"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

lundi 2 août 2010

Grise mine.

Dans le grand creux estival de l'information, le "marronnier" de saison, c'est le bilan des vacances. On fait un premier point sur la fréquentation des lieux touristiques pendant le mois de Juillet en anticipant sur le mois d'Août qui commence.

L'occasion est propice au cliché que j'ai entendu à nouveau ce matin sur un antenne de radio du service public :

"LES PROFESSIONNELS DU TOURISME FONT GRISE MINE".

C'est une formule qui me laisse perplexe. D'abord parce qu'elle est totalement surannée. Plus personne, dans la vie courante, ne dit de quelqu'un qu'il "fait grise mine". Ces mots fleurent bon le français médiéval (la position de l'adjectif avant le substantif est caractéristique).

Malgré la coloration furieusement 'vintage' de cette expression et à la suite d'une tradition qu'il est impossible de justifier, on rencontre encore des "grises mines" dans les médias du XXIème siècle. Et ces "grises mines" sont toujours des "professionnels du tourisme". Je n'ai jamais entendu dire qu'une autre profession faisait "grise mine". C'est une corporation désespérément chafouine. Le professionnel du tourisme n'a jamais "la mine réjouie". Il a toujours la "mine grise" ou plus exactement la "grise mine".

A l'occasion, nous nous pencherons sur une autre expression qui a survécu aux tournois des preux chevaliers pour atterrir dans le vocabulaire des commentateurs sportifs :

"ENTRER EN LICE".

Cette expression ne s'applique plus désormais qu'aux tournois de tennis. C'est un autre mystère.

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