Ce sont indéniablement les otages les plus sympas et les plus volubiles qu’on n’ait jamais libérés. Stéphane et Hervé sont de retour en France après 18 mois de captivité. On est content pour eux, pour leurs familles, pour leurs amis.
Contemplons le cirque médiatique de Villacoublay ce matin : des heures de remplissage sur les radios et les télés. «C’est Cannes !», s’est écrié Stéphane Taponier. Il n’a pas tort. Les médias audio-visuels qui se marquent à la culotte jouent sans cesse la surenchère sur n'importe quelle information, sans différentiation, sans hiérarchie.
L’affaire DSK justifie une couverture d’envergure. Les implications de l’arrestation du patron du FMI pour une affaire de mœurs sont nombreuses : sur le FMI et la crise mondiale, sur la politique intérieure française et l’élection présidentielle, sur les travers sexuels supposés des puissants, etc.
Sur l’échelle Richter du journalisme qui va, disons, de 1 à 10, l’affaire DSK, ça vaut environ 6.
La chute du mur de Berlin, c’est du 8, tout comme les attentats du 11 septembre 2001. La capitulation allemande après la Deuxième Guerre Mondiale, c’est du 9. La découverte du feu par les hommes des cavernes, c’est du 10.
Mais la libération de deux otages français, c’est tout au plus du 4 (du 4 pour la France, du 1 pour le reste du monde). Les deux hommes libérés hier bénéficient largement du fait qu’ils sont journalistes. Réflexe corporatiste. S’ils étaient plombiers, on en aurait beaucoup moins parlé. Niveau 2 pour la libération de deux plombiers.
L’affaire Georges Tron se place également au niveau 2, en étant très charitable, à la même hauteur que le prochain mariage de Monaco, sauf si Charlène se barre en courant en pleine cérémonie. Là, on passerait au niveau 3, à condition qu’elle balance sur un site Internet sud-africain les éventuelles turpitudes du prince Albert.
Seulement voilà, les médias audio-visuels mélangent tout et se jettent sans discernement sur le moindre événement comme la vérole sur le bas-clergé. Tout est traité sur le mode de l’exceptionnel.
Cela nous a valu et nous vaudra encore pendant plusieurs jours, une flopée d’éditions spéciales sur les ex-otages, tout aussi vaines que creuses.
D’autant que l’on ne nous dira jamais les choses importantes : le versement probable de la rançon et la très plausible libération discrète de prisonniers Talibans, en échange de l’élargissement des deux salariés de France 3.
Les médias audio-visuels se garderont bien aussi de s’interroger sur les circonstances exactes de la capture de ces deux hommes. Les plus hautes autorités de l’Etat avaient évoqué leur imprudence. On aimerait en savoir davantage. Mais on ne le saura pas car Hervé et Stéphane sont désormais protégés par leur statut d’icônes : grands professionnels courageux et tout le tralala.
Dans ses propos devant le personnel de France-Télévisions, Hervé Ghesquière a d’ailleurs répliqué aujourd’hui avec une surprenante agressivité à toutes les accusations d’imprudence exprimées l’année dernière par Claude Guéant (citant Nicolas Sarkozy) et par le général Georgelin, chef d’Etat Major des armées. Le journaliste de France 3 a fait cette sortie virulente alors que personne ne l’avait interpellé directement sur ce sujet. Une déclaration très ferme, destinée visiblement à clouer le bec à tous ceux qui tenteraient de lui poser la question à nouveau.
Dans ses propos devant le personnel de France-Télévisions, Hervé Ghesquière a d’ailleurs répliqué aujourd’hui avec une surprenante agressivité à toutes les accusations d’imprudence exprimées l’année dernière par Claude Guéant (citant Nicolas Sarkozy) et par le général Georgelin, chef d’Etat Major des armées. Le journaliste de France 3 a fait cette sortie virulente alors que personne ne l’avait interpellé directement sur ce sujet. Une déclaration très ferme, destinée visiblement à clouer le bec à tous ceux qui tenteraient de lui poser la question à nouveau.