Je croyais à tort que Marshall Mc Luhan aurait pu être dépassé par l’évolution de nos technologies. Mort il y a presque trente ans, le visionnaire canadien, génial sémiologue des média (sans 's' car c'est du latin), reste absolument pertinent.
Je me replonge un instant dans son ouvrage majeur : « Pour comprendre les média ».
Je possède un exemplaire de la première traduction française publiée en 1968 (le texte original a été publié en anglais au Canada en 1964). Je cite Mc Luhan, dans la dernière page de son livre lumineux et incroyablement prémonitoire :
« Nous pouvons maintenant, grâce à l’ordinateur, répondre à des besoins sociaux complexes avec la même sûreté architecturale que nous manifestions naguère dans l’érection d’habitations individuelles. L’unité de supputation est désormais la totalité de l’industrie, et la chose est également vraie de la société, de la politique et de l’éducation. Grâce aux moyens électriques de stocker et de transmettre l’information avec rapidité et avec précision, les grandes unités sont devenues aussi maniables que les petites. L’interdépendance globale est le fait d’où il faut partir. Etant indépendante du lieu ou du type des opérations de travail, l’énergie électrique crée des modèles de décentralisation et de diversification du travail à accomplir. »
Ce texte a été rédigé en 1964, il y a 45 ans, alors même que l’Internet en tant que tel n’existait pas encore. Et pourtant, c’est bien l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui que décrivait Mc Luhan.
La première connexion informatique à longue distance (très déficiente) n’a été établie que l’année suivante, en 1965, entre la Californie et le MIT dans le Massachusetts, aux Etats-Unis.
Je relis aussi ce que Marshall Mc Luhan avait écrit, il y a presque un demi-siècle, sur la télévision et la radio. Tout reste d’une parfaite justesse.
Et c’est Marshall Mc Luhan lui-même qui me fournit, post-mortem, cette citation en forme de conclusion soumise à votre réflexion :
"Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. Les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique."
"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')
vendredi 30 janvier 2009
"Pour comprendre les média" (sans 's')
Libellés :
internet,
média,
médias,
radio,
télévision
mercredi 28 janvier 2009
Ségo, la balance.
« Si tu vas à Rio, n’oublie pas de monter là-haut !», chantait jadis Dario Moreno.
Ségolène Royale va au Brésil mais pas à Rio, elle va à Belem, à l’embouchure de l’Amazone, pour assister à partir de demain au « Forum social mondial», le cénacle annuel de l’altermondialisme recuit.
Ségolène contemplera donc à distance respectable la France une nouvelle fois engluée dans une grève aussi inutile que malfaisante.
Avant de prendre l’avion vers l’hémisphère sud où les températures sont tellement agréables en cette saison, la socialiste poitevine a lâché dans la mare hexagonale un petit pavé, en forme de livre intitulé « Femme debout » (publié chez Denoël).
---------------------------------------------------------
Voici un petit florilège des vacheries de notre Ségo :
Nicolas Sarkozy : "Quand il m'a reçue à l'Elysée, peu après la défaite, pour parler de l'Europe, je l'ai trouvé assez médiocre dans le comportement. Il n'y avait pas de hauteur, d'allure, d'élan, de fair-play. (...) Il était là, les bras ballants, à m'offrir des chocolats, à essayer de me faire parler de ma séparation d'avec François Hollande, à dauber sur des journalistes, à exhiber sa montre et à me dire qu'il était là mais qu'il aurait pu être ailleurs 'à faire du fric'. (...) Sa force vitale est impressionnante mais c'est vraiment un m'as-tu-vu. (...) Un petit gamin heureux d'être au milieu de ses nouveaux jouets, vous savez, le môme qui a gagné le pompon sur le manège. Avec sa petite étoile de shérif et son pistolet en plastique, son déguisement de cowboy. Il est monté sur le plus grand cheval et il a décroché le pompon."
"Martine Aubry me regarde toujours comme quand j'étais sa sous-ministre. Elle le pense vraiment. Il y a eu une primaire, une campagne présidentielle, un score plus qu'honorable et je suis sa sous-ministre. Elle ne me regardera jamais autrement."
"Lionel Jospin a été un très grand premier ministre, il est très bon sur beaucoup de dossiers mais devient irrationnel sur le parti. Il mute et perd toute sa grandeur."
"Je ne supporte pas les manipulateurs et les geignards... Le summum, c'est Jack Lang qui a instauré le harcèlement en stratégie de conquête. Dix, vingt, trente coups de fil, matin, midi et soir. On finit toujours par céder. Très efficace mais totalement insupportable."
Laurent Fabius : "brillant", "probablement l'un des plus cultivés. Et il reste là, enfermé, caché maladroitement derrière Martine pour le congrès, et on se demande bien ce qu'il peut encore espérer."
Quant aux "éléphants" socialistes, "la décomposition du PS, au fond, ils s'en moquent (...) Ils pensent que l'agonie sera tellement lente qu'ils ramasseront inévitablement la mise. (...)" "S'il y en a un de meilleur que moi, qu'il y aille, je ferai même sa campagne en 2012. Mais pardon, pour le moment, je ne vois pas."
---------------------------------------------------------
Il faut bien l’avouer : Ségolène, si elle n’existait pas, il faudrait d’urgence l’inventer !
Libellés :
altermondialiste,
Jack Lang,
Nicolas Sarkozy,
Ségolène Royal
lundi 26 janvier 2009
Fric-foot
Je lis dans « Le Monde » un article édifiant sur les salaires des joueurs de football.
Lorsqu’il avait 22 ans, Zidane jouait à Bordeaux. C’était la saison 1994-1995. Il gagnait 100.000 Francs par mois, l’équivalent de 15.000 €. Ce qui était à l’époque déjà très convenable.
Au même âge, le prodige actuel de Bordeaux, Yoann Gourcuff empoche chaque mois 175.000 € !
Même âge, même club et des qualités sportives voisines. Comment expliquer cette envolée des rémunérations ?
Dans le championnat français de Ligue 1, le salaire mensuel moyen des joueurs est aujourd’hui de 47.000 €.
A l’étranger, le Brésilien Kaka (actuellement au Milan AC) reçoit chaque mois 750.000 €. Un autre Brésilien, Ronaldinho (FC Barcelone) accumule presque autant : 710.000 €
On me rétorquera que les carrières sportives sont courtes, que le foot est un spectacle dont les vedettes, comme celle du cinéma, attirent le public.
J’entends ces arguments. Mais je me demande s’il est justifié de payer aussi cher un gamin comme Gourcuff, aussi gracieux et talentueux soit-il.
Il y a là quelque chose de vicié et d’indécent. Le modèle économique du foot (télé, contrats publicitaires, produits dérivés) est aussi discutable que celui de la finance.
Lorsqu’il avait 22 ans, Zidane jouait à Bordeaux. C’était la saison 1994-1995. Il gagnait 100.000 Francs par mois, l’équivalent de 15.000 €. Ce qui était à l’époque déjà très convenable.
Au même âge, le prodige actuel de Bordeaux, Yoann Gourcuff empoche chaque mois 175.000 € !
Même âge, même club et des qualités sportives voisines. Comment expliquer cette envolée des rémunérations ?
Dans le championnat français de Ligue 1, le salaire mensuel moyen des joueurs est aujourd’hui de 47.000 €.
A l’étranger, le Brésilien Kaka (actuellement au Milan AC) reçoit chaque mois 750.000 €. Un autre Brésilien, Ronaldinho (FC Barcelone) accumule presque autant : 710.000 €
On me rétorquera que les carrières sportives sont courtes, que le foot est un spectacle dont les vedettes, comme celle du cinéma, attirent le public.
J’entends ces arguments. Mais je me demande s’il est justifié de payer aussi cher un gamin comme Gourcuff, aussi gracieux et talentueux soit-il.
Il y a là quelque chose de vicié et d’indécent. Le modèle économique du foot (télé, contrats publicitaires, produits dérivés) est aussi discutable que celui de la finance.
jeudi 22 janvier 2009
Pur et dur.
Ça va de mieux en mieux. Ou de pire en pire ? Allez savoir !
Petit exemple, parmi beaucoup d’autres : la société Microsoft jadis florissante sous la houlette de Bill Gates, est elle aussi happée par la crise. Microsoft supprime 5000 emplois (5% de ses effectifs).
C’est du licenciement à l’américaine, pur et dur : vous êtes à la rue en un quart d’heure, avec un carton d’objets personnels sous le bras, devant l’immeuble de votre société. Et, au bout du compte, vous survivez avec une minuscule assurance-chômage pour une période très limitée.
Allez donc expliquer ça aux dangereux irresponsables super-planqués de la CGT et de Sud-Rail qui, en France, pleurnichent pour des broutilles et bousillent leur entreprise publique et emmerdent des millions de gens !
Quelque chose me dit que l’année 2009 ne va pas être vraiment joyeuse.
Yes, we can ! Can we, really ?
mercredi 21 janvier 2009
Narcy, c'est coton !
La palme du mauvais goût raciste revient à Jean-Claude Narcy, journaliste honoraire et intérimaire de TF1, que l’on ne ressort du formol que pour les enterrements et les cérémonies officielles.
Il a 70 ans. Il n’est plus salarié de la chaîne depuis 2003 mais intervient ponctuellement comme « consultant ». Ce sont donc son expertise, son tact et sa nuance que l’on sollicite et rétribue dans les grandes occasions.
Jean-Claude Narcy était hier le présentateur en chef de la retransmission de l’investiture de Barack Obama sur la première chaîne privée, fleuron de l’empire Bouygues. C’est sans doute l’attachement au béton qui explique la lourdeur de Narcy.
Juste avant le serment du nouveau président américain, Aretha Franklin est venu entonner un magnifique chant patriotique. Aretha Franklin, tout de même ! Rien à voir avec Mireille Mathieu dont un autre président (français) s’était satisfait à sa prise de fonction !
A la fin de cette interprétation de la diva de la « soul music », Jean-Claude Narcy de TF1 a cru bon de dire : « Vous avez vu comme elle a interprété ça ! On devait chanter comme ça dans les champs de coton.»
La pauvre Rama Yade, présente sur le plateau de TF1, semblait navrée.
Jean-Claude Narcy est Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national du Mérite, Officier du Mérite Agricole, Officier des Arts et des Lettres.
C’est le Mérite Agricole qui semble le mieux lui convenir. Le coton, c’est de l’agriculture. Il s’y connaît, Narcy ! Je m’en servirai pour me boucher les oreilles à sa prochaine apparition, s’il y en a une !
mardi 20 janvier 2009
Obama inspiré par Ségolène ?
Elle n’en rate pas une ! Ségolène Royal s’est propulsée à Washington pour assister à l’investiture de Barack Obama. Elle a décroché une invitation pour figurer parmi les 280.000 personnes pouvant contempler l’événement à distance assis sur une chaise.
A l’occasion de ce déplacement, la présidente du Poitou-Charentes a fait des déclarations surprenantes au journal « Le Monde ». Elle affirme, avec le culot dont elle est coutumière, qu’elle a "inspiré" la campagne électorale de Barack Obama.
"Oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés", déclare l'ancienne candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle, qui ne voit pas pourquoi elle "n'assumerait pas".
En 2007, Ségolène Royal est candidate tandis que Barack Obama n'est encore que prétendant à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine. Le sénateur de Chicago envoie une équipe à Paris étudier le site Désir d'avenir. "Chez nous ils ont enregistré les idées de 'gagnant-gagnant', de 'citoyen-expert'", explique Ségolène Royal au ‘Monde’.
Elle ajoute que l'équipe d'Obama a adapté son idée de "démocratie participative" à la mode américaine, en conservant son objectif de refonder la manière de faire de la politique.
Obama s’est peut-être « inspiré » de Ségolène Royal. Il a même dû perfectionner les méthodes de notre Ségo, car Obama a gagné l’élection américaine. Madame Royal a perdu la sienne. Mais ne le lui dites pas trop brutalement. Elle l’ignore encore.
A l’occasion de ce déplacement, la présidente du Poitou-Charentes a fait des déclarations surprenantes au journal « Le Monde ». Elle affirme, avec le culot dont elle est coutumière, qu’elle a "inspiré" la campagne électorale de Barack Obama.
"Oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés", déclare l'ancienne candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle, qui ne voit pas pourquoi elle "n'assumerait pas".
En 2007, Ségolène Royal est candidate tandis que Barack Obama n'est encore que prétendant à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine. Le sénateur de Chicago envoie une équipe à Paris étudier le site Désir d'avenir. "Chez nous ils ont enregistré les idées de 'gagnant-gagnant', de 'citoyen-expert'", explique Ségolène Royal au ‘Monde’.
Elle ajoute que l'équipe d'Obama a adapté son idée de "démocratie participative" à la mode américaine, en conservant son objectif de refonder la manière de faire de la politique.
Obama s’est peut-être « inspiré » de Ségolène Royal. Il a même dû perfectionner les méthodes de notre Ségo, car Obama a gagné l’élection américaine. Madame Royal a perdu la sienne. Mais ne le lui dites pas trop brutalement. Elle l’ignore encore.
lundi 19 janvier 2009
W blues.
Le pouvoir, le plus dur, ce n’est quand on l’exerce, c’est quand on le perd. En 1981, battu par Mitterrand, Giscard avait été terrassé par une profonde et réelle dépression nerveuse qu’il a cachée longuement en se réfugiant chez un ami au Canada. De Gaulle n’a pas survécu longtemps à sa démission forcée. Et pas davantage Mitterrand, très malade il est vrai dès sa prise de fonction.
Et George W. Bush ? Personne ne pense à lui. Tout se focalise sur Obama.
A l’heure où j’écris ces lignes, Bush passe ses dernières heures à la Maison Blanche. Il va y dormir une dernière nuit. Demain matin, il pourrait en théorie encore prendre quelques décisions, donner quelques ordres.
Il est, jusqu’à la dernière minute, le seul président en exercice des Etats-Unis d’Amérique. Si ça lui chante, au moment de son dernier petit déjeuner présidentiel, il peut envoyer un bombardier nucléaire sur Téhéran.
Mais plus vraisemblablement, George W. Bush s’habillera chaudement pour assister en extérieur à la mi-journée à la passation de pouvoir sur les marches du Congrès.
A midi pile (18 h en France), Barack Obama prêtera serment et deviendra le seul et unique patron.
George W. Bush ne sera plus qu’un ex-président. Il montera dans un hélicoptère jusqu’à la base militaire d’Andrews, près de Washington. Là, pour la dernière fois, l’attendra le Boeing « Air Force One » qui le conduira au Texas.
C’est le dernier voyage à bord de l’appareil présidentiel. Même Richard Nixon, fuyant l’infamie du Watergate, avait pu en profiter après avoir laissé les clés du pays à Gerald Ford.
Et pendant que l’Amérique en liesse fêtera la prise de fonction d’Obama, George W. Bush retrouvera son ranch de Crowford au Texas. C’est là qu’il passera la soirée. C’est là qu’il dormira blotti auprès de son épouse Laura.
Aura-t-il des cauchemars ? A quoi pensera-t-il en se réveillant mercredi matin ? Se dira-t-il que, finalement, huit ans, ça passe vite ?
Libellés :
Bush,
Maison Blanche,
Obama,
Texas
dimanche 18 janvier 2009
Ciao Gérard ! Hello, Barack !
Enfin une bonne nouvelle ! Depardieu annonce au ‘Journal du Dimanche’ qu’il a l’intention de quitter la France, sans soute pour l’Italie. Vas-y, Gérard, personne ne te retient. Le cabotin national exprime aussi dans le ‘JDD’ son dégoût pour le cinéma : « J’ai très peu de plaisir à voir des films, y compris les miens. » Là encore, nous approuvons. On peut encore éprouver du plaisir à voir des films (comme « Slumdog Millionaire » évoqué ici hier), mais ce sont des films où ne figurent pas Depardieu ni aucun membre du troupeau lourdaud des acteurs et actrices français (Jugnot, Balasko, Lanvin, Deneuve, Auteuil et j’en passe.)
Sur un autre sujet, je redoute une forte remontée de l’Obamania, à l’occasion de l’investiture du nouveau président américain. Les Français, aveuglés par une méconnaissance crasse entretenue par des médias complaisants, vont vite déchanter. Ils s’imaginent qu’Obama, c’est tout à la fois Besancenot, Che Guevara et Mère Thérésa. On va se rendre compte très vite qu’Obama, tout brillant et charismatique qu’il puisse être, n’est qu’un dirigeant centriste qui s’attachera avant tout à sauver son pays de la déroute en ne faisant aucun cadeau au reste du monde. Obama sera contraint de poursuivre longtemps les guerres commencées par Bush et, en dépit de ses vagues promesses, il ne fermera pas Guantanamo la semaine prochaine.
Sur un autre sujet, je redoute une forte remontée de l’Obamania, à l’occasion de l’investiture du nouveau président américain. Les Français, aveuglés par une méconnaissance crasse entretenue par des médias complaisants, vont vite déchanter. Ils s’imaginent qu’Obama, c’est tout à la fois Besancenot, Che Guevara et Mère Thérésa. On va se rendre compte très vite qu’Obama, tout brillant et charismatique qu’il puisse être, n’est qu’un dirigeant centriste qui s’attachera avant tout à sauver son pays de la déroute en ne faisant aucun cadeau au reste du monde. Obama sera contraint de poursuivre longtemps les guerres commencées par Bush et, en dépit de ses vagues promesses, il ne fermera pas Guantanamo la semaine prochaine.
Libellés :
Afghanistan,
cinéma français,
Depardieu,
Guantanamo,
Irak,
Obama
samedi 17 janvier 2009
Slumdog Millionaire
‘Télérama’ a détesté. C’est déjà bon signe.
En dépit de l’avis des grincheux patentés, j’affirme ici que « Slumdog Millionaire », le nouveau film de Danny Boyle, nous offre deux heures réjouissantes de très bon cinéma.
Je ne crie pas au chef-d’œuvre mais j’atteste qu’il s’agit de cinéma populaire, divertissant, émouvant, drôle, garanti sans Belmondo, Depardieu ni Dany Boon.
A leur place, de jeunes acteurs inconnus de nous, tous excellents, en commençant par Dev Patel qui incarne le héros de cette aventure haletante.
Nous sommes plongés dans la foule de Mumbai (ex-Bombay). Le personnage principal, Jamal Malik, 18 ans, est un orphelin qui a grandi dans un des nombreux bidonvilles de cette mégalopole de 18 millions d’habitants. Il occupe un emploi subalterne dans un centre d’appel téléphonique, une industrie florissante en Inde. Mais Jamal est désormais en pleine lumière : il crée la sensation en devenant le super champion de la version locale du jeu télévisé : « Qui veut gagner des millions ? »
Le déroulement du jeu à suspense sert de fil conducteur au film qui nous fait découvrir la vie mouvementée de Jamal Malik. Dans certains épisodes, on pense à Dickens. Jamal est amoureux et cet amour le sauvera car, évidemment, tout se termine très bien. C’est un « feel good movie », comme disent les anglo-saxons : un film qui fait du bien.
Et c’est aussi un film qui vous remue : montage ultra-rapide, images chocs, musique percutante. Au passage, on voit l’Inde d’aujourd’hui, tiraillée par ses contradictions : pauvreté, modernité, corruption, gangstérisme, conflits religieux et aussi joie de vivre.
Danny Boyle, le réalisateur anglais, a tourné sur place, dans le chaos quotidien de Mumbai. C’est ce qui fait la force authentique du film.
Danny Boyle m’avait déjà réjoui avec « Petits meurtres entre amis », « Trainspotting » et « 28 jours plus tard ». Avec « Slumdog Millionaire », il m’enchante. Tant pis pour les pisse-froid de ‘Télérama’.
mercredi 14 janvier 2009
Livre, mon ami.
Ça fait plaisir de recevoir un livre en cadeau, transmis par un proche qui souhaite vous faire partager son plaisir. C’est facile, surtout si le plaisir se révèle mutuel.
C’est beaucoup plus compliqué quand c’est l’auteur lui-même qui vous le fait parvenir.
C’est infiniment plus périlleux quand vous connaissez personnellement le plumitif, qu’il soit ami, familier ou simple connaissance.
L’ouvrage est alors souvent accompagné d’une dédicace personnalisée. Cette délicate attention se veut obligeante.
Et elle l’est, car elle vous oblige à ouvrir l’ouvrage avec précaution. Vous devrez ensuite, sans trop tarder (cela semblerait inconvenant et désinvolte) vous manifester pour confirmer que vous avez effectivement lu le volume en question.
Vous vous tortillerez pour forger un commentaire à destination du littérateur. Vous chercherez à être sincère, original et pertinent, même si le bouquin vous est tombé des mains. Il faut vraiment être très intime pour oser dire : « ton machin, quelle purge ! »
Tel est mon tourment : j’ai devant moi trois livres qui m’ont été envoyés cette semaine par leur auteur respectif. Je les connais tous les trois personnellement, à des titres divers.
Je vais les lire. Pour le reste, j’aviserai.
C’est beaucoup plus compliqué quand c’est l’auteur lui-même qui vous le fait parvenir.
C’est infiniment plus périlleux quand vous connaissez personnellement le plumitif, qu’il soit ami, familier ou simple connaissance.
L’ouvrage est alors souvent accompagné d’une dédicace personnalisée. Cette délicate attention se veut obligeante.
Et elle l’est, car elle vous oblige à ouvrir l’ouvrage avec précaution. Vous devrez ensuite, sans trop tarder (cela semblerait inconvenant et désinvolte) vous manifester pour confirmer que vous avez effectivement lu le volume en question.
Vous vous tortillerez pour forger un commentaire à destination du littérateur. Vous chercherez à être sincère, original et pertinent, même si le bouquin vous est tombé des mains. Il faut vraiment être très intime pour oser dire : « ton machin, quelle purge ! »
Tel est mon tourment : j’ai devant moi trois livres qui m’ont été envoyés cette semaine par leur auteur respectif. Je les connais tous les trois personnellement, à des titres divers.
Je vais les lire. Pour le reste, j’aviserai.
mardi 13 janvier 2009
En vrac, mardi.
RMI. Dans le métro, deux copines branchées échangent leurs « bons plans » pour les festivités nocturnes des prochaines semaines. Elles rivalisent de propositions : concerts « sympas » dans des clubs chaleureux et rencontres « cool » dans des lieux méconnus avec des artistes percutants et décalés. L’une des deux noctambules, avant de s’éclipser, s’exclame : « Tiens, demain faut que j’aille refaire mes papiers pour le RMI ». Bonnes soirées, mesdames.
Poisson rouge. Dans la rue, un type crie à son interlocuteur relié par téléphone portable : « Mais vraiment, tu crois que j’ai une cervelle de poisson rouge ? » Branchies, branchés ? On ne sait plus.
Musées. Le président Sarkozy fait un cadeau à la jeunesse : entrée gratuite pour les moins de 25 ans dans les musées nationaux et les monuments publics. Que n’y avait-on pensé plus tôt ? Rien ne vaut « La Joconde » pour calmer la colère lycéenne. Une idée de génie par jour. Comment fait-il ?
Et après ? Déclaration définitive captée dans un bistrot à une table voisine : un petit groupe de jeunes professionnels des boîtes de nuit s’interroge sur la conjoncture du business « night-club ». L’un d’eux, péremptoire, annonce : « A Paris, il n’y a plus d’after ! ».
Plus d’« after » à Paris ? Il n’y a plus d’« après » ? Comme à Saint-Germain-des-Près ?
Il n'y a plus d'après
A Saint-Germain-des-Prés
Plus d'après-demain
Plus d'après-midi
Il n'y a qu'aujourd'hui
Quand je te reverrai
A Saint-Germain-des-Prés
Ce n'sera plus toi
Ce n'sera plus moi
Il n'y a plus d'autrefois.
Poisson rouge. Dans la rue, un type crie à son interlocuteur relié par téléphone portable : « Mais vraiment, tu crois que j’ai une cervelle de poisson rouge ? » Branchies, branchés ? On ne sait plus.
Musées. Le président Sarkozy fait un cadeau à la jeunesse : entrée gratuite pour les moins de 25 ans dans les musées nationaux et les monuments publics. Que n’y avait-on pensé plus tôt ? Rien ne vaut « La Joconde » pour calmer la colère lycéenne. Une idée de génie par jour. Comment fait-il ?
Et après ? Déclaration définitive captée dans un bistrot à une table voisine : un petit groupe de jeunes professionnels des boîtes de nuit s’interroge sur la conjoncture du business « night-club ». L’un d’eux, péremptoire, annonce : « A Paris, il n’y a plus d’after ! ».
Plus d’« after » à Paris ? Il n’y a plus d’« après » ? Comme à Saint-Germain-des-Près ?
Il n'y a plus d'après
A Saint-Germain-des-Prés
Plus d'après-demain
Plus d'après-midi
Il n'y a qu'aujourd'hui
Quand je te reverrai
A Saint-Germain-des-Prés
Ce n'sera plus toi
Ce n'sera plus moi
Il n'y a plus d'autrefois.
lundi 12 janvier 2009
De l'influence de Gaza sur mon scooter.
Ma vie personnelle a été touchée par la situation à Gaza. Rien de grave, je vous rassure, car en ce qui me concerne, seul mon vieux scooter a été la victime collatérale de l’offensive israélienne sur le territoire palestinien.
Samedi, une manifestation pro-palestinienne envahissait mon voisinage, celui de la Place de la République à Paris. Heure du rassemblement : 15 heures. Dès l’aube samedi, la police était sur les dents. J’ai désormais une certaine habitude des manifestations à cet endroit. J’ai des points de comparaison et je n’avais jamais été témoin d’une telle nervosité des forces de l’ordre.
Pendant que je dormais encore, mon vieux scooter, paisiblement stationné sur un emplacement autorisé devant mon domicile, a été brutalement embarqué par la maréchaussée. C’est ce que j’ai découvert vers 9 heures, en descendant sur la place et en observant que mon quartier était en état de siège, ambiance « peur sur la ville ». Je me suis enquis auprès d’un gradé de la destination possible de mon deux-roues déglingué. Je n’ai pu soutirer qu’une réponse évasive, légèrement énervée.
De guerre lasse (si j'ose dire dans le contexte du Proche-Orient), j’ai appelé le commissariat de mon arrondissement. Accueil aimable : oui, mon scooter était bien enchaîné chez eux. Je pouvais venir le chercher à ma guise et le sortir de sa garde-à-vue, à condition de produire les papiers adéquats.
J’ai laissé passer la journée de dimanche. Je suis allé au commissariat aujourd’hui. Mon scooter entravé m’attendait. Les jeunes policiers qui m’ont accueilli ont été efficaces et très cordiaux. J’ai récupéré ma machine essoufflée sans encombres (et sans payer). Petit problème : mon antivol avait été bousillé par les pandores lorsqu’ils avaient déplacé le véhicule sans m’avertir. J’ai décidé de ne pas mégoter. Je suis parti sans demander mon reste, surpris, somme toute, par l’amabilité des fonctionnaires de police à qui j’ai eu affaire à l’occasion de cette minuscule péripétie.
Samedi, une manifestation pro-palestinienne envahissait mon voisinage, celui de la Place de la République à Paris. Heure du rassemblement : 15 heures. Dès l’aube samedi, la police était sur les dents. J’ai désormais une certaine habitude des manifestations à cet endroit. J’ai des points de comparaison et je n’avais jamais été témoin d’une telle nervosité des forces de l’ordre.
Pendant que je dormais encore, mon vieux scooter, paisiblement stationné sur un emplacement autorisé devant mon domicile, a été brutalement embarqué par la maréchaussée. C’est ce que j’ai découvert vers 9 heures, en descendant sur la place et en observant que mon quartier était en état de siège, ambiance « peur sur la ville ». Je me suis enquis auprès d’un gradé de la destination possible de mon deux-roues déglingué. Je n’ai pu soutirer qu’une réponse évasive, légèrement énervée.
De guerre lasse (si j'ose dire dans le contexte du Proche-Orient), j’ai appelé le commissariat de mon arrondissement. Accueil aimable : oui, mon scooter était bien enchaîné chez eux. Je pouvais venir le chercher à ma guise et le sortir de sa garde-à-vue, à condition de produire les papiers adéquats.
J’ai laissé passer la journée de dimanche. Je suis allé au commissariat aujourd’hui. Mon scooter entravé m’attendait. Les jeunes policiers qui m’ont accueilli ont été efficaces et très cordiaux. J’ai récupéré ma machine essoufflée sans encombres (et sans payer). Petit problème : mon antivol avait été bousillé par les pandores lorsqu’ils avaient déplacé le véhicule sans m’avertir. J’ai décidé de ne pas mégoter. Je suis parti sans demander mon reste, surpris, somme toute, par l’amabilité des fonctionnaires de police à qui j’ai eu affaire à l’occasion de cette minuscule péripétie.
vendredi 9 janvier 2009
Gagnant-gagnant
Quand c’est bien, il faut le dire. J’ai (nous avons tous) suffisamment de raisons de râler. Je m’incline avec respect devant celles ou ceux qui accomplissent leur tâche au mieux de leurs compétences.
Un seul exemple, cette semaine : mon ordinateur a fait une attaque nerveuse. Plus rien, il était comme mort. Avec une autre machine, je me mets à la recherche d’un SAMU informatique. J’en trouve un à quelques encablures de mon domicile.
J’y transporte le malade. Accueil rapide. Diagnostic pointu. Mon ordinateur malade est admis à la clinique. Le jeune infirmier numérique qui me reçoit est précis et compétent.
Il est aussi un peu compatissant. C’est important. Confier un ordinateur déficient à des mains étrangères, c’est comme laisser un enfant sur le seuil du bloc opératoire. Cela génère forcément un peu d’angoisse.
Le lendemain, je reçois un appel téléphonique. Le malade est guéri. Je viens le chercher. Le jeune homme qui m’avait accueilli la veille est toujours souriant, aimable et efficace. La facture est raisonnable. Tout fonctionne à nouveau de la plus belle manière.
Pas d’anarque, un service rendu en un temps record et la courtoisie en prime. Donnant-donnant, gagnant-gagnant, comme disait l’autre.
Un seul exemple, cette semaine : mon ordinateur a fait une attaque nerveuse. Plus rien, il était comme mort. Avec une autre machine, je me mets à la recherche d’un SAMU informatique. J’en trouve un à quelques encablures de mon domicile.
J’y transporte le malade. Accueil rapide. Diagnostic pointu. Mon ordinateur malade est admis à la clinique. Le jeune infirmier numérique qui me reçoit est précis et compétent.
Il est aussi un peu compatissant. C’est important. Confier un ordinateur déficient à des mains étrangères, c’est comme laisser un enfant sur le seuil du bloc opératoire. Cela génère forcément un peu d’angoisse.
Le lendemain, je reçois un appel téléphonique. Le malade est guéri. Je viens le chercher. Le jeune homme qui m’avait accueilli la veille est toujours souriant, aimable et efficace. La facture est raisonnable. Tout fonctionne à nouveau de la plus belle manière.
Pas d’anarque, un service rendu en un temps record et la courtoisie en prime. Donnant-donnant, gagnant-gagnant, comme disait l’autre.
jeudi 8 janvier 2009
Occupation
L’Occupation de la France par l’Allemagne nazie reste la période contemporaine qui me fascine et me dérange le plus. Je me demande toujours pourquoi ces quatre années (1940-1944) ont laissé une telle empreinte.
On y revient encore avec l’énorme livre (816 pages) que Grasset publie sous la plume de Dominique Fernandez (de l’Académie Française). L’ouvrage massif s’intitule « Ramon ». C’est le prénom du père de l’auteur. Ramon Fernandez fut un des intellectuels (de gauche) les plus prometteurs de l’entre-deux-guerres. Critique littéraire brillant, c’était un expert de Balzac et de Proust. La NRF de la grande époque fut son creuset.
Le Front Populaire arrive. La vie de Ramon bascule en 1937. Il est fasciné par Jacques Doriot, par « les trains qui arrivent à l’heure », par « l’ordre nouveau » qui s’installe en Europe. Ramon Fernandez adhère au PPF qui devient la principale force politique de la France occupée, le fer de lance de la Collaboration. Pendant quatre ans, Ramon Fernandez paradera dans Paris dans l’uniforme bleu clair du mouvement pronazi, brassard orné de la croix celtique et béret basque.
En octobre 1941, il va présenter ses hommages à Goebbels à Weimar, la ville de Goethe. Il est accompagné de six autres écrivains : Marcel Jouhandeau, Jacques Chardonne, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Abel Bonnard, André Fraigneau. Ces gens qui n’étaient pas des imbéciles sont revenus éblouis de leur excursion.
C’est ce qui me rend perplexe mais aussi, d’une certaine façon, indulgent : il est facile aujourd’hui de juger quand on connaît la fin de l’histoire. En 1941, quel Français y voyait clair dans ce capharnaüm ? La Résistance était minoritaire. On l’a dit : 10.000 résistants, 10.000 vrais collabos et, entre les deux, la France faisant le dos rond.
Pendant ces années troubles et incertaines, Ramon Fermandez, le père de Dominique, boira trop de verres de ‘Dubonnet’ sur les banquettes de la brasserie Lipp, au milieu des uniformes allemands. L’alcool et une embolie l’emporteront opportunément en août 1944, deux semaines avant la Libération de la capitale. Dans son très gros livre, Dominique Fernandez tente d’expliquer le parcours de son père, sans forcément le justifier.
Qu’aurais-je fait si j’avais eu 20 ans en 1940 ? Je me suis souvent posé cette question, à la fin des années 70, en côtoyant Lucien Combelle. Pierre Assouline a brossé de lui un portrait éclairant (« Le fleuve Combelle » -Calmann-Lévy-). Combelle avait 27 ans quand les Allemands sont entrés dans Paris. Il était journaliste. Il l’est resté en s’accommodant de la nouvelle ambiance vert-de-gris. Il a écrit dans « Je suis partout » et aussi dans « La Gerbe », tout comme Ramon Fernandez.
En 1944, Combelle ne fuit pas. Il se laisse arrêter. On le juge. On le condamne. Il purge une partie de sa peine d’infamie. On l’amnistie. Il reprend ses activités journalistiques sous divers pseudonymes. C’est à ce moment-là que je le croise, lui vieil homme, moi encore dans mes vingt ans. Son destin n’a jamais cessé de me hanter.
L’ombre encombrante de l’Occupation, c’est aussi celle qui a plané sur la vie de l’historien Jean-Pierre Azéma qui fut un de mes magnifiques professeurs jadis. Azéma a consacré presque toutes ses recherches, toute son existence, à cette courte période de 1940 à 1944 : Vichy, la Collaboration, la Résistance. Son père, Jean Azéma, fut un journaliste collaborationniste notoire.
Oui, ces quatre courtes années continuent de nous « occuper », littéralement.
J’écris ces lignes en apercevant par ma fenêtre, de l’autre côté de la place de la République à Paris, la façade de la caserne de la Garde Républicaine, la caserne Vérines qui porte le nom d’un officier français déporté et fusillé par les Allemands en octobre 1943.
Avant la guerre, ce bâtiment imposant s’appelait « la caserne du Prince Eugène ». Pendant l’Occupation allemande, le lieu fut investi par les SS. Ils furent parmi les derniers à être délogés en août 1944. La caserne s’appelait alors « Hermann Goering ». C’était l’été 1944. L’ascenseur de mon immeuble, juste en face de la caserne, a été installé en 1942. Il fonctionne toujours.
On y revient encore avec l’énorme livre (816 pages) que Grasset publie sous la plume de Dominique Fernandez (de l’Académie Française). L’ouvrage massif s’intitule « Ramon ». C’est le prénom du père de l’auteur. Ramon Fernandez fut un des intellectuels (de gauche) les plus prometteurs de l’entre-deux-guerres. Critique littéraire brillant, c’était un expert de Balzac et de Proust. La NRF de la grande époque fut son creuset.
Le Front Populaire arrive. La vie de Ramon bascule en 1937. Il est fasciné par Jacques Doriot, par « les trains qui arrivent à l’heure », par « l’ordre nouveau » qui s’installe en Europe. Ramon Fernandez adhère au PPF qui devient la principale force politique de la France occupée, le fer de lance de la Collaboration. Pendant quatre ans, Ramon Fernandez paradera dans Paris dans l’uniforme bleu clair du mouvement pronazi, brassard orné de la croix celtique et béret basque.
En octobre 1941, il va présenter ses hommages à Goebbels à Weimar, la ville de Goethe. Il est accompagné de six autres écrivains : Marcel Jouhandeau, Jacques Chardonne, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Abel Bonnard, André Fraigneau. Ces gens qui n’étaient pas des imbéciles sont revenus éblouis de leur excursion.
C’est ce qui me rend perplexe mais aussi, d’une certaine façon, indulgent : il est facile aujourd’hui de juger quand on connaît la fin de l’histoire. En 1941, quel Français y voyait clair dans ce capharnaüm ? La Résistance était minoritaire. On l’a dit : 10.000 résistants, 10.000 vrais collabos et, entre les deux, la France faisant le dos rond.
Pendant ces années troubles et incertaines, Ramon Fermandez, le père de Dominique, boira trop de verres de ‘Dubonnet’ sur les banquettes de la brasserie Lipp, au milieu des uniformes allemands. L’alcool et une embolie l’emporteront opportunément en août 1944, deux semaines avant la Libération de la capitale. Dans son très gros livre, Dominique Fernandez tente d’expliquer le parcours de son père, sans forcément le justifier.
Qu’aurais-je fait si j’avais eu 20 ans en 1940 ? Je me suis souvent posé cette question, à la fin des années 70, en côtoyant Lucien Combelle. Pierre Assouline a brossé de lui un portrait éclairant (« Le fleuve Combelle » -Calmann-Lévy-). Combelle avait 27 ans quand les Allemands sont entrés dans Paris. Il était journaliste. Il l’est resté en s’accommodant de la nouvelle ambiance vert-de-gris. Il a écrit dans « Je suis partout » et aussi dans « La Gerbe », tout comme Ramon Fernandez.
En 1944, Combelle ne fuit pas. Il se laisse arrêter. On le juge. On le condamne. Il purge une partie de sa peine d’infamie. On l’amnistie. Il reprend ses activités journalistiques sous divers pseudonymes. C’est à ce moment-là que je le croise, lui vieil homme, moi encore dans mes vingt ans. Son destin n’a jamais cessé de me hanter.
L’ombre encombrante de l’Occupation, c’est aussi celle qui a plané sur la vie de l’historien Jean-Pierre Azéma qui fut un de mes magnifiques professeurs jadis. Azéma a consacré presque toutes ses recherches, toute son existence, à cette courte période de 1940 à 1944 : Vichy, la Collaboration, la Résistance. Son père, Jean Azéma, fut un journaliste collaborationniste notoire.
Oui, ces quatre courtes années continuent de nous « occuper », littéralement.
J’écris ces lignes en apercevant par ma fenêtre, de l’autre côté de la place de la République à Paris, la façade de la caserne de la Garde Républicaine, la caserne Vérines qui porte le nom d’un officier français déporté et fusillé par les Allemands en octobre 1943.
Avant la guerre, ce bâtiment imposant s’appelait « la caserne du Prince Eugène ». Pendant l’Occupation allemande, le lieu fut investi par les SS. Ils furent parmi les derniers à être délogés en août 1944. La caserne s’appelait alors « Hermann Goering ». C’était l’été 1944. L’ascenseur de mon immeuble, juste en face de la caserne, a été installé en 1942. Il fonctionne toujours.
mercredi 7 janvier 2009
Ma redevance en action
Dans un bistrot de Paris, à une table derrière moi, une femme munie d’un micro de la radio « France-Culture » est en train d’interviewer des lycéens. Je comprends assez vite, en les entendant, qu’ils viennent du lycée Voltaire, dans le 11ème arrondissement tout proche. Cet établissement est un foyer d’agitation chronique de l’enseignement secondaire parisien.
Face au micro de la radio publique, ils sont quatre, tous des garçons, à débiter avec aisance la propagande pré-mâchée du groupuscule qu’ils proclament « syndicat lycéen ». Dans cette logorrhée adolescente, il est facile de repérer la copie conforme de l’argumentaire bétonné des syndicats d’enseignants : rejet de l’hydre « libérale », indignation face à la réduction des postes (en réalité infinitésimale), dramatisation de la prétendue destruction du service public de l’éducation par Xavier Darcos. On connaît ces sornettes. Les syndicats de profs nous les servent à toutes les sauces.
Les quatre lycéens, à la table derrière moi, ont été dressés pour réchauffer le même ragoût. Ils s’en délectent. La journaliste de « France-Culture » enregistre sans broncher avec son micro la parole lycéenne. Pas la moindre objection ne viendra d’elle, même quand les gamins surchauffés profèreront d’évidentes énormités.
L’enregistrement se termine. Tout le monde est content. La dame de « France-Culture » a de quoi faire avec ce qu’elle a capté dans sa boîte à sons. Les lycéens s’enhardissent : « Et à quelle heure ça passe ? » La journaliste de la radio publique les informe que c’est pour après-demain matin. « Ça ne passe qu’une seule fois ? Parce que moi, l’autre jour sur ‘France-Infos’ je suis passé en boucle toute la journée ! » Un autre ajoute, non sans fierté : « Moi, j’ai fait TF1 avant les vacances, c’était trop cool ! ».
Tout ce petit monde se sépare. La journaliste de « France-Culture » règle les consommations. Et le meilleur est pour la fin lorsque, rangeant son micro, la même journaliste de « France-Culture » salue les quatre lycéens en leur disant : « Bon combat ! »
Oui : « bon combat ! », c’est bien ce que j’ai entendu ! Une journaliste de la radio publique (que je paie avec ma redevance) prenant fait et cause pour le « combat » des lycéens. Et on viendra me dire que les médias audio-visuels sont à la botte du pouvoir sarkozyste !
Face au micro de la radio publique, ils sont quatre, tous des garçons, à débiter avec aisance la propagande pré-mâchée du groupuscule qu’ils proclament « syndicat lycéen ». Dans cette logorrhée adolescente, il est facile de repérer la copie conforme de l’argumentaire bétonné des syndicats d’enseignants : rejet de l’hydre « libérale », indignation face à la réduction des postes (en réalité infinitésimale), dramatisation de la prétendue destruction du service public de l’éducation par Xavier Darcos. On connaît ces sornettes. Les syndicats de profs nous les servent à toutes les sauces.
Les quatre lycéens, à la table derrière moi, ont été dressés pour réchauffer le même ragoût. Ils s’en délectent. La journaliste de « France-Culture » enregistre sans broncher avec son micro la parole lycéenne. Pas la moindre objection ne viendra d’elle, même quand les gamins surchauffés profèreront d’évidentes énormités.
L’enregistrement se termine. Tout le monde est content. La dame de « France-Culture » a de quoi faire avec ce qu’elle a capté dans sa boîte à sons. Les lycéens s’enhardissent : « Et à quelle heure ça passe ? » La journaliste de la radio publique les informe que c’est pour après-demain matin. « Ça ne passe qu’une seule fois ? Parce que moi, l’autre jour sur ‘France-Infos’ je suis passé en boucle toute la journée ! » Un autre ajoute, non sans fierté : « Moi, j’ai fait TF1 avant les vacances, c’était trop cool ! ».
Tout ce petit monde se sépare. La journaliste de « France-Culture » règle les consommations. Et le meilleur est pour la fin lorsque, rangeant son micro, la même journaliste de « France-Culture » salue les quatre lycéens en leur disant : « Bon combat ! »
Oui : « bon combat ! », c’est bien ce que j’ai entendu ! Une journaliste de la radio publique (que je paie avec ma redevance) prenant fait et cause pour le « combat » des lycéens. Et on viendra me dire que les médias audio-visuels sont à la botte du pouvoir sarkozyste !
dimanche 4 janvier 2009
De souche.
C’est une mine d’informations, le « Journal du Dimanche » ! J’y reviens avec la liste des personnalités préférées des Français. Palmarès édifiant, victoire éclatante de la diversité, du métissage et de l’intégration.
Les 1090 Français interrogés chez eux par l’IFOP entre le 11 et le 18 décembre 2008 plébiscitent en cinquième place le journaliste de télévision Patrick Poivre, connu sous le nom de Patrick Poivre d’Arvor, de racines bretonnes (selon ses dires), né en réalité à Reims à l’époque où la RTF (ancêtre de l’ORTF) n’existait pas encore.
Devant PPDA, on trouve quatre représentants de la France d’aujourd’hui : numéro un, Yannick Noah né à Sedan de père camerounais. A la deuxième place : Dany Boon, alias Daniel Hamidou, natif d’Armentières d’un père kabyle. Derrière lui, en troisième position, un autre kabyle : Zinedine Zidane, né à Marseille. Et pour compléter le quatuor de tête des Français les plus populaires : Gad Elmaleh, né à Casablanca, bénéficiant de la triple nationalité : française, canadienne et marocaine.
Est-ce à dire que les Français sont moins racistes lorsqu’ils répondent à l’IFOP que lorsqu’ils se plaignent de l’absence de joueurs « Français de souche » dans leur équipe de football ?
Les 1090 Français interrogés chez eux par l’IFOP entre le 11 et le 18 décembre 2008 plébiscitent en cinquième place le journaliste de télévision Patrick Poivre, connu sous le nom de Patrick Poivre d’Arvor, de racines bretonnes (selon ses dires), né en réalité à Reims à l’époque où la RTF (ancêtre de l’ORTF) n’existait pas encore.
Devant PPDA, on trouve quatre représentants de la France d’aujourd’hui : numéro un, Yannick Noah né à Sedan de père camerounais. A la deuxième place : Dany Boon, alias Daniel Hamidou, natif d’Armentières d’un père kabyle. Derrière lui, en troisième position, un autre kabyle : Zinedine Zidane, né à Marseille. Et pour compléter le quatuor de tête des Français les plus populaires : Gad Elmaleh, né à Casablanca, bénéficiant de la triple nationalité : française, canadienne et marocaine.
Est-ce à dire que les Français sont moins racistes lorsqu’ils répondent à l’IFOP que lorsqu’ils se plaignent de l’absence de joueurs « Français de souche » dans leur équipe de football ?
Le tutoiement de Christine Lagarde
Quand on lit la presse avec une certaine attention, on relève parfois des choses bizarres.
« Le Journal du Dimanche » consacre aujourd’hui un article aux rapports conflictuels que le président Sarkozy entretient avec ses ministres. On y apprend que Christine Lagarde a retrouvé les faveurs présidentielles après une traversée du désert.
La ministre de l’économie aurait « impressionné » le chef de l’Etat par ses réseaux à New York, selon la confidence faite au JDD par un conseiller du président français. Christine Lagarde, avant son entrée au gouvernement avait longuement travaillé au plus haut niveau dans un des plus grands cabinets d’avocats d’affaires aux Etats-Unis (Baker and McKenzie, à Chicago). Jusque là, rien à redire sur l’article du JDD.
Ce qui me fait sourire, c’est cette citation, prêtée à ce même conseiller de Nicolas Sarkozy : « Christine Lagarde connaît et tutoie le patron du Nasdaq et de Wall Street. » C’est en effet tout à fait extraordinaire !
D’abord, je me demande bien qui est le « patron de Wall Street ». S’agit-il du président du New York Stock Exchange ? Dans ce cas, il n’est pas le patron du Nasdaq. Passons.
Le plus étonnant, c’est que Christine Lagarde puisse tutoyer cet homme. J’imagine que cet Américain s’exprime en anglais et Christine Lagarde, parfaitement bilingue, peut lui répondre dans la même langue. Dans ce cas, je me demande bien comment ces deux personnes peuvent se « tutoyer», puisque le tutoiement n’existe pas en anglais.
Deux questions à propos de cette risible citation : qui est ce conseiller présidentiel qui profère de telles âneries ? Et pourquoi sont-elles reproduites entre guillemets dans un journal où personne ne s’est formalisé de leur totale incongruité ?
« Le Journal du Dimanche » consacre aujourd’hui un article aux rapports conflictuels que le président Sarkozy entretient avec ses ministres. On y apprend que Christine Lagarde a retrouvé les faveurs présidentielles après une traversée du désert.
La ministre de l’économie aurait « impressionné » le chef de l’Etat par ses réseaux à New York, selon la confidence faite au JDD par un conseiller du président français. Christine Lagarde, avant son entrée au gouvernement avait longuement travaillé au plus haut niveau dans un des plus grands cabinets d’avocats d’affaires aux Etats-Unis (Baker and McKenzie, à Chicago). Jusque là, rien à redire sur l’article du JDD.
Ce qui me fait sourire, c’est cette citation, prêtée à ce même conseiller de Nicolas Sarkozy : « Christine Lagarde connaît et tutoie le patron du Nasdaq et de Wall Street. » C’est en effet tout à fait extraordinaire !
D’abord, je me demande bien qui est le « patron de Wall Street ». S’agit-il du président du New York Stock Exchange ? Dans ce cas, il n’est pas le patron du Nasdaq. Passons.
Le plus étonnant, c’est que Christine Lagarde puisse tutoyer cet homme. J’imagine que cet Américain s’exprime en anglais et Christine Lagarde, parfaitement bilingue, peut lui répondre dans la même langue. Dans ce cas, je me demande bien comment ces deux personnes peuvent se « tutoyer», puisque le tutoiement n’existe pas en anglais.
Deux questions à propos de cette risible citation : qui est ce conseiller présidentiel qui profère de telles âneries ? Et pourquoi sont-elles reproduites entre guillemets dans un journal où personne ne s’est formalisé de leur totale incongruité ?
samedi 3 janvier 2009
I am back !
Or donc, dans les prémices de cette funeste année de crise claironnée, vous auriez donc droit à une nouvelle fournée des palimpsestes d’Anyhow ?
Tiens, le revoilà ! Où était-il passé depuis Octobre dernier ? Vous le pensiez englouti dans les remugles de la crise financière en raison de ses liens supposés ou notoires avec Bernard Madoff ? Que nenni !
Anyhow renaît de ses cendres. Phénix du cyberspace, il lustre ses plumes flétries pour affronter la réalité contemporaine avec ce pessimisme viscéral qui, avouez-le, vous a tant manqué depuis l’automne.
Que dire de temps écoulé depuis notre dernier rendez-vous ? Je résume : la capitalisme en capilotade, Obama élu, Rachida Dadi maman d’un père toujours (officiellement) inconnu.
Je m’arrête ici sur cet épisode fondamental de l’Histoire de notre Civilisation. Figurez-vous que le père de l’enfant de Rachida, moi, je le connais. Oui : je sais cela de source sûre ! Mais il est interdit de le révéler, sous peine d’encourir les foudres de la Loi Républicaine.
Patrick Rambaud, dans son très réjouissant et fort récent pamphlet en forme de pastiche (« Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier» - Grasset, 176 pages, 13,50 € -) a forgé cette formule savoureuse à propos de notre ministre de la Justice : « Elle gardait les Sceaux et les robes prêtées par M. Dior ». Cruel mais juste.
Oui, les voici donc face à nous, ces 365 jours du millésime 2009.
N’avait-il pas l’air sombre et de méchante humeur notre Président à la télé le 31 décembre pour nous présenter, à nous le bon peuple, ses vœux de mauvaise année ? Oui, de mauvaise année, car il ne nous a promis aucun avenir radieux, aucun lendemain qui chante.
Le Président s’exprimait debout, dans la bibliothèque de l’Elysée, entouré de livres anciens et joliment reliés. Sur un rayonnage, y trouvait-on un exemplaire de « La Princesse de Clèves », ouvrage honni par notre leader suprême ? N’a-il pas déclaré publiquement que la lecture de ce livre ancien et forcément obsolète était une perte de temps pour les fonctionnaires sélectionnés par les concours publics, lesquels finiraient inexorablement derrière un guichet anonyme ?
Pauvre Madame de La Fayette ! Avec cet élégant opuscule, que n’avait-elle commis sans le savoir à l’encontre du sarkozisme !
En attendant, cette année, je vous le dis sans ambages : on va déguster.
Je lis dans « Libé » aujourd’hui que des petits groupes d’activistes investissent parfois des supermarchés. C’est la nouvelle tendance. Après avoir parlementé avec le gérant (qui veut éviter les embrouilles), les activistes (j’aime bien ce mot qui ne veut rien dire) emportent sans payer des chariots entiers de victuailles. « Libé » appelle ça « l’autoréduction».
C’est donc ça 2009 : on se fait à soi-même les réductions sur les étiquettes. Ou alors, peut-être se réduit-on soi-même ! Allez savoir…
Les temps sont difficiles. Tiens, ça me rappelle la chanson de Léo Ferré.
Voici les paroles :
Si mon machin c'est du poulet,
La poule-au-pot doit bien se marrer.
Depuis que je touche des nouveaux francs,
Je mets des virgules aux ortolans.
Les temps sont difficiles!
Cet écrivain n'a pas de clients,
Il vit seul avec son talent.
Mais faut bouffer et faut ce qu'y faut,
Même si on bouffe au Figaro.
Les temps sont difficiles!
Ou Hallyday ou Dalida,
Y'a pas de raison qu'on en reste là.
Fous donc B.B. dans ta chanson,
Ça fera chanter tous les couillons.
Les temps sont difficiles!
Si d'Aznavour j'avais la voix,
Je pourrais me voir au cinéma.
Mais la petite vague m'a laissé là.
Moi, moi, moi qui me voyais déjà.
Les temps sont difficiles!
Ma femme veut jouer le président
Elle dit que c'est très plébiscitant
Pour lui montrer que je suis un homme
Je dois lui dire: - Par référendum!
Les temps sont difficiles!
Le matin c'est oui le soir c'est non
Elle me tient par conte des abstentions
Ni oui ni non ça fait???
Voila mon scrutin je garde mes scrupules
Les temps sont difficiles!
Quand on a pas les mêmes idées,
On se les refile, c'est régulier.
File moi ta part, mon petit Youssef,
Sinon je te branche sur le E.D.F.
Les temps sont difficiles!
Réponds, dis-moi où est ton pote,
Sinon tu va être chatouillé.
Dis-moi, réponds, lâche ta camelote:
Quand on questionne y a qu'à causer.
Les temps sont difficiles!
A Lyon la soie a débordé,
Le Rhône s'est foutu en jersey;
C'est comme l'amour quand ça se débine,
T'y fous de la soie y te rend du spleen.
Les temps sont difficiles!
Pour faire face à la vérité
J'ai poussé jusqu'à la télé
Où l'on m'a dit: "Vous demandez qui?
La vérité? C'est pas ici!"
Les temps sont difficiles!
Avant la guerre pour être putain,
Fallait une carte, un bout de terrain.
Des amis chez la mère Poulasse,
Un petit copain pour la paillasse.
Les temps étaient faciles!
Maintenant, c'est fini les conneries,
Faut faire son lit à France-Jeudi,
Tâter du Vadim à la une,
En attendant de montrer sa lune.
Les temps sont difficiles!
Van Gogh, las de peindre sa chaise,
S'était ouvert une portugaise.
Gauguin crevait à Tahiti,
Dans la mistoufle et dans l'ennui.
Les temps étaient bizarres!
Van Gogh maintenant vaut des millions,
Gauguin se vend mieux que du cochon.
Rien n'a changé on tourne en rond
Et dure dure ma chanson,
Le temps que je me marre...
Brave Léo. Indispensable Léo. Souvenir d’une brève rencontre : j’ai passé une soirée avec Léo, il y a très très longtemps. On appelle ça les hasards de la vie, Une conversation, un dîner. Il a été cruel avec moi. Cruel mais juste. J’avais 20 ans. Au milieu du dîner, Léo qui était face à moi, de l’autre côté de la table du restaurant, m’a dit : « Vous êtes triste, jeune homme. » Il avait raison, Léo. J’étais triste à 20 ans.
Léo est mort. Je conclus donc avec quelques vers d’Apollinaire que Ferré a également chantés :
___________________________________________
L'amour s'en va
comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passait Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
____________________________________________
Ainsi donc, Anyhow est revenu.
Mais pour combien de temps ?
Tiens, le revoilà ! Où était-il passé depuis Octobre dernier ? Vous le pensiez englouti dans les remugles de la crise financière en raison de ses liens supposés ou notoires avec Bernard Madoff ? Que nenni !
Anyhow renaît de ses cendres. Phénix du cyberspace, il lustre ses plumes flétries pour affronter la réalité contemporaine avec ce pessimisme viscéral qui, avouez-le, vous a tant manqué depuis l’automne.
Que dire de temps écoulé depuis notre dernier rendez-vous ? Je résume : la capitalisme en capilotade, Obama élu, Rachida Dadi maman d’un père toujours (officiellement) inconnu.
Je m’arrête ici sur cet épisode fondamental de l’Histoire de notre Civilisation. Figurez-vous que le père de l’enfant de Rachida, moi, je le connais. Oui : je sais cela de source sûre ! Mais il est interdit de le révéler, sous peine d’encourir les foudres de la Loi Républicaine.
Patrick Rambaud, dans son très réjouissant et fort récent pamphlet en forme de pastiche (« Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier» - Grasset, 176 pages, 13,50 € -) a forgé cette formule savoureuse à propos de notre ministre de la Justice : « Elle gardait les Sceaux et les robes prêtées par M. Dior ». Cruel mais juste.
Oui, les voici donc face à nous, ces 365 jours du millésime 2009.
N’avait-il pas l’air sombre et de méchante humeur notre Président à la télé le 31 décembre pour nous présenter, à nous le bon peuple, ses vœux de mauvaise année ? Oui, de mauvaise année, car il ne nous a promis aucun avenir radieux, aucun lendemain qui chante.
Le Président s’exprimait debout, dans la bibliothèque de l’Elysée, entouré de livres anciens et joliment reliés. Sur un rayonnage, y trouvait-on un exemplaire de « La Princesse de Clèves », ouvrage honni par notre leader suprême ? N’a-il pas déclaré publiquement que la lecture de ce livre ancien et forcément obsolète était une perte de temps pour les fonctionnaires sélectionnés par les concours publics, lesquels finiraient inexorablement derrière un guichet anonyme ?
Pauvre Madame de La Fayette ! Avec cet élégant opuscule, que n’avait-elle commis sans le savoir à l’encontre du sarkozisme !
En attendant, cette année, je vous le dis sans ambages : on va déguster.
Je lis dans « Libé » aujourd’hui que des petits groupes d’activistes investissent parfois des supermarchés. C’est la nouvelle tendance. Après avoir parlementé avec le gérant (qui veut éviter les embrouilles), les activistes (j’aime bien ce mot qui ne veut rien dire) emportent sans payer des chariots entiers de victuailles. « Libé » appelle ça « l’autoréduction».
C’est donc ça 2009 : on se fait à soi-même les réductions sur les étiquettes. Ou alors, peut-être se réduit-on soi-même ! Allez savoir…
Les temps sont difficiles. Tiens, ça me rappelle la chanson de Léo Ferré.
Voici les paroles :
Si mon machin c'est du poulet,
La poule-au-pot doit bien se marrer.
Depuis que je touche des nouveaux francs,
Je mets des virgules aux ortolans.
Les temps sont difficiles!
Cet écrivain n'a pas de clients,
Il vit seul avec son talent.
Mais faut bouffer et faut ce qu'y faut,
Même si on bouffe au Figaro.
Les temps sont difficiles!
Ou Hallyday ou Dalida,
Y'a pas de raison qu'on en reste là.
Fous donc B.B. dans ta chanson,
Ça fera chanter tous les couillons.
Les temps sont difficiles!
Si d'Aznavour j'avais la voix,
Je pourrais me voir au cinéma.
Mais la petite vague m'a laissé là.
Moi, moi, moi qui me voyais déjà.
Les temps sont difficiles!
Ma femme veut jouer le président
Elle dit que c'est très plébiscitant
Pour lui montrer que je suis un homme
Je dois lui dire: - Par référendum!
Les temps sont difficiles!
Le matin c'est oui le soir c'est non
Elle me tient par conte des abstentions
Ni oui ni non ça fait???
Voila mon scrutin je garde mes scrupules
Les temps sont difficiles!
Quand on a pas les mêmes idées,
On se les refile, c'est régulier.
File moi ta part, mon petit Youssef,
Sinon je te branche sur le E.D.F.
Les temps sont difficiles!
Réponds, dis-moi où est ton pote,
Sinon tu va être chatouillé.
Dis-moi, réponds, lâche ta camelote:
Quand on questionne y a qu'à causer.
Les temps sont difficiles!
A Lyon la soie a débordé,
Le Rhône s'est foutu en jersey;
C'est comme l'amour quand ça se débine,
T'y fous de la soie y te rend du spleen.
Les temps sont difficiles!
Pour faire face à la vérité
J'ai poussé jusqu'à la télé
Où l'on m'a dit: "Vous demandez qui?
La vérité? C'est pas ici!"
Les temps sont difficiles!
Avant la guerre pour être putain,
Fallait une carte, un bout de terrain.
Des amis chez la mère Poulasse,
Un petit copain pour la paillasse.
Les temps étaient faciles!
Maintenant, c'est fini les conneries,
Faut faire son lit à France-Jeudi,
Tâter du Vadim à la une,
En attendant de montrer sa lune.
Les temps sont difficiles!
Van Gogh, las de peindre sa chaise,
S'était ouvert une portugaise.
Gauguin crevait à Tahiti,
Dans la mistoufle et dans l'ennui.
Les temps étaient bizarres!
Van Gogh maintenant vaut des millions,
Gauguin se vend mieux que du cochon.
Rien n'a changé on tourne en rond
Et dure dure ma chanson,
Le temps que je me marre...
Brave Léo. Indispensable Léo. Souvenir d’une brève rencontre : j’ai passé une soirée avec Léo, il y a très très longtemps. On appelle ça les hasards de la vie, Une conversation, un dîner. Il a été cruel avec moi. Cruel mais juste. J’avais 20 ans. Au milieu du dîner, Léo qui était face à moi, de l’autre côté de la table du restaurant, m’a dit : « Vous êtes triste, jeune homme. » Il avait raison, Léo. J’étais triste à 20 ans.
Léo est mort. Je conclus donc avec quelques vers d’Apollinaire que Ferré a également chantés :
___________________________________________
L'amour s'en va
comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passait Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
____________________________________________
Ainsi donc, Anyhow est revenu.
Mais pour combien de temps ?
Inscription à :
Articles (Atom)