort il y a exactement dix ans. Ce ne sont pas les zones d’ombre.
Peu importe que l’homme ait été, malgré sa richesse substantielle, un être d’une radinerie légendaire. Peu importe qu’il n’ait jamais été, selon de multiples témoignages, un homme généreux et avenant. Il était désagréable et cassant, d’après tous ceux qui l’ont côtoyé.
Ce qui compte, c’est ce qu’il laisse derrière lui : un millier de chansons parmi lesquelles figurent le plus mémorables du répertoire francophone. Georges Brassens a dit souvent qu’il devait beaucoup à Trénet. Jacques Higelin affirme exactement la même chose.
Trénet a tout simplement inventé la chanson française moderne. Il a brisé les codes du vieux music-hall d’avant-guerre. Il a introduit dans le répertoire des chansons immortelles comme «La Mer» (qui fit sa fortune) ou «Douce France» dont Carla Bruni nous prépare, hélas, un remix italien.
Il y a dans les créations de Trénet une chanson vraiment étonnante, déroutante, incongrue. Une chanson qui, à elle seule, mérite qu’on célèbre aujourd’hui son vrai et grand talent.
Cette chanson s’appelle «La folle complainte». C’est une sorte de texte surréaliste d’une poésie étrange. Je ne me lasse pas de l’écouter.
Je vous propose de l’entendre ici dans une vidéo enregistrée par un Trénet vieillissant.
C’est mon hommage du jour à un chanteur mort : à Trénet, pas à Gainsbourg.
Voici «La folle complainte» :
26 commentaires:
Que Gainsbourg ait eu un côté provocateur, que ses complexes l'aient mené à avoir des attitudes faussement prétentieuses, n'enlèvent rien à ses qualités musicales,à ses compositions,arrangements géniaux, aux mélodies immortelles qu'il a créées (la Javanaise, Couleur Café, par exemple, et entre autres centaines.)
Le terme "médiocrité" me heurte.
J'ai comme un léger doute que vous attendez d'autres réactions que la mienne.
Ca n'enlève rien à Trenet, qui n'a pas fait non plus que des chefs d'oeuvres.
Aimons les deux pour ce qu'ils ont été, ce qu'ils nous ont apporté. Leurs mélodies font partie de notre patrimoine culturel.
Je rejoins la teneur du post précédent, c'est-à-dire le premier. J'ai l'habitude de vous lire et de vous apprécier. Je suis d'autant plus étonné de la hargne qui sommeille sous votre plume dans ce cas d'espèce. Les termes "Bon débarras" que vous utilisez à propos de Gainsbourg me heurtent sensiblement. Ce n'est guère un sentiment très porteur.
Bien à vous.
Pathétique !
Mais tellement française, cette propension à n'exister qu'au travers de ce qu'on démolit... Tellement française, aussi, cette arrogance à prêcher la bonne parole, tant il est vrai qu'il suffit de vomir un français châtié et d'avoir, à l'instar de la confiture (vous savez, "moins on en a, plus on l'étale"), quelques pots de culture à étaler sur la tartine d'un blog pour, bien évidemment, avoir définitivement raison.
Anyhow, vous vous inscrivez parfaitement bien dans votre monde et votre époque...
@ Bwayne. Je retire le "bon débarras" qui est excessif. Mais je maintiens le reste.
@l'Anonyme de 13h09. Le principe d'un blog comme celui-ci est de permettre à son auteur d'exprimer ses opinions. Je n'ai pas envie de reproduire le consensus, sur Gainsbourg en particulier. J'affirme que ce personnage bénéficie d'une aura disproportionnée par rapport à sa mince talent. Je n'ai jamais aimé son attitude, sa prétention et ses prétendues provocations à deux balles. Je l'ai croisé personnellement à plusieurs reprises, je l'ai vu en scène. C'était un truqueur et un faiseur, j'en reste convaincu. Vous parlez de "pathétique" à propos de mon texte. Le pathétique, il était plutôt, à mon humble avis, du côté de Gainsbourg.
J'aime beaucoup la chanson française et je prétends la connaitre un peu. Gainsbourg ne représente pas grand chose par rapport à l'influence majeure que Charles Trénet a exercée dès les années 30. C'était le propos de cet article.
...et pas celui de mon commentaire.
Peu m'importe Gainsbourg. Je ne comprends cependant pas, au-delà de votre droit le plus absolu de ne pas l'apprécier, ce qui vous autorise à le démolir ainsi et d'utiliser ce fiel pour mettre en valeur ce que vous, vous jugez digne d'intérêt. Ce que vous aimez ne suffit-il pas à lui même pour avoir de la valeur ? Est-ce une certitude d'avoir raison à ce point développée qui vous autorise à mépriser ainsi ce que d'autres, au-delà de votre égo sur dimensionné, semblerait-il, pourraient apprécier ?
Je vous rejoint néanmoins sur les fondements des principes d'un blog : permettre à l'auteur d'exprimer ses opinions. Un autre principe, dans un blog, est celui des commentaires, que, j'en suis persuadé, vous ne contesterez pas.
Permettez-moi donc d'en émettre un : il devrait être possible d'exprimer une opinion, quel qu'en soit le propos, sans pour autant mépriser celles qui pourraient être différentes (et avec, ceux qui les émettent, dans la mesure où elles ne portent atteinte à personne, ni de les considérer, à priori, comme indigne du moindre intérêt.
C'était le propos de mon commentaire.
Mais je ne conteste à personne le droit d'apprécier Serge Gainsbourg, Chantal Goya ou Christophe Maé. Les propos que je tiens ici n'engagent que moi et ne prétendent pas être universels.
Pour prendre un autre exemple : j'ai détesté le film "Black Swan", pourtant bien accueilli par la critique. J'ai exposé ici mon opinion. Je suis heureux si des spectateurs ont passé un bon moment en voyant ce long métrage. Moi, j'ai passé un très mauvais moment. Tout cela est infiniment subjectif.
Si vous appréciez Gainsbourg, tant mieux pour vous. Ce n'est pas mon cas. Ça n'a pas beaucoup d'importance. Mais laissez moi le droit, sur mon blog, d'exprimer ce que bon me semble. Je n'ai aucun mépris pour celles et ceux qui sont d'un avis contraire au mien. Mais je revendique la possibilité, toute simple, de dire ici ce que je ressens. C'est tout.
Cher Anyhow
Vous saviez que vous alliez déclencher des tempêtes de commentaires avec votre article sur Trénet-Gainsbourg.
C'est de la provocation, et je me dis que vous aviez envie, peut-être, de voir qui, comment, de quelles manières vos lecteurs répondraient.
je ne crois pas une minute que vous niez les qualités musicales de Gainsbourg, ni que vous n'avez pas senti ce qui se cachait derrière le personnage outré, comme souffrances.
Au niveau humain, ce personnage bourré de dons, est intéressant, par ce qu'il a fait de ses complexes. C'est surtout en ça qu'il était pathétique.
C'est typiquement le genre d'individu pour lequel on peut parler de résilience.
Truqueur, faiseur, je ne pense pas: j'aimerais bien avoir le dixième du centième de ses connaissances musicales.
En tout cas, bravo, vous nous tenez en haleine en ce dimanche un peu triste. Boris Boillon ne parviendra pas à nous faire écrire autant que Gainsbourg.
L'anonyme de 8h 47
OK, vu. Fin de débat.
Les commentaires autres qu'élogieux n'ont, semble-t-il, pas droit de cité ici.
Permettez-moi seulement de préciser, une ultime fois, que le contenu de votre article, Gainsbourg ou autre, n'était nullement en question. Je ne me souviens d'ailleurs pas avoir écrit que j'appréciais ou pas cet artiste... (l'autorisation que vous accordez à chacun d'apprécier "Chantal Goya ou Christophe Maé" (dont je n'ai pas souvenir d'avoir parlé non plus) est néanmoins savoureuse... Éloquente opposition de genres, non ?)
Peu importe...
Très loin de moi l'idée de vous contester quel droit que ce soit, particulièrement celui, sur "votre blog, d'exprimer ce que bon vous semble". Soyez-en, anyhow, assuré !
Et pardonnez-moi si j'ai cru que la fonction "commentaires", activée par vos soins sur BLOGSPOT, m'autorisait à en faire autant...
Je me serai vraisemblablement égaré...
Pour conclure ce débat de peu d'intérêt sur une note qui vous agréera sans doute, merci pour votre blog et ses contenus formidablement bien écrits et documentés (oui, j'ai pris plaisir à tout lire et je suis sincère dans ces propos) et pardon, une fois encore, de peut être doucement regretter qu'il semble parfois fonctionner comme un... Miroir, mon beau Miroir...*
(* boutade affectueuse, il est peut être nécessaire de le préciser).
Mais chutttt : je sors sur la pointe des pieds.
Ai-je suffisamment balayé devant mes commentaires ?
Bonne route...
Tous les commentaires sont les bienvenus ici, élogieux ou pas. C'est la fonction même du commentaire sur un blog.
Je remarque que je suscite toujours la réprobation dès que j'égratigne ou que j'assassine une 'valeur' consacrée de la pop-culture. Gainsbourg en est la preuve. J'ai déjà noté le même phénomène avec Daniel Balavoine il y a quelques semaines.
Merci à tous de lire ce blog.
Au plaisir de lire ensuite vos réactions, toujours accueillies avec intérêt.
Je m'étais dit, en rédigeant mon précédent commentaire, que l'habit de "celui qui suscite les foudres plébéiennes sitôt qu'il se met en devoir de s'attaquer à une institution" devait certainement vous plaire...
J'imagine que le rôle, s'il vous évite de vouloir comprendre que, une fois encore, Gainsbourg et l'institution qu'il est censé représenter ou pas n'effleurait pas l'ombre d'une seconde la nature de mon propos ni le sujet qui a motivé mon commentaire, que ce rôle, donc, vous permet sans doute d'éviter d'avoir à prendre en compte ce que je voulais vous dire...
A savoir, et je vais tâcher d'être clair, que la liberté d'exprimer un avis ne légitime pas pour autant le fait de s'essuyer les pieds sur celui des autres. Tel était l'UNIQUE motivation de mon propos, et en aucun cas la défense de telle ou telle supposée institution. C'est par la forme de vos propos, non par leur contenu, somme toute assez réchauffé, que j'ai été interpellé. Quelle aurait-été votre réaction face à des mots de la même teneur que les vôtres mais concernant... Charles Trénet, par exemple ? Pardonnez-moi ce trop long débat. Je m'en voudrais de donner l'impression d'acharnement... Mais il est vrai que dans un pays et une époque où l'on n'a que trop l'impression que la moindre valeur ne mesure qu'à l'once du mépris qu'on peut manifester envers les valeurs des autres, on est en droit de se surprendre à rêver d'un monde où l'on pourrait débattre sans se battre, confronter sans s'affronter, apprécier sans démolir, bref, échanger, construire...
La... "Dolce Francia" aurait peut être, alors, une réalité au delà des salons dorés de la pensée unique, fut-elle politique, culturelle, numérique... d'où l'on nous dit trop souvent de "nous casser, pauvres cons !"
Mais votre blog à néanmoins l'heur d'autoriser ce débat. Merci pour ça.
A l'anonyme de 15h 41
Ce fut un plaisir de vous rencontrer, vous et votre prose.
Merci à Anyhow de favoriser l'expression d'anonymes tels que vous, malins, sympas, et intellectuellement honnêtes.
Cher Anonyme,
Je ne m'essuie pas les pieds sur les opinions des autres. Je me contente ici de donner la mienne. Accordez-moi au moins cela. Je vais continuer à le faire et à lire vos commentaires pertinents et motivés.
merci à vous Anyhow, que votre blog continue, amplifie, et nous permette d'échanger.
Dites, quand même, vraiment, honnêtement, trouvez-vous l'oeuvre de Gainsbourg aussi nulle que ça?
Dis donc AnyHow, il va falloir revenir sur Boillon dare-dare, qui est en mauvaise posture pour ses débuts à Tunis.
Tu penses ! Un type pas énarque pour un sou, qui n'est pas passé par les fainéantures* lambrisées du Quai...
Le Viet
* Un mot que je te néologe gratuitement : se dit d'une pièce richement décorée dont l'éclat n'égale que le peu de travail effectif qui est réalisé dedans.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cet échange...
Au-delà de ce qui fait nos différences et que votre Blog a permis d'exprimer (grand merci !! Que serait ce monde sans différences, quelle qu'en doit la nature ??), au-delà de ce débat, quelque chose me pousse, à la relecture de cet article et des commentaires suscités, à regretter le ton poli, lisse et distant qu'implique l'usage du vouvoiement...
En clair, j'ai eu le sentiment de débattre, de m'engueuler avec un pote autour d'une bière ou d'un café. J'adore m'engueuler avec des potes, se foutre sur la gueule pour des idées, mais surtout, surtout, avoir le sens des priorités : savoir ce que représente un pote, et ne pas chercher à mourir pour des idées.
"Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus"
Je ne te ferai pas l'insulte de citer l'auteur...
Contre toute attente, c'était un chouette dimanche après midi où, me semble-t-il, on n'a pas eu besoin de se convaincre pour s'écouter... Pas si courant, ça...
... ça me fait penser à un proverbe wolof :
Waxtaan ñam la, ku ko teewe ca nga
"La conversation, c'est comme un repas : celui qui se trouve là y participe".
Sympa d'avoir mangé un bout avec toi.
Arthis
Merci Arthis, poursuivons la conversation....
@le Viet : oui, nous ne le perdons pas de vue, le jeune Boillon. J'y reviendrai à l'occasion.
S'il était besoin de raccommoder Trenet et Gainsbourg, sachons que l'un des premiers émois chansonniers et amoureux du tout jeune Serge sur une plage d'été c'était en 38 sur sur "J'ai ta main" de Trenet. Charles s'en souviendra puisqu'avant de la chanter il dédiera cette chanson à Gainsbourg lors de son dernier récital à Pleyel en 99.
Gainsbourg a par ailleurs écrit un très beau texte sur Trenet en préface d'un livre au début des 80's.
N.
Cela n'a pas grand intérêt de comparer Trenet à Gainsboug : Trenet est poete et Gainsbourg musicien.
Trenet fait partie des plus grands poetes contemporains. Ses textes sont des canevas brodés au petit point...
Les plus grands succès de Gainsbourg sont ceux repompés au répertoire classique. Mais quand on a vu Gainsbourg en 85 en public chanter "la javanaise", faisant fredonner en sourdine tout le public, cela reste néanmoins une image magique...
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Quel mauvais goût! Gainsbourg a fait des choses très merdiques, mais à côté de ça, il en a fait de somptueuses. Il faut vraiment manquer de goût pour ne pas voir la poésie de certains textes.
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