"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 26 septembre 2010

Les élections, et après ?


Comment ne pas être sidéré par la désinvolture des dirigeants politiques français ? La crise perdure, le chômage pèse et la croissance crachote. Rien dans le paysage économique et social n’est encourageant : notre industrie agonise, nos exportations sont en peau de chagrin et nos déficits publics se creusent dangereusement.

Et de quoi parle-t-on dans les partis pouvant assumer la charge du pouvoir ? Cherche-t-on des solutions ? Echafaude-t-on un programme courageux et mobilisateur ? Non, on préfère se focaliser sur les batailles de succession, sur le partage des postes et des titres.

Le Parti Socialiste, sous couvert d’unité factice, a commencé l’interminable danse du scalp qui va déboucher sur la désignation du candidat ou de la candidate à l’élection présidentielle de 2012.

A droite, l’UMP ne pense plus qu’à une chose : le fauteuil de Matignon et le remaniement gouvernemental imminent. Jean-François Copé et Xavier Bertrand se crêpent le chignon en public. Borloo se met dare-dare à l’Evian en convoitant le poste que Fillon pourrait être contraint de quitter. Michèle Alliot-Marie se trémousse en désespoir de cause. Eric Woerth promène sa mélancolie d’animal estourbi par les relents des parfums l’Oréal.

Et qui s’occupe de redresser le pays ? Le président, déconsidéré, s’acharne sur quelques milliers de pauvres Roms, comme s’ils étaient à l’origine de notre infortune.

Personne n’a la légitimité ou le talent politique pour expliquer la nécessaire réforme des retraites, incompréhensible pour une opinion publique dégoûtée par les prébendes et le jeu sordide des ambitions personnelles.

Pendant ce temps-là, l’Allemagne travaille et se redresse, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, même l’Afrique semble sortir de l’ornière.

La France, elle, se recroqueville. Elle vocifère à Bruxelles faute de pouvoir présenter un projet novateur et courageux.

La classe politique, de droite comme de gauche, a déjà toute son énergie siphonnée par l’échéance présidentielle de 2012. En France, on ne gouverne pas. On fait campagne et on se fait élire (ou on se fait battre). Et ensuite, on prépare les élections suivantes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En même temps, la teneur même de cet article explique le mal français :
- Premièrement, vous déconsidérez les politiciens, comme si c'était une espèce à part. Oui ils ont des ambitions personnels, mais qui souvent est celle d'avoir les moyens de faire de la politique au sens noble du terme, c'est-à-dire changer en mieux la vie de leurs citoyens. Oui, il y a des corrompus, comme certains employés volent des stylos.
- Deuxièmement, vous critiquez les partis politiques. Oui ils ne sont pas parfaits, oui, ils veulent avant tout gagner. Mais les propositions qu'ils font sont représentatives de ceux qui s'y sont engagés. Je trouve cela un peu facile de critiquer régulièrement les "manques" de propositions novatrices, si soit même on a pas fait parti de l'élaboration de ces propositions. Si la démocratie est le meilleur type de gouvernement ce n'est pas seulement parce qu'il est égalitaire. C'est aussi parce que même le plus brillant politicien n'aura jamais plus d'idées intelligentes que celles qui peuvent sortir de 60 millions de cerveaux. Investissez vous.
- troisièmement, je pense que les 2 premiers points vont ensembles. Seul l'investissement citoyen dans du militantisme politique permet de comprendre la politique, les choix et concessions que doivent faire les politiciens pour satisfaire des intérêts publics divergents, et donc aussi ce qui parait être une faiblesse des hommes politiques.

En somme je désapprouve ce billet dont le simplisme fait le lit de ceux qui portent ce type de discours faciles : les extrêmes.

RNX a dit…

Le fonctionnement du monde politique français n'explique qu'une partie du pb. Une autre source de pb vient de la pauvreté d'analyse et de mise en perspective des médias grand public français (par ex, faut pas compter sur Laurence Ferrari pour secouer ni ses invités, ni le cocotier).

D'un autre coté, la société civile française n'a pas encore réussi à se constituer efficacement en alternative du pouvoir centralisé; nous ne nous sommes pas encore accaparés toutes les possibilités de ce média, même si cela croit.

Bref, le monde politique français, notamment dans ses divisions idéologiques et un peu hypocrites, ne nous fait pas honneur, mais ce ne sont pas les seuls sur qui il faudrait taper si besoin était (même s'ils jouent un rôle essentiel : "le poisson commence à pourrir par la tête" dixit un proverbe africain).