Résumé rapide d'un soirée parisienne.
Objectif : rendez-vous avec un vieil ami à Montparnasse. C'est comme une aventure, moi qui ne vais presque jamais rive gauche.
Je prends le métro. Scène inédite : un clodo monte à Châtelet. Il entonne "La Bohême" de Charles Aznavour. Moi, ça m'énerve d'ordinaire, les mendiants qui chantent.
Mais, là, il se passe un truc incroyable. Le type chante juste, il connaît les paroles par cœur sans oublier le moindre mot. Le miracle se produit. Les passagers du wagon reprennent avec lui, à l'unisson, le refrain. Même moi, je me prends au jeu. C'est un joli moment de communion.
Je vois ensuite mon ami à Montparnasse, dans un café célèbre. Longue discussion nécessaire pour une retrouvaille (environ 20 ans). Trop de vin blanc, probablement.
Ensuite, je rentre chez moi.
Je chope un taxi sur le Boulevard Montparnasse. Un conducteur ultra-sympa m'accueille. Un jeune type, franco-marocain, la trentaine. Comme je le fais souvent, j'engage la conversation sur le métier de taxi. Pas l'ombre d'une plainte.
Alors, on parle du Maroc que je connais assez bien. Il s'appelle Youssef. Il est heureux d'être né en France. Il est Français, Youssef. Il est intelligent, ouvert, il est bardé de diplômes, d'après ce qu'il me raconte. Il est cool, Youssef.
Aussitôt, j'oublie la mauvaise blague que j'ai lue aujourd'hui, dans un bouquin de citations de Pierre Desproges.
La (très mauvaise) blague est la suivante : "A Paris, il y deux sortes de chauffeurs de taxi : les racistes et les bougnoules."
Ce soir, j'ai été tellement heureux de ne pas tomber sur un chauffeur raciste. Je suis tombé sur Youssef. C'est un énorme progrès.