Examinons cette photo signée Charles Platiau de l’agence Associated Press qui illustre un article du quotidien «Le Monde», en page 10 de l’édition datée du samedi 22 octobre.
Il s’agit d’un article politique qui prend comme "accroche" (jargon journalistique) la visite effectuée le jeudi 20 octobre par le président Sarkozy en Mayenne. Accompagné de la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, le chef de l’Etat a notamment inauguré un centre de tri sélectif dans la commune de Changé. «Changé», la bien nommée pour Nicolas Sarkozy qui nous assurait justement, au début de son quinquennat, avoir «changé».
L’Elysée prépare minutieusement chaque déplacement présidentiel, en ne négligeant aucun détail. Un important service d’ordre éloigne les perturbateurs et des autocars entiers transportant des militants de l’UMP convergent pour fournir au président un accueil bienveillant.
Tout est orchestré mais il y a toujours des impondérables.
Regardez attentivement le panneau qui figure sur la photo juste en dessous du président de la République, flanqué à sa droite de Nathalie Kosciusko-Morizet. Voici l'agrandissement d'un détail de la photo :
C’est un hasard, évidemment. Personne n’a choisi de faire poser Nicolas Sarkozy devant l’inscription «Corps creux». Ce serait désobligeant. Mais je redoute qu’au retour à Paris les responsables de la logistique du déplacement en Mayenne ne se soient fait copieusement enguirlander par le pointilleux service de presse de l’Elysée. Comment ont-ils pu négliger de masquer cette inscription qui pouvait prêter à confusion ?
Pour les béotiens du tri sélectif, il est utile de préciser que les déchets estampillés «corps creux» sont les bouteilles plastiques, les flacons de produits ménagers, de shampooings ou de gels bain-douche, les briques alimentaires, les boîtes de conserve et de boissons ainsi que les barquettes en aluminium.
A l’inverse, les «corps plats» sont les prospectus publicitaires, les emballages en carton, les revues, les magazines et les journaux.
Le journal «Le Monde» qui publie cette photo est donc un «corps plat».
Ça sent la naphtaline commémorative. Vous le sentez, l’anniversaire qui monte ? Pas sûr qu’il aurait apprécié d’être ainsi déterré de son cimetière de Sète, pas le cimetière marin de Paul Valéry, mais l’autre cimetière, celui des pauvres, le cimetière du Py où il repose depuis 30 ans.
Tranquille et discret dans la mort comme il l’avait été de son vivant, Héraultais de naissance, c’est également dans l’Hérault que Georges Brassens a succombé, il y a trois décennies, à l’âge de 60 ans et quelques jours.
Je n’aime pas ces célébrations calendaires mais celle qui s’organise pour le guitariste moustachu a au moins le mérite de nous faire réentendre les chansons du père Georges. Plus exactement : tonton Georges. Patrick Poivre d’Arvor qui présentait (déjà !) le 20h sur Antenne 2 (comme on disait à l’époque) avait trouvé cette formule très juste en ouverture de son journal télévisé, le 30 octobre 1981, au lendemain de la disparition de Brassens : «On est là, tout bête, à 20 ans, à 40, à 60… On a perdu un oncle.»
Un oncle parfois égrillard, toujours anticlérical, un doux anar au regard de cocker triste. Il gratouillait des accords limpides et chantait l’amour et la mort, le beau temps et la pluie (les parapluies et les paratonnerres !), les joies simples, l'amitié et la liberté d’esprit en fustigeant les cuistres, les cons et les puissants.
L’indignation est à la mode en ce moment. L’indignation de Georges était constante mais retenue, marmonnée par une voix à la tessiture modeste.
Ces jours-ci, à la faveur de cet anniversaire, les jeunes qui ne l’ont pas connu vont peut-être découvrir les textes de Brassens. Ils sont tous une sacrée leçon de langue française. Brassens, autodidacte, avait absorbé comme une éponge toute la poésie française. Il a sorti Villon («Les dames du temps jadis») et du Bellay («Heureux qui comme Ulysse») des manuels scolaires en les propulsant sur scène et à la télévision.
Tiens, la télévision, parlons-on. La seule fois où j’ai aperçu de visu Georges Brassens, c’était sur un plateau des Buttes-Chaumont où j’avais rendez-vous avec le réalisateur Jean-Christophe Averty. J’explique pour les jeunes : Jean-Christophe Averty était un fou de la télé qui a trituré les images et bousculé les habitudes très sages des pionniers du petit écran. Averty a beaucoup inventé, bien avant les facilités techniques du numérique. Nous étions alors au moyen-âge, celui de l’analogique. Les Buttes-Chaumont, à Paris, dans le 19ème arrondissement, c’était là où se trouvaient les studios de production de la télévision publique. On y faisait les émissions de variétés et les «dramatiques», genre aujourd’hui disparu. Les studios des Buttes-Chaumont ont été rasés et remplacés par des logements. Averty m’avait reçu au cours d’une pause dans le tournage de son émission. Brassens se reposait au fond du plateau, sa guitare sur les genoux. Il était amaigri et épuisé. Il était déjà très malade et n’avait plus beaucoup d’années à vivre. C’est la seule fois où j’ai vu, de mes yeux vu, tonton Georges.
La télévision, avant qu’elle ne devienne une moulinette (mot cher à Averty), malaxant Secret Story et les fadaises de Jean-Luc Delarue et Mireille Dumas, ne négligeait pas la chanson française. Les «yéyés» y avaient certes une large place (ah, Albert Raisner !) mais les auteurs-compositeurs-interprètes n’étaient pas absents. «Le Palmarès des chansons», la très populaire émission hebdomadaire de Guy Lux et Anne-Marie Peysson, réalisée en direct et en public au théâtre 101 de la Maison de la Radio, accueillait régulièrement Brassens, Brel ou Ferré.
Photo de Jean-Pierre Leloir de l'unique rencontre du trio, le 6 janvier 1969, face au jeune journaliste de RTL et de Rock'n Folk, François-René Cristani
«Le Palmarès des chansons», c’était à 20 h 30, en «prime time», comme on dit aujourd’hui. Brassens apparaissait avec un demi-sourire, vêtu d’un polo informe, flanqué de son fidèle et placide contrebassiste, Pierre Nicolas. Et c’était drôlement bien. On se fichait pas mal des chiffres d’audience. L’audimat n’avait pas été inventé. J’aimerais que l’actuel pédégé de la télé publique, Rémy Pflimlin, ait la même considération pour son public au lieu de lui infliger une mauvaise soupe réchauffée. La télé publique actuelle est une infamie quotidienne. Il est vrai aussi que la France des années 60 regardait «Le Palmarès des chansons» car elle n’avait pas d’autre choix. Il n’y avait qu’une seule chaine de télé.
Au "Palmarès des chansons", Brassens chantait, bafouillait quelques mots au micro de Guy Lux et s’éclipsait, toujours avec l’air de s’excuser d’être venu.
J’écoute Brassens en écrivant ces lignes. Ce qui me séduit toujours chez lui, c’est son maniement virtuose des mots de notre langue, cette langue française si souvent maltraitée et appauvrie. Brassens a tout utilisé : l’argot, les mots rares et les expressions le plus proches de notre vie quotidienne. Brassens ne se détournait pas de l’imparfait du subjonctif, magnifique ornement de notre idiome en passe de devenir une langue morte. Brassens a réhabilité notre vocabulaire, notre lexique. Il est allé fouiller dans les entrailles de notre langage commun. Il en a extirpé des mots cochons, des mots étincelants et oubliés et, plus remarquable encore, des mots communs dont nous ne comprenions plus le sens.
Un soir, il y a longtemps, à New York, j’ai assisté à un récital Brassens donné par Maxime Le Forestier. Pendant de longues années, Le Forestier a effectué un travail remarquable sur le répertoire de Brassens. Le Forestier a réenregistré toutes les chansons du vieux Georges. Et il a fait une longue tournée d’hommage au vénérable tonton. Hommage affectueux, sans affectation. C’est en écoutant Brassens chanté par un autre que j’ai été définitivement convaincu que le bonhomme enterré à Sète nous avait légué une œuvre, au sens fort du terme.
Pour preuve, cette chanson qui est sans doute ma préférée : «Supplique pour être enterré sur la plage de Sète». Elle est magnifiquement écrite. Elle évoque avant tout la mort, thème récurrent chez Brassens (la fameuse «Camarde») mais avec ironie et détachement, comme toujours. On y retrouve aussi l’amour de sa région natale, la recherche des mots inusités (codicille, tabellion), les mots usuels (sandwich, pédalo), le libertinage (la sirène, l’ondine), le vin et le pastis (il ne buvait pas que l’eau), les copains (d’abord, évidemment), le mépris des honneurs (Le Panthéon) et, en prime, un petit coup de griffe contre la religion («j’en demande pardon par avance à Jésus»). Au passage, Brassens cite Paul Valéry et son «Cimetière marin»: « ses vers valent mieux que les miens ». Brassens a toujours respecté et aimé les poètes de tous les temps. Il affirmait (à tort) ne pas en être un. Toujours cette humilité.
Voici le texte de cette «supplique» et, en dessous, une vidéo où Brassens chante sa vie posthume qui commença il y trente ans.
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La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.
Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudra qu'il advînt de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord,
Que sur un seul point : la rupture.
Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,
Celles des titis, des grisettes.
Que vers le sol natal mon corps soit ramené,
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée,
Terminus en gare de Sète.
Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf,
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte,
Il risque de se faire tard et je ne peux,
Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu,
Place aux jeunes en quelque sorte.
Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus,
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux,
Une bonne petite niche.
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins,
Le long de cette grève où le sable est si fin,
Sur la plage de la corniche.
C'est une plage où même à ses moments furieux,
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux,
Où quand un bateau fait naufrage,
Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord !
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord,
Chacun sa bonbonne et courage".
Et c'est là que jadis à quinze ans révolus,
A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus,
Je connu la prime amourette.
Auprès d'une sirène, une femme-poisson,
Je reçu de l'amour la première leçon,
Avalai la première arête.
Déférence gardée envers Paul Valéry,
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne.
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens,
Petit conseil à François Hollande qui doit tant en recevoir : surtout ne pas refaire Mai 1981. L’Histoire bégaie, faute de pouvoir se répéter. Evitons ce bégaiement-là.
J’étais place de la Bastille, au soir du 10 Mai 1981. Pas difficile : j’habitais le quartier.J’étais aussi rue Soufflot, le 21 Mai de la même année, le jour de l’investiture de François Mitterrand qui alla déposer des roses au Panthéon sous l’œil des caméras de Serge Moati. La grandiloquence républicaine, le goût du cérémonial, l’attrait du tombeau : du Mitterrand tout craché. (voir ici des photos que j'ai prises à cette époque)
L’allégresse et la joie, aussi. On célébrait sottement la fin de «l’Ancien Régime», l’arrêt brutal du giscardisme, la droite balayée... Un parfum lointain de 1789, avec les mêmes illusions, les mêmes aveuglements. J’avais voté Mitterrand aux deux tours, en 1981. Je partageais la liesse. (lire ici un récit de mes souvenirs personnels du passage de Giscard à Mitterrand)
Et ensuite, dès les premières semaines, qu’avons-nous connu ? Une grande gabegie économique : les nationalisations, l’argent versé à fond perdu à des industries moribondes (comme la sidérurgie).
Nous avons aussi assisté à une chasse aux sorcières féroce dans les administrations et les médias. Ce fut la purge dans l’audio-visuel, public et privé : placardisation ou révocation des journalistes trop marqués à droite.
Les communistes étaient au gouvernement. Pierre Juquin, membre du bureau politique du PCF, en charge des médias et de «la propagande» (son titre officiel), a fait la tournée des rédactions des télés et des radios pour imposer au moins un journaliste communiste dans chaque station. Il est parvenu à ses fins partout, même à Europe 1, pourtant station privée, mais pas à RTL où le président de l’époque, Jacques Rigaud, lui a gentiment dit d’aller se faire voir au Kremlin.
C’était ça la gauche au pouvoir en 1981. Mitterrand lui-même a établi la liste des journalistes qu’il ne voulait plus voir ni entendre. La «mainmise» de Nicolas Sarkozy sur les médias, par comparaison, c’est une douce rigolade.
La gauche au pouvoir, dans les premières années du premier septennat de François Mitterrand, ce fut aussi une incurie totale de la gouvernance économique : pas moins de trois dévaluations de la monnaie nationale (le Franc) et, suprême humiliation, le contrôle des changes. Sans compter, par milliards, des dépenses sociales inconsidérées.
Tout n’est pas à jeter. Mitterrand a eu le courage d’appliquer, avec l’aide de Robert Badinter, une promesse majeure de sa campagne électorale : l’abolition de la peine de la peine de mort. L’opinion publique y était opposée, Mitterrand n’a pas flanché. Il a aussi dépénalisé l’homosexualité. Il a également scellé la réconciliation franco-allemande et admis, lui l’ex-Vichyste, la complicité de l’Etat français dans le génocide juif.
Mais pour le reste, quelle incohérence ! En 1983, le «tournant de la rigueur» s’est imposé. La France, gouvernée à gauche, avait enfin compris qu’elle ne pouvait pas indéfiniment s’abstraire des réalités économiques.
La gauche issue de Mai 1981, c’est aussi une série impressionnante de magouilles et de malversations, des écoutes téléphoniques à grande échelle et la poursuite sans vergogne de la proximité criminelle avec les pires dictateurs, surtout en Afrique. Le général de Gaulle et son acolyte Foccart avaient fait prospérer la «Françafrique». Giscard n’a pas dérogé. Mitterrand s’est inscrit dans la même lignée trouble., avec l’aide de son fils Jean-Christophe. Bongo et les autres pouvaient dormir tranquilles.
Mitterrand a tout raté par ailleurs en ce qui concerne l’immigration et l’intégration. Alors que cette question devenait cruciale, Mitterrand n’a pas agi. Au cours de l’été 1981, la première émeute de banlieue éclate dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, près de Lyon. Le ministre de l’Intérieur, Gaston Defferre, réprime par la force, à la manière d’Hortefeux ou de Guéant. François Mitterrand, tout juste arrivé à l’Elysée, ne bronche pas. Il ignore le phénomène et préfère promouvoir les gentils boys scouts de «SOS Racisme», conduits par le jeune Harlem Désir, aujourd’hui cacique du PS, intérimaire de Martine Aubry. Il était encore temps, il y a trente ans, de combattre la ghettoïsation, l’économie parallèle, le désespoir. Sur ce terrain qui était en principe le sien, la gauche des années 80 n’a rien fait, à part cajoler les porteurs de pancartes : «Touche pas à mon pote».
J’arrête ici la litanie. Je pourrais ajouter, dans ma charge contre Mitterrand, la complicité douteuse avec le collabo René Bousquet et la stratégie du secret, sur la maladie, sur Mazarine et la double vie privée du président.
J’ai voté Mitterrand en 1981 et j’ai récidivé en 1988. Avec le recul, je n’en suis pas fier. J’ai voté Sarkozy en 2007 et, ça aussi, je le regrette amèrement.
J’étais trop jeune pour voter Giscard en 1974. Il n’a donné le droit de vote aux Français de 18 ans qu’une fois arrivé au pouvoir. Il a aussi, avec Simone Veil, imposé le droit à l’avortement. Pas une mince affaire. Giscard n’a pas démérité, même si la fin de son septennat s’est enlisé dans les mensonges et le déni. Giscard, ce n’était pas si mal. On s’en rendra compte un jour.
François Hollande est en bonne position pour battre Nicolas Sarkozy en 2012. C’est ce que je souhaite. Mais j’espère que François Hollande ne va pas nous refaire le coup de «Mai 81». J’ai trop entendu cette référence hier soir dans la bouche de ses partisans. Notre petit pays (moins de 1% de la population mondiale) ne peut pas se permettre de renouveler de tels errements.
Il s’agit, pour le candidat socialiste, fort d’une légitimité acquise pendant le processus des primaires, d’imposer une politique rigoureuse, empreinte de justice et d’égalité. François Hollande a raison de mettre l’accent sur l’école. C’est le seul investissement qui vaille à long terme. On peut dépenser des milliards pour l’éducation, c’est nécessaire.
Il n’y a pas d'avenir radieux. Il y a des réalités, dures et impérieuses, à affronter. Des inégalités scandaleuses à corriger. De l’espoir à redonner. Des décisions difficiles à prendre. Une politique fiscale draconienne à instaurer.
François Hollande entend «réenchanter le rêve français», selon l’expression qu’il a utilisée hier soir. D’accord pour le réenchantement. Mais il n’est plus temps de rêver.
Oui, Audrey Pulvar se rebiffe. Elle n’a pas apprécié ce que j’ai écrit ici sur sa carrière et sur sa relation politico-journalistique avec Arnaud Montebourg. Elle est sans doute piquée au vif.
Voici ce qu’Audrey Pulvar m’écrit ce soir sur Twitter :
«qd vs aurez fait le 1/4 de ce que j'ai abattu comme taf -y compris de terrain- depuis 20 ans, on en reparlera.»
Je lui ai d’abord répondu : «on peut en reparler».
Puis, dans un deuxième message, je lui ai écrit ceci : «votre sûre arrogance est votre meilleur atout. Surtout, conservez-la. C'est votre marque de fabrique.»
Non sans humour, au bout d'une heure, elle m'a répondu ceci : "Totalement assumée. Mais je suis à bonne école en lisant vos tweets. Confraternellement. Audrey PULVAR."
Ainsi donc, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ne trouve rien d’anormal dans le comportement d’Audrey Pulvar, compagne du socialiste Arnaud Montebourg.
Audrey Pulvar est payée doublement par la redevance qui finance le service public de la radio-télévision en France.
Elle anime tous les matins la session d’information de 6h à 7h sur France-Inter (lire ici tout le bien que je pense de son immense talent) et elle intervient tous les samedis soirs dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2, autre chaine publique.
Audrey Pulvar, dimanche dernier, est apparue publiquement aux côtés d’Arnaud Montebourg qui célébrait son excellent score dans le premier tour de la primaire socialiste. Audrey Pulvar était enthousiaste, comme tous les militants qui acclamaient le député de Saône et Loire. On a bu du champagne, c’était la fête !
Le CSA estime néanmoins qu’Audrey Pulvar n’est pas une militante. Audrey Pulvar a été reçue, à sa demande, par le CSA. Michel Boyon, président de cette instance, a déclaré ensuite : «Mme Pulvar n'étant pas, à ma connaissance, membre d'un parti politique, son temps de parole ne sera pas décompté».
Immense lâcheté du CSA qui sent le vent tourner à gauche !
Audrey Pulvar continuera donc de travailler pour la matinale de France-Inter mais avec une contrainte majeure : elle n’abordera plus les sujets de politique intérieure.
Absurdité totale, hypocrisie absolue : faire une heure quotidienne de radio sur une antenne nationale en pleine campagne électorale sans parler de politique intérieure ! C’est complètement ridicule et cela, au passage, affaiblit gravement la crédibilité de France-Inter sur cette tranche horaire.
Audrey Pulvar continuera aussi d’intervenir dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2 le samedi soir. Cette émission ne dépend pas de la direction de l’information de la chaine publique. Elle est sous le contrôle de la direction des programmes. Mais c’est une émission qui invite des personnalités politiques, au moins jusqu’en janvier prochain, date à laquelle les politiques seront indésirables.
En attendant, ils continuent de défiler dans le studio de Laurent Ruquier et ils sont interrogés, entre autres, par Audrey Pulvar. Le mois dernier, c’est avec une rare virulence qu’elle a ainsi passé sur le gril Ségolène Royal, invitée de l’émission. A ce moment-là, Ségolène Royal était en concurrence avec Arnaud Montebourg, compagnon d’Audrey Pulvar. Le conflit d’intérêt est manifeste et scandaleux.
On peut en dire presqu’autant de Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande. Valérie Trierweiler est une journaliste de la chaine Direct 8, chaine privée (c’est important) et beaucoup plus confidentielle que France-Inter et France 2. Valérie Trieweiler est plus discrète et ne se montre pas en public dans les meetings avec le député de la Corrèze.
Mais le problème est comparable à celui soulevé par Audrey Pulvar, d’autant que Valérie Trieweiler participe régulièrement aux séances de travail avec les conseillers de son compagnon.
Ce type de collusion politico-journalistique n’est hélas pas nouveau.
Le sommet de l’indécence avait été atteint lorsque que Christine Ockrent était la numéro deux de l’Audiovisuel Extérieur (France 24, RFI, etc) alors que son époux, Bernard Kouchner, occupait le poste de ministre des Affaires Etrangères. Situation inimaginable dans aucun autre pays dit «développé». Culot et outrecuidance.
Anne Sinclair, en devenant la compagne de Dominique Strauss-Kahn, avait eu l’élégance d’abandonner la présentation de l’émission dont elle était une immense vedette : 7/7 sur TF1.
Béatrice Schönberg avait quitté le 20h de France 2, dès lors qu’elle est devenue l’amie intime puis l’épouse de Jean-Louis Borloo. Béatrice Schönberg est maintenant cantonnée à la présentation d’émissions de société sur la même chaine.
On objectera peut-être qu’Etienne Mougeotte, directeur de la rédaction du Figaro, est clairement un soutien de Nicolas Sarkozy. Mais ils ne partagent pas des confidences sur l’oreiller. Et Etienne Mougeotte n’a jamais caché ses opinions. Il dirige un journal (entreprise privée) qui s’assume clairement à droite.
Etienne Mougeotte n’est pas payé par la redevance. Par ma redevance. C’est toute la différence.
Rue Beaurepaire, Paris 10ème arrondissement. L'artère centrale de la branchitude bobo dans l'Est parisien, entre le canal Saint-Martin et la place de la République.
Beau repaire pour une fusion culinaire inattendue. L'Extrême-Orient à la rencontre de la vieille Europe, match retour des expéditions lointaines de Marco Polo : poisson cru et parmesan, saké et Valpolicella.
Ce bistrot aurait pu servir de cadre à une "petite bouffe sympa" entre Hiro-Hito et Mussolini.
Il ne manque qu'un peu de choucroute bavaroise pour réunir les anciennes puissances de l'Axe...