C’est un article de «Rue 89» qui nous apprend la nouvelle : la dernière usine au monde fabriquant des machines à écrire mécaniques ferme ses portes. Il s’agit d’une unité de la grosse société indienne «Godrej and Boyce» qui produisait encore 10.000 machines par an.
Le cliquetis du clavier, le ruban d’encre (parfois bicolore), le retour chariot, le papier carbone : c’est donc fini. On trouve encore des machines électriques ou électroniques plus ou moins sophistiquées. Mais la bonne vieille «bécane» mécanique n’a pas survécu longtemps dans le 21ème siècle.
En fait, c’est une invention qui a eu une histoire assez fugace. Le premier brevet, déposé au Etats-Unis, date du 18ème siècle. Mais il faut attendre 1870 pour que la commercialisation commence. L’écrivain Mark Twain est l’un des premiers à soumettre un manuscrit dactylographié à son éditeur.
Moins d’un siècle et demi d’existence pour cet engin qui paraît aujourd’hui rustique mais qui a rendu de nombreux services et qui est étroitement lié à l’essor de la vie moderne, surtout de la vie de bureau.
Il faut se souvenir des «pools de dactylos», ces femmes regroupées dans une grande salle et qui, dans un bruit infernal, tapaient à la chaîne des textes pour les administrations ou les entreprises privées.
La machine à écrire mécanique avait su aussi se rendre portative. Elle était l’outil des correspondants de guerre, tapant fébrilement à deux doigts leurs articles dans l’atmosphère enfumée d’un hôtel colonial, sous un grand ventilateur, le verre de whisky à portée de main.
La machine à écrire était également l’instrument indispensable des commissariats et des gendarmeries. Combien de rapports, de dépositions, d’interrogatoires n’ont-ils pas été consignés, souvent de manière maladroite, par un clavier mécanique ?
Beaucoup d’enquêtes policières ont été éclaircies grâce à l’identification de la machine utilisée par l’auteur d’un texte anonyme. Aucune machine ne frappait les lettres exactement de la même manière.
J’ai eu, dès l’adolescence, une petite machine Olivetti verte (modèle Lettera 32) qui a fait mon enchantement. Malheureusement, au lycée, on n’avait pas le droit de rendre des devoirs dactylographiés. Aujourd’hui, les élèves composent leurs exercices sur ordinateur en s’inspirant largement de Wikipédia.
Car c’est l’ordinateur qui a eu raison de la machine à écrire. Mais dans certains coins reculés d’Afrique ou d’ailleurs, la bonne vieille machine qui fonctionne sans électricité sera regrettée.
Et pour taper une adresse sur une enveloppe, la machine à écrire demeure le moyen le plus pratique. Il faut vraiment une imprimante performante pour réussir cette manipulation sans erreur.
Les moins de 20 ans n’ont sans doute jamais vu une machine à écrire.