"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')
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dimanche 18 septembre 2011

Enseignement : Christine Boutin a une bonne idée


Je vais ici épouser (ah, que ce mot est doux...) une proposition de Christine Boutin. Oui, la grenouille de bénitier, la mule du Pape, la pasionaria du Crucifix. Cette Christine Marcelle Valérie Cécile née Martin épouse Boutin, mère de trois enfants très soigneusement baptisés, cette exaltée qui en 1998 garda la parole à l’Assemblée Nationale pendant 5 heures et 25 minutes pour exprimer avec hargne son opposition au PACS, texte qui fut voté malgré son acharnement.
Cette Christine christique ne dit pas que des bêtises. Elle formule même souvent de bonnes propositions : sur le logement, sur les prisons et sur des questions sociales fondamentales.

Quel est le sujet central de notre société française, celui qui engage l’avenir ? La question principale n’est-elle pas l’abandon de notre jeunesse, le sacrifice d’une génération ? 

Il s’agit de l’enseignement, tout simplement.

Pas rigolo, je vous assure, d’avoir moins de 25 ans dans notre pays aujourd’hui. Situation radicalement différente de ce qu’ont connu les vernis des «trente glorieuses» dont je fais partie. Nous avons bénéficié d’un enseignement public exemplaire qui débouchait sur une insertion immédiate dans la société, avec ou sans études universitaires. Il y avait du boulot. Le chômage était marginal. Tout était simple.

Les temps ont changé, pas pour le meilleur. Les jeunes françaises et français d’aujourd’hui sont confrontés à la crise et à une intolérable précarité : petits boulots, stages non rémunérés, salaires de misère. C’est le parcours du combattant, même pour les meilleurs et les plus motivés. Plusieurs études concordantes démontrent que les jeunes français ne se stabilisent pas dans leur vie professionnelle, en moyenne, avant l’âge de trente ans. Quel gâchis !

La faute à qui, la faute à quoi ? A notre système éducatif totalement inadapté. Je ne mets pas en cause les enseignants qui subissent autant que leurs élèves les effets d’une organisation totalement obsolète.

Le système éducatif dont j’ai bénéficié comme beaucoup d’autres, entre les années 50 et 70 du siècle dernier, était conçu pour une société homogène, dans une économie qui assurait le quasi plein emploi.

Le «public scolaire» a maintenant radicalement changé. Les apports (je dis bien : les apports) de l’immigration ont modifié les attentes et les besoins.

L’économie, après les chocs pétroliers successifs des années 70, s’est rigidifiée et le chômage de masse n’a cessé de croitre. La mondialisation, phénomène inéluctable (n’en déplaise à Arnaud Montebourg), a parachevé ce tableau. Un tableau noir.

Alors que faire ? J’en reviens à Christine Boutin qui, sur ce point au moins, vient d’émettre une analyse qui mérite d’être prise en compte.

Dans le quotidien «La Croix» (excellent journal sous-estimé), Madame Boutin a publié cette semaine une tribune où elle propose carrément de dissoudre le ministère de l’Education Nationale.

Après mai 68, de nombreuses théories pédagogiques farfelues sont venues déstructurer l’éducation publique française. Il fallait replacer l’enfant au cœur de l’école (enfant roi), aiguiser son esprit critique au lieu de lui apprendre bêtement des connaissances. L’école n’avait plus vocation à instruire. Il fallait faire plus, sans qu’on sache vraiment quoi. Le résultat de ces dérives est connu : un nombre d’enfants qui ne savent plus lire et écrire en entrant en sixième. Sans compter un échec scolaire grandissant camouflé par le mirage du bac délivré à 80% des candidats. Une grande braderie qui débouche sur le néant.

Si, comme l’explique Christine Boutin dans sa tribune, la confrontation au réel de ces idéologues a permis quelques retours salutaires (méthode syllabique pour la lecture), le délitement de notre éducation nationale est arrivé à un stade critique que la violence omniprésente et le nivellement par le bas de nos écoliers, de nos collégiens et de nos lycéens prouvent chaque jour.

C’est pourquoi Christine Boutin propose de renommer, afin de mieux redéfinir ses missions, le ministère de l’Education Nationale en «ministère de l’Instruction Publique». C’était la dénomination choisie par Jules Ferry, fondateur de l’école publique en France, gratuite et obligatoire.

Instruire ou éduquer. Il ne s’agit pas d’une simple nuance. Christine Boutin considère que c’est aux parents d’éduquer leurs enfants. Et c’est à l’école de transmettre le savoir et les connaissances. Le rôle de l’enseignant n’est pas celui d’un éducateur. L’enseignant est là pour instruire, pas pour se substituer au rôle éducatif de l’entourage familial.

Afin de permettre aux parents désarmés de reprendre leur responsabilité et leur pouvoir éducatif, la candidate propose d’ailleurs la création «d’écoles des parents». Celles-ci remplaceraient les suppressions injustes, stigmatisantes et surtout inefficaces, des allocations familiales, comme le gouvernement actuel, inspiré par les durs de l’UMP, a commencé à les mettre en place.

Christine Boutin, dans sa tribune de «La Croix», explique : «Rétablir la notion d’autorité à l’intérieur de la cellule familiale est la seule manière de rétablir l’autorité au sein de l’école».

Certes, les choses ne sont pas si simples. La famille de notre époque n’est plus exactement comme Christine Boutin l’imagine : familles monoparentales, divorces, familles recomposées.

Mais je retiens de la proposition de Christine Boutin une idée forte : l’école n’est pas faite pour éduquer, elle a pour rôle d’instruire. Les familles (quelle que soit leur composition, même homoparentale !) sont en charge de l’éducation. Que les missions et les devoirs soient bien définis.

Dans un deuxième temps, il faudra briser ce mastodonte (je n’ai pas dit : mammouth) du futur «ministère de l’Instruction Publique», le décentraliser, le dénationaliser, le dégager de sa bureaucratie, de son dogmatisme et de son corporatisme syndicalisé. 

Mais ceci est une autre histoire...