Ah, Quevilly ! Au
moment où j'écris ces lignes, la finale de la coupe de France de
football se joue à Saint-Denis. Peu importe le résultat : Quevilly a
déjà gagné. Ce club amateur a conquis le cœur des Français qui
adorent les petits qui bravent les grands. Les mythes conjugués du
Petit Poucet face à l'ogre et de David face à Goliath ont la vie
dure.
La France, pourvue jadis
d'un empire, roule toujours des mécaniques. Elle continue à le
faire, contre l'évidence de son rétrécissement historique et
économique. La France, c'est 1% de la population mondiale réparti
sur 0,43% de la surface du globe. Un confetti, une principauté même
si on a la bombe atomique et toujours un siège, largement usurpé,
de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Une aventure sportive
comme celle de Quevilly, ça rassure les Français. On est petit mais
on existe. On est petit mais on est malin. Tous les Français se
reconnaissent en Astérix, le gaulois irréductible retranché dans
son village récalcitrant. Les Romains de la bande dessinée ont été
remplacés par la mondialisation. Les Français sont les plus forts.
Le protectionnisme et le rejet des étrangers vont sauver leur
identité nationale.
Alors, on célèbre ces
braves joueurs amateurs de Quevilly. La Normandie, ça sent bon les
verts pâturages. Ils sont modestes et méritants, plus sympas que
les professionnels trop payés de Lyon. On aime Quevilly parce que
cette équipe est à l'échelle de nos ambitions.
La France, c'est le
Quevilly du monde.