"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')
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samedi 12 février 2011

Ode à Montpellier


Montpellier pour quelques jours, avant d’y revenir prochainement. Quelques impressions fugaces et superficielles qui n’ont pas la valeur d’un jugement définitif.

Confirmation d’un regard porté il y a quelques années à l’occasion d’un premier séjour : cette ville bruisse et bouge. C’est un espace vivant occupé par sa population et notamment par sa jeunesse. Impression de mouvement.

Un centre-ville débarrassé des voitures. Rien que ça, c’est une différence. Le tramway (dont la troisième ligne est en construction) apporte une fluidité et une sérénité incomparables. Un espace urbain où la bagnole est marginalisée, poussée vers l’extérieur, cela représente un vrai soulagement. Je sais pourtant, qu’aux abords de la ville, la circulation automobile est une épreuve. Ceci est la conséquence de cela.

J’ai pris ce tramway à de multiples occasions. J’ai ressenti que ce mode de locomotion collectif avait été adopté avec plaisir par tout le monde. Une autre façon de vivre en ville, de se déplacer, de glisser d’un point à l’autre.

Autre impression d’ensemble qui reste à confirmer : cette ville et son agglomération ont la chance de bénéficier d’un plan de développement à long terme. C’est un exemple sans doute unique en France : une vision globale qui voit loin. C’est l’œuvre de Georges Frêche qui a conçu pour Montpellier un plan d’expansion assez visionnaire.

On peut penser ce qu’on veut du bonhomme. Mais je ne connais pas d’autre homme politique français qui ait imaginé pour un territoire un projet aussi futuriste. Frêche, le magalo, le populiste, la paranoïaque a transformé la bourgade poussiéreuse de Montpellier en un centre urbain attractif et innovant. Et, croyez-moi, ça fonctionne. Je ne connais aucune autre ville de province en France qui puisse afficher une telle vitalité. Peut-être Bordeaux, grâce à Juppé.

On peut évidemment contester certains choix architecturaux à Montpellier. L’aspect monumental de certains quartiers rappelle le style pataud du stalinisme. J’ai vu partout à Montpellier des grues à la périphérie. On construit toujours et les chantiers me paraissent prometteurs.

Il n’y a pas que des réussites : je suis allé voir «la place des grands hommes du XXème siècle» qui était le dernière idée de Frêche. C’est un ratage risible. Au milieu d’un centre commercial clinquant (mais très fréquenté), Frêche, de son vivant, avait fait édifier les statues de Jaurès, Churchill, De Gaulle, Lénine et Roosevelt. Pour que la collection soit complète, on attend encore : Gandhi, Mao, Nasser, Golda Meir et Mandela. Je n’ai vu que la moitié des statues, celles déjà installées. Le résultat est assez ridicule. Les statues sont moches, perdues dans un espace sinistre, au milieu d’un Luna-Park de pacotille.

Mais ce n’est pas l’essentiel. Ce n’est pas cela que je retiens de Montpellier. Je retiens l’impression d’un projet urbain ambitieux qui relie les quartiers anciens à toutes les nouvelles extensions. Enfin une ville qui ne reste pas figée, comme l’est Paris.

Je veux évoquer le moment que j’ai passé dans l’une des plus belles librairies de France, la librairie ‘Sauramps’, pleine de lecteurs et d’acheteurs de livres. Je veux souligner qu’il est très rare de trouver en France autant de salles de cinéma dans le cœur d’une ville. Je veux dire à ceux qui l’ignorent que le musée Fabre de Montpellier est l’un des plus magnifiques (pour la collection flamande et les salles Soulages, en particulier) que j’aie jamais visités dans notre pays, en dehors de Paris.

Je sais qu’il faut se méfier des impressions superficielles. Montpellier est durement frappée par le chômage. Montpellier n’est pas épargnée par la délinquance.

Il n’empêche que c’est un laboratoire urbain intéressant. Tellement intéressant que cette agglomération est l’une de celles qui attirent chaque année le plus grand nombre de nouveaux arrivants.

Je suis amené à y revenir souvent. Je vous en reparlerai.

vendredi 1 octobre 2010

Du neuf à Paris, enfin !


Bonne nouvelle. Paris bouge encore ! Pour le constater, il faut aller faire un tour dans la ZAC Rive Gauche, sur les bords de la Seine, entre la gare d’Austerlitz et le périphérique. Je n’étais pas retourné dans ce quartier depuis longtemps.

Dans les années 90, le premier geste architectural accompli dans cette ancienne friche industrielle fut l’implantation de la « Grande Bibliothèque », l’adresse moderne de la BNF.

Au début, on la jugeait un peu perdue au milieu de nulle part, cette grande bibliothèque, imposante mais pas très chaleureuse, vaste réceptacle à courants d’air. Juste à côté, avait ouvert à la même époque le complexe cinématographique MK2 Bibliothèque qui demeure aujourd’hui le plus bel endroit pour voir un film à Paris.

Mais en dehors de la bibliothèque et des cinémas, c’était un peu le désert de Gobi au milieu de travaux dont on ne voyait pas l’aboutissement. Au bout de 20 ans, le projet s’achève et la vie s’est installé dans ce quartier tout neuf.

Il y a du monde dans les cafés, une belle activité dans les rues et notamment le long de la spectaculaire Avenue de France. Ce n’est pas seulement un quartier de bureau, il y a de nombreux immeubles d’habitations, des commerces, des petites et des grandes enseignes, beaucoup de jeunes grâce à des installations universitaires qui vont encore se développer. La gare souterraine RATP/SNCF « Bibliothèque François Mitterrand » est majestueuse et extrêmement fonctionnelle.

Sous l’impulsion de l’urbaniste et architecte Christian de Portzamparc, sur 130 hectares, Paris sort du passé et du glacis haussmannien. Les immeubles sont tous différents, certains très réussis. Les itinéraires de circulation, automobile et piétonne, favorisent une fluidité dynamique.

Il est donc prouvé qu’on peut imaginer dans la capitale un urbanisme moderne et une architecture contemporaine qui sont adoptés par leurs utilisateurs. Cette réussite devrait s’amplifier avec la finition des projets encore inachevés. Le « moderne » n’est pas toujours moche et inhabitable comme le Front de Seine ou la Place d’Italie.

Paris peut s’inventer un présent. Paris n’est pas seulement une ville musée constituée de monuments ravalés et intouchables. Le vaste laboratoire de la ZAC Rive Gauche en est l’éclatante démonstration.